Y’en a marre de la dette
Posté par ippolito le 27 avril 2012
Le terril de la dette publique
L’endettement public accumulé en France depuis près de quarante ans ressemble à s’y m’éprendre à l’entassement de déblais, trace d’un passé d’exploitation minière : le terril. Boisé, recouvert de neige, transformé en piste synthétique de ski ou vu d’avion, rien n’y fait, le terril demeure, l’empreinte du passé semble indélébile dans le paysage.
Si l’avenir des terrils est un souci, l’analogie avec l’endettement des pays occidentaux est évidente. Que faire de l’accumulation de notre dette publique plus que jamais présente ?
Le récent regain de confiance des marchés après la mise en place de l’abondant programme de refinancement des banques (LTRO) conjugué au sauvetage de la Grèce et aux engagements budgétaires des pays de l’Union européenne ne font malheureusement pas oublier ce sujet.
De même, lorsque le président du Conseil italien, Mario Monti, tente une “diversion” en expliquant, lors de sa tournée promotionnelle asiatique de la fin mars, que la France et l’Allemagne ont joué un rôle non négligeable dans la crise européenne de l’endettement, personne n’est dupe. Nul besoin de désigner des coupables, tous les États sont responsables !
Quant à l’augmentation du “pare-feu” anticrise destiné à endiguer tout nouveau dérapage dans la zone euro, les discussions sur le montant de sa dotation (entre 700 et 1 000 milliards d’euros, pour le moment…) ne font pas illusion. Il s’agit d’une opération de “dissuasion” pour prévenir d’une potentielle aggravation, mais en aucun cas d’une solution.
Les vingt-cinq pays de l’Union européenne qui se sont engagés en faveur du pacte budgétaire doivent donc impérativement ratifier à une majorité des deux tiers cette discipline budgétaire stricte et durable, car notre économie ne pourra éviter une seconde fois le “coup de grisou” tant redouté des mineurs.
Le cas de la France est éloquent : entre 1981 et2011, la dette publique a été multipliée par 15,6 en valeur, passant de 110à 1 717milliards d’euros, et son poids par rapport au PIB, qui représentait 22 %, atteint 85,8 %.
Dans l’histoire des pays industrialisés, seules la Seconde Guerre mondiale et ses conséquences immédiates avaient entraîné certaines nations (États-Unis, Grande-Bretagne et Japon) à de tels sommets de dette publique. Puis ce fut au tour de l’Allemagne de “déraper” après la réunification de 1990.
Deux décennies plus tard, la plupart des États européens se trouvent ainsi durablement hors jeu par rapport aux critères de Maastricht (déficit public annuel inférieur à 3 % et dette publique inférieure à 60 % du PIB).
Au moment où l’OCDE prétend que l’activité repart dans les pays “riches” du G7 (qui, depuis longtemps, ne sont plus les moteurs de la croissance mondiale), arrêtons de rêver : le terril de la dette poursuit sa progression. Seule une discipline de réduction des dépenses publiques peut être l’opération de la dernière chance pour que nos économies ne sombrent pas au fond de la mine.
Philippe de Saint Martin est directeur général de Cogefi.
http://www.valeursactuelles.com/votre-argent/bourse/terril-de-dette-publique20120403.html
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