Y’en a marre des gaspillages
Posté par ippolito le 25 février 2012
Dans « L’Argent de l’Etat », le député socialiste de l’Aisne détaille de façon encyclopédique le train de vie de l’ exécutif. Si des progrès ont été réalisés en matière de transparence, certains caprices du président ont coûté cher.Challenges vous en livre deux extraits.
La veille s’est tenu le sommet visant à lancer l’Union pour la Méditerranée. De quoi s’agit-il? Désireux d’afficher son volontarisme, le président de la République française, dans un discours prononcé à Tanger en octobre 2007, avait invité tous les pays riverains de la Méditerranée à s’associer à un grand projet commun de développement de cette région. Le sommet se tient au Grand Palais, à proximité de l’Elysée, dans un périmètre facile d’accès et de protection. Mais ce vaste bâtiment, peu adapté pour ce type de réunions, va devoir être aménagé du sol au plafond.
Un an plus tard, en novembre 2009, un rapport de la Cour des comptes consacré à la présidence française de l’Union européenne lève le voile sur ce sommet qui restera, selon les termes du premier président de la Cour des comptes, Philippe Séguin à l’époque, « une forme de record, par son ampleur, le caractère irrégulier des procédures suivies et son impact massif sur les finances publiques ». Difficile d’être plus critique.
Il est vrai que l’addition est salée: 16,6 millions d’euros. Cette conférence internationale d’une durée de trois heures restera dans l’histoire comme la plus chère: 58 000 euros la minute! Comment en arrive-t-on là? Par impréparation et précipitation. En fait, la décision finale d’organiser cette conférence a été prise soudainement quelques jours plus tôt. [...]
En outre, il a fallu satisfaire les caprices du président de la République: installation d’une climatisation (dans un espace aussi volumineux que le Grand Palais, il fallait oser), dont le coût (653.703 euros) a été majoré par la pose d’un plancher surélevé destiné à cacher les conduites (301.208 euros) ; décoration de l’entrée (95.155 euros) et de la salle de conférences (16 monolithes et jardinières pour 194.977 euros) ; réalisation d’un fond de scène (136.895 euros), ainsi que de huit salles d’entretiens bilatéraux et d’un bureau pour le président de la République avec douches attenantes. Celle destinée au président, et qui n’a pas servi, était du dernier cri: siège rétractable, jets multifonctions, lecteur CD, radio FM. Pour la rendre utilisable, un ballon d’eau avait été installé, de même qu’un réceptacle pour les eaux usées. La douche présidentielle fera le tour du monde et des médias, qui ne manqueront pas d’ironiser. Un site américain affublera Nicolas Sarkozy d’un nouveau surnom: Million Dollar Man.
Tous ces aménagements ont été démontés les jours suivants: il n’est rien resté. Pas même un bout de moquette. « Aucun retour sur investissement », dira Philippe Séguin. [...]
Au fait, qu’est devenue l’Union pour la Méditerranée, lancée avec un tel fracas? Elle est vite tombée dans l’oubli, oubli renforcé par les troubles qui ont agité les pays arabes au printemps 2011 et la reprise des hostilités entre Palestiniens et Israéliens.
Une mission interministérielle et un conseil culturel siègent à l’Elysée, dans les locaux de l’hôtel Marigny. Ils gèrent les affaires courantes et organisent quelques rencontres internationales. Les frais de fonctionnement sont pris en charge par le budget du Premier ministre, qui y consacre, chaque année, près de 2,3 millions d’euros.
http://www.challenges.fr/economie/20120209.CHA1989/rene-dosiere-s-en-prend-a-nouveau-au-train-de-vie-de-l-elysee.html
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