Y’en a marre des impôts
Posté par ippolito le 4 mai 2012
La gauche aime-t-elle plus les impôts que la droite ?
Les quatre dernières décennies ont vu défiler des Premiers ministres de droite ayant fortement augmenté les impôts (Barre, Juppé, Fillon) et d’autres à gauche les ayant plutôt réduits (Jospin, Fabius). Le pragmatisme prime sur l’idéologie.
La campagne électorale qui s’achève a donné une place inédite au débat fiscal, chaque candidat accusant l’autre de vouloir « matraquer » les Français dès son arrivée à l’Elysée.
A défaut de prédire l’avenir, « Les Echos » se sont penchés sur une matière moins contestable, celle des quarante dernières années. De la gauche ou de la droite, qui a le plus augmenté les impôts ? Les allégements les plus massifs ont-ils été réalisés par des gouvernements libéraux ?
L’évolution des prélèvements obligatoires, telle qu’elle est présentée ci-dessus, permet de dégager quelques grandes tendances. Au-delà des fluctuations, elle montre à quel point l’impôt fait l’objet d’un consensus assez remarquable, quelles que soient les alternances politiques. Au final, la décision de baisser les impôts est avant tout question d’opportunité.
Certains gouvernements socialistes ont ainsi beaucoup réduit la pression fiscale (Fabius, Jospin), d’autres à droite l’ont beaucoup augmentée (Barre, Juppé, Fillon). Preuve que le réalisme l’emporte souvent sur l’idéologie, la plupart des Premiers ministres ont même violemment changé d’orientation au cours de leur mandat.
Alain Juppé et Lionel Jospin ont ainsi beaucoup accru l’effort des contribuables, avant de le réduire. Nicolas Sarkozy, lui, a fait le chemin inverse. La fiscalité a beau rester une prérogative purement nationale, elle évolue, le plus souvent, au gré des grands événements internationaux.
TVA ou impôt sur le revenu ?
Les quatre dernières décennies en donnent au moins trois exemples. Au cours des années 1970 (gouvernement Barre) et dans la première moitié des années 1980 (Mauroy), les impôts montent en flèche, passant de 34 % à 42 % du PIB.
Les deux chocs pétroliers forcent la droite à adopter la même politique qu’ailleurs en Europe, celle de la lutte contre l’inflation et le chômage. Pour redresser les comptes publics, le Premier ministre Raymond Barre se résigne à majorer l’impôt des plus hauts revenus et à augmenter les taxes sur les alcools et les carburants. Les impôts se stabilisent pendant les dix années suivantes (Fabius, Chirac et Rocard).
Mais l’adoption du traité de Maastricht, en 1993, force gauche et droite à renouer avec les hausses d’impôts (Bérégovoy, Balladur, Juppé et Jospin). Priorité est alors donnée de dégager des surplus fiscaux pour respecter le Pacte de stabilité. Cette période s’achève en 1999, autour d’un niveau de prélèvements record (44,9 %).
Les années 2000 sont beaucoup plus favorables au contribuable. Portée par la croissance, la gauche présente 120 milliards de francs de baisses d’impôts. Lionel Jospin réduit toutes les tranches de l’impôt sur le revenu, y compris la plus élevée (de 54 à 52,5 %). Jean-Pierre Raffarin et Dominique de Villepin accentuent le mouvement (diminution du taux marginal supérieur de 48 % à 40 %).
Au final, les prélèvements ne représentent plus que 42,5 % du PIB en 2010. Mais la crise financière opère un nouveau tournant. Pour respecter ses engagements européens, la France accroît ses impôts de près de 30 milliards.
La courbe des prélèvements obligatoires ne doit d’ailleurs pas tromper : elle varie sous le coup des réformes tout autant que de la conjoncture. La crise financière, par exemple, a fait chuter le taux de prélèvements obligatoires de 2009 bien plus efficacement que les baisses d’impôts accordées au cours des deux années précédentes.
S’il existe une différence entre les deux camps, c’est plutôt dans le choix des impôts qu’il importe d’augmenter : la TVA a clairement les faveurs de la droite, celle-ci estimant que l’impôt est toujours payé, in fine, par le consommateur.
Alain Juppé l’a ainsi relevé de 2 points en 1995. François Fillon prévoit de l’augmenter de 2 points supplémentaires le 1 er octobre prochain.
La gauche emprunte plutôt le chemin inverse. Elle l’a réduite de 1 point en 2000. Et si elle prend le pouvoir, dimanche, elle annulera la hausse de 2 points prévue cet automne. Hormis la période Jospin, la gauche privilégie plutôt l’impôt sur le revenu.
Seul impôt progressif en France, il permet de solliciter les ménages aisés davantage que les autres. Ce fut le cas sous Pierre Mauroy. Et ce sera le cas, dans une ampleur bien supérieure, en cas de victoire de François Hollande dimanche.
http://www.lesechos.fr/economie-politique/france/actu/0202010444479-la-gauche-aime-t-elle-plus-les-impots-que-la-droite-318922.php
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