Débat présidentiel : Oh ! Le menteur
Dans divers posts de ce blogs nous avons été amenés à faire état des « contre-vérités » présidentielles. J’avais évité soigneusement le mot mensonge par respect pour la fonction. L’utilisation multiple de ce mot par le Président sortant à l’endroit de son opposant m’autorise à traiter ce sujet sans faux-semblants.
L’utilisation de l’insulte à plusieurs reprises par Nicolas Sarkozy le discrédite à la fois comme candidat, et surtout, comme Président. La dignité de Francois Hollande lui fait honneur.
Que le mensonge et la manipulation fassent partie du quotidien sarkozyen n’est pas vraiment un scoop. En cinq ans, il n’aura pas appris les (bonnes) manières présidentielles. Il est psychologiquement compréhensible qu’un être humain qui utilise le mensonge le colle à son opposant. En tous cas, il parle en connaissance de cause.
Voyons donc les mensonges présidentiels de la soirée en matière économique.
Je n’ai jamais favorisé les riches est probablement le plus gros de tous ses mensonges. Que ce soit les Libyens, les invités du Bristol ou les Pakistanais, Monsieur Sarkozy roule dans la cour des riches.
Dès le début du quinquennat, une série de mesures fiscales, et singulièrement le bouclier fiscal, ont favorisé exclusivement les hauts revenus, dont les bénéficiaires ont en effet reçu des chèques de remboursement d’impôts.
Les justifications de la hausse de 600 milliards de la dette publique française. Avec un déficit annoncé par Monsieur Baroin de 90,5 milliards d’euros, l’endettement de la France risque d’atteindre 1 800 milliards d’euros.
De mi-2007 à mi-2012, le déficit de la France sera passé de 1 200 à 1 800 milliards d’euros. Disputer ce chiffre en utilisant un chiffre de la Cour des Comptes qui correspond à une autre période est incorrect. La dette publique passera de 65 % en 2007 à 89 % du PIB en 2012. C’est le chiffre du ministère des finances.
L’analyse des chiffres de l’INSEE démontre que la part des revenus fiscaux est restée stable par rapport au produit intérieur brut (aux alentours de 49 %) alors que les dépenses ont augmenté de 49 à 53 %. Il n’est donc pas exact de dire que la baisse des recettes due à la crise est à blâmer, c’est au contraire l’accroissement des dépenses.
Qui plus est, aucune cession importante d’actifs de l’Etat, et particulièrement aucune privatisation, n’ont permis de réduire l’endettement. L’emprise de l’Etat sur les entreprises françaises n’a fait que croître.
La France n’a jamais emprunté aussi peu cher qu’aujourd’hui. Nous empruntons à moins de 3 %. C’est faux, mais ce qui importe est que sous la Présidence de Monsieur Sarkozy, les obligations allemandes ont baissé de 4 à 1,75 % tandis que la France baissait de 4 à 3 %.
La dette française coûte près du double de la dette allemande, et l’impact de sa dette sur le déficit budgétaire est le double. La baisse de la note francaise explique cette situation.
La TVA sociale pèsera sur les importations. Par définition, la hausse de la TVA va peser sur le consommateur et donc sur le pouvoir d’achat. « Quand on augmente l’importation, ça veut dire que, désormais, ceux qui fabriqueront des ordinateurs, des écrans plats, des iPad à l’extérieur participeront au financement de notre projet social ». Là nous sommes en plein délire. La TVA ne distingue pas la consommation des produits importés des produits intérieurs.
La France n’a pas connu la récession. En 2008, son PIB a baissé de 2,3 % (ces chiffres sont de l’INSEE). Cette affirmation est donc fausse, de même que l’est la présentation de la France comme le seul pays d’Europe qui n’a pas connu la récession.
Devant une succession de crises d’une violence absolument inouïe, l’Europe s’en est sortie et c’est très heureux pour nous et c’est très heureux pour les Européens. Il est difficile d’imaginer que le Président de la République puisse sérieusement penser que l’Europe s’en est sortie alors que les difficultés de l’Italie et de l’Espagne pèsent sur l’ensemble de l’Europe et menacent la France par contagion.
Oh ! Le menteur.
http://finance.blog.lemonde.fr/2012/05/02/debat-presidentiel-oh-le-menteur/