Y’ en a marre de l évasion fiscale
Posté par ippolito le 18 août 2012
Comment la Caisse des dépôts favorise l’évasion fiscale
François Hollande avait pris l’engagement de «mener une lutte sans merci contre les paradis fiscaux». Le combat semble encore loin d’être gagné : la Caisse des dépôts et consignations (CDC), «bras armé» de l’Etat en matière d’économie, est en effet partenaire d’une société liée à des placements financiers dont la localisation et le manque de transparence posent problème.
Le schéma est simple : la Caisse des dépôts, le bras armé financier de l’Etat, investit dans le fonds Emergence, lancé en janvier 2012. Lequel a placé, à la fin du mois de juin, 30 millions d’euros dans un fonds français, Diva Synergy Ucits, géré par la société Bernheim, Dreyfus and Co.
La Caisse des dépôts est donc «partenaire» de cette société, basée en France, dans le 8e arrondissement de Paris. Or cette société de gestion de portefeuille, agréée par l’Autorité des marchés financiers, gère par ailleurs depuis fin 2006 un hedge fund offshore placé aux Iles Vierges Britanniques, et dont le nom est sensiblement le même que le fonds français : Diva Synergy limited.
Les Iles Vierges Britanniques font partie de la liste «grise» des paradis fiscaux non-coopératifs, publiée par l’OCDE (organisation de coopération et de développement économiques) en avril 2009. Le territoire se situe également à la 11e place du classement mondial de l’opacité financière, établi par le réseau international pour la justice fiscale, un groupe d’ONG et de chercheurs. Concrètement, les sociétés présentes sur le territoire des Iles Vierges Britanniques, dans les Caraïbes, ne paient aucune taxe sur leurs bénéfices.
Rien d’illégal pourtant à ce stade. L’évasion, ou tout au moins l’optimisation fiscale, n’est pas nécessairement frauduleuse. Et quoi qu’il en soit, démontrer une fraude fiscale impliquant des paradis fiscaux se révèle bien souvent impossible. Dans le cas de Bernheim, Dreyfus and Co, l’absence de dépôt des comptes annuels depuis 2009 au greffe du tribunal de commerce donne peu de visibilité sur la société. (Le dépôt des bilans annuels est une obligation légale mais dans la pratique, les condamnations en cas d’infraction sont très rares, surtout si la société est en bonne santé financière.)
Pour Alain Leclair, président du fonds Emergence, cette fumée ne provient pas d’un feu inquiétant : la société Bernheim, Dreyfus and Co, qui reçoit les investissements de la Caisse des dépôts, a été choisie pour son «très grand potentiel économique et sa visibilité internationale». Selon lui, «aucun problème moral ne se pose. Ou les choses sont permises ou elles ne le sont pas». Carré. Quant à la société NewAlpha Asset Management, qui a sélectionné, parmi près de 90 dossiers, Bernheim, Dreyfus and Co pour le compte d’Emergence, elle n’a pas souhaité répondre à nos questions.
Mais si Bernheim, Dreyfus and Co n’est pas sorti, apparemment, du cadre légal, on peut se poser la question de la légitimité du partenariat de la Caisse des dépôts avec une société ayant mis en place une ingénierie pour contourner le fisc français. Le paradoxe est gênant : d’un côté, la lutte contre les paradis fiscaux est définie comme une priorité par le Ministère du Budget, y compris déjà sous le gouvernement Fillon, et de l’autre, la Caisse des dépôts se retrouve associée à une société utilisant un mécanisme que certains économistes qualifient d’évasion fiscale.
http://www.marianne2.fr/Comment-la-Caisse-des-depots-favorise-l-evasion-fiscale_a220833.html
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