Essence : la hausse fait aussi des heureux
Groupes pétroliers, transports en commun, commerce de proximité… Quand la flambée des prix des carburants fait râler les automobilistes, certains réalisent de bonnes affaires.
Mobilisation générale ! Comme à chaque flambée des cours du pétrole, les prix à la pompe deviennent une grande cause nationale, sur laquelle le gouvernement se voit pressé de travailler.
Mais, comme tout le monde ne peut pas être perdant en même temps, cette situation fait aussi des heureux : pour plusieurs secteurs et institutions, elle est source de revenus supplémentaires. Passage en revue des ravis de la hausse.
Les groupes pétroliers
Si le prix de l’essence augmente, c’est que les cours du pétrole sont toujours orientés à la hausse. Les premiers bénéficiaires de la flambée actuelle sont donc les groupe pétroliers : Shell, BP, Exxon, ou encore le français Total (photo Reuters), ont déjà vu leurs bénéfices bondir en 2011, année pendant laquelle le baril de Brent s’est presque constamment maintenu au-dessus de 100 dollars. Total, dont le résultat net a augmenté de 11% en 2011, a lui-même attribué ce bon résultat au «maintien de tension sur l’offre pétrolière mondiale». Le record de bénéfice de 2008 reste encore à battre cependant. Cette année-là, le baril avait atteint un sommet à 147 dollars.
L’Etat
Une «diminution modeste et provisoire» des taxes sur les carburants : c’est tout ce qu’a promis le gouvernement pour soulager le portefeuille des automobilistes. Car il s’agit de ne pas dégonfler celui de l’Etat. Plus de 60% du prix de l’essence correspond en effet à deux taxes : l’une, la taxe intérieure sur les produits énergétiques, est fixe. L’autre, la TVA (à 19,6%) évolue selon le prix du pétrole : plus il est haut, plus elle rapporte. En 2011, elle a amené 10,7 milliards d’euros dans les caisses publiques, selon le rapport des Douanes. (Photo AFP)
Les transports en commun
Quand rouler en voiture devient trop cher, nombre d’automobilistes deviennent usagers des transports en commun. C’est en tout cas ce que constate l’Union des transports publics et ferroviaires. «Le lien a été clairement établi par le passé, assure le délégué général de l’organisation, Bruno Gazeau. Une hausse durable du prix de l’essence amène plus de passagers dans les transports en commun, d’abord sur les distances longues, desservies par les TER et RER, puis, plus progressivement, sur les trajets courts – métro, bus, tramway.» (Photo Reuters)
Les énergies renouvelables
Eolienne, solaire, marine… A long terme, les énergies «propres» semblent promises à prendre le relais du pétrole. La hausse du prix de l’essence peut-elle accélérer le processus ? Président du Syndicat des énergies renouvelables, qui regroupent les industries du secteur, Jean-Louis Bal se frotte les mains : «Il y a d’abord un effet psychologique : cela rappelle que le prix du pétrole est condamné à augmenter. C’est inéluctable. Mais pour notre marché, c’est une bonne chose. Le prix de l’essence ne joue pas vraiment, car il y a peu d’énergies de substitution pour les transports. En revanche, à chaque hausse durable du prix du baril, les ventes d’appareils de chauffage à énergie renouvelable – principalement le bois – augmentent.» (Photo AFP)
Le commerce de proximité
Le prix de l’essence augmentant, les centres commerciaux de périphérie, accessibles seulement en voiture, perdent de leur attrait. «Les gens essayent de rouler le moins possible, donc la fréquentation est plutôt en baisse, reconnaît-on du côté d’une grande chaîne de distribution. Cela renforce l’attrait de la proximité.» Un effet également relevé dans le Parisien par Serge Papin, président du groupement Système U. Aucune des enseignes ou associations représentatives du commerce de proximité n’a donné suite aux sollicitations de Libération.
http://www.liberation.fr/economie/2012/08/21/essence-la-hausse-fait-aussi-des-heureux_840941