Y’en a marre des trader
Posté par ippolito le 4 juillet 2012
Pari perdant pour JP Morgan
La banque d’investissement, pourtant experte en maîtrise des risques, s’est fait piéger par “la Baleine de Londres”.
Les banques américaines l’avaient juré haut et fort : il n’y aurait plus de scandales financiers. Une réglementation proposée par Paul Volcker, ancien président de la Fed, devait d’ailleurs entrer en vigueur en juillet pour encadrer les opérations spéculatives pour compte propre, notamment sur les produits dérivés.
Mais le 10 mai JP Morgan Chase a annoncé, après la clôture de la Bourse, avoir perdu 2 milliards de dollars en raison d’un pari perdant – il ne s’agit pas ici de fraude, contrairement à l’affaire Kerviel – fait par l’un de ses traders français basés à Londres, Bruno Michel Iksil.
La facture définitive sera connue dans quelques mois et pourrait s’alourdir de un milliard si la banque, la première américaine en termes d’actifs, n’arrive pas à déboucler les positions prises par son trader. « Nous avons été négligents et stupides », a dû admettre sur CBS Jamie Dimon, président de JP Morgan Chase, pourtant surnommé “le Roi de Wall Street”. C’était un farouche opposant à la réglementation Volcker…
Bruno Michel Iksil travaillait sur le desk chief investment office (CIO), une entité spécialiste de la gestion au niveau mondial du risque à long terme. Il avait été baptisé “la Baleine de Londres” après avoir accumulé d’énormes positions sur le Markit CDX North America, un dérivé de crédit (CDS, ou credit default swap) utilisé normalement pour couvrir un portefeuille de crédits.
S’il est acheté pour compte propre, il devient alors hautement spéculatif. La stratégie du trader s’est révélée gagnante par le passé, puisqu’elle a rapporté 100 millions de dollars à la banque.
À la fin mars, la position de Bruno Michel Iksil s’élevait à 145 milliards de dollars ; le trader pouvait ainsi à lui seul influer sur le cours de l’indice. Le 5 avril, des voix s’élèvent pour dénoncer une opération de spéculation. Une semaine plus tard, Jamie Dimon qualifie la situation de « tempête dans un verre d’eau » et affirme que les achats et ventes de la Baleine sont des couvertures et non de la spéculation.
À la mi-avril, le trader commence à vendre sa position. Il se retrouve face à un nombre important d’opérateurs, hedge funds en tête. Tous n’attendent qu’une seule chose, la chute de Bruno Michel Iksil : « L’argent rapide attire le sang », explique un trader de Bank of America Merrill Lynch.
En six semaines, la perte se creuse jusqu’à atteindre 2 milliards de dollars, ce qui accrédite la thèse de la spéculation. « La stratégie a été mal définie, mal exécutée et peu supervisée », reconnaît Jamie Dimon – il admet n’avoir appris l’existence de cette position que le 5 avril alors qu’elle était constituée depuis plusieurs mois.
Certes la perte reste inférieure aux 5,3 milliards de dollars de bénéfice enregistrés au premier trimestre, mais elle a ébranlé les certitudes des investisseurs. Ils considéraient JP Morgan Chase comme une banque sachant maîtriser les risques grâce à un système, la value at risk (VaR), qui donne chaque jour à son président un montant de perte théorique.
Ce modèle avait permis à l’établissement de traverser la crihse des subprimes sans pertes. Mais il a été modifié depuis et le nouveau modèle s’est avéré incapable de pointer le risque pris par le trader. Jamie Dimon a promis de revenir à l’ancienne VaR. Il devra surtout redorer le blason de la banque. Son opposition à la réglementation Volcker s’en trouvera fortement affaiblie
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