Y’en a marre de la dette de l’état
Posté par ippolito le 15 janvier 2012
1 380 milliards d’euros. C’est le nouveau record que devrait atteindre la dette de l’État français à la fin de 2012. Par rapport à l’année dernière, celle-ci devrait encore augmenter de 6,3 % ! Résultat, pour la première fois de l’histoire, la charge de la dette (sans compter celle de la Sécu ou des collectivités locales) pèsera plus lourd que l’enseignement scolaire, premier poste de dépense budgétaire : l’État devrait y consacrer 48,7 milliards, contre seulement 45,5 milliards d’euros pour l’éducation des jeunes, selon le projet de loi de finances du gouvernement.
Mais la facture pourrait bien déraper encore davantage. Car, pour financer son déficit budgétaire (près de 82 milliards prévus) et rembourser les obligations arrivant à échéance, l’État va encore devoir placer 178 milliards d’euros sur les marchés en 2012 (contre 184 milliards cette année). Il n’est pas le seul : la Caisse d’amortissement de la dette sociale, chargée d’apurer la dette de la Sécu (8,5 % de la dette publique totale, soit 143 milliards en 2011), va, de son côté, être obligée d’émettre 40 milliards d’euros sur les marchés.
Bonnes conditions en 2011
Et cela pourrait bien coûter plus cher que prévu. En 2011, l’État français a bénéficié de taux d’intérêt intéressants : elle a pu emprunter à un taux moyen de 2,79 % à moyen et long terme. C’est beaucoup mieux que la moyenne de 4,15 % observée avant l’éclatement de la crise financière, de 1998 à 2007, fait valoir l’Agence France Trésor, qui gère la dette. Il n’y a guère qu’en 2010, où la dette française faisait figure de valeur refuge dans la tourmente, que le taux avait été plus bas (2,58 %). De son côté, la Cades : la caisse a réussi à placer l’année dernière la somme record de 65 milliards à un taux moyen bas de 2,9 %.
Cette année, tout dépendra de l’issue de la crise de confiance qui frappe la zone euro et de l’évolution de la note souveraine du pays. La France, qui fait encore partie du club assez fermé des pays notés AAA, pourrait bien perdre son fameux sésame avec l’effondrement de la croissance.
Début décembre, l’agence de notation Standard & Poor’s a, en effet, menacé pas moins de 15 États de la zone euro (y compris les AAA) de dégrader leur note. Avec un traitement de faveur pour l’Hexagone : il pourrait voir son appréciation se dégrader de deux crans !
Moody’s avait, de son côté, annoncé dès la mi-octobre qu’elle se donnait trois mois pour réviser sa position sur la note de Paris. Mi-janvier, elle pourrait donc annoncer sa mise sous perspective négative, un préalable à une dégradation pure et simple. Un dernier scénario dont la Cades subirait aussi les conséquences, les agences de notation ayant fait savoir que sa note ne pouvait être supérieure à celle de l’État français.
Deux milliards de plus en 2012 ?
Au gouvernement, on essaie désormais de relativiser la portée d’une éventuelle dégradation. Avec comme argument que les marchés l’ont déjà intégrée. Les taux d’intérêt réclamés à la France pour se financer n’ont-ils pas déjà (légèrement) augmenté fin 2011 malgré le AAA ? Le fameux « spread », écart de taux avec l’économie de référence de la zone euro, l’Allemagne, a d’ailleurs commencé à se creuser dès la fin du mois de juin. Mais cet indicateur, suivi attentivement par l’Élysée, reflète aussi l’appétit particulièrement prononcé des investisseurs pour la dette allemande en période de tourmente.
Au final, même si personne n’est capable de dire combien une dégradation de sa note coûterait à la France dans un contexte de volatilité extrême des marchés, la commission des Finances du Sénat relève : « Un choc de 1 % sur l’ensemble des taux à compter de 2012 par rapport aux hypothèses actuellement retenues susciterait (…) une augmentation de la charge de la dette (…) de près de 2 milliards d’euros en 2012″ pour l’État. Mais si ce choc devait perdurer, celle-ci s’envolerait au fur et à mesure du renouvellement du stock de dette pour atteindre 8,6 milliards en 2016 et 14 milliards d’euros en 2021 ! Largement de quoi remettre en cause l’objectif de retour à l’équilibre des finances publiques envisagé en 2016 par Nicolas Sarkozy et en 2017 par François Hollande…
http://www.lepoint.fr/economie/2012-annee-risquee-pour-la-dette-francaise-11-01-2012-1417848_28.php
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