Y’en a marre de la crise qui rattrape les salariés français
Posté par ippolito le 4 janvier 2013
Les salariés français rattrapés par la crise
Sommaire
Chute de l’intérim
Les embauches se raréfient
Hausses de salaires
Le climat social de plus en plus tendu
Le chômage technique
Les Français réduisent leur budget Noël
En France, les conséquences de la crise se ressentent sur l’emploi et le pouvoir d’achat. Des milliers de salariés se retrouvent au chômage technique et les perspectives d’embauches ont considérablement fléchi. Dans ce contexte dégradé, les négociations salariales s’annoncent âpres et les syndicats peinent à mobiliser.
Voici comment la crise globale atteint chaque Français..
Des milliers de salariés se retrouvent au chômage technique et les perspectives d’embauches ont considérablement fléchi. Dans ce contexte dégradé, les négociations salariales s’annoncent âpres et les syndicats peinent à mobiliser.
La chute de l’intérim, mauvais présage pour l’emploi
La tendance à la baisse du recours à l’intérim est perceptible depuis le mois de mars, mais s’est largement amplifiée depuis la rentrée. Après un recul de 9,9 % en septembre par rapport à l’année précédente, le nombre de personnes occupant un emploi intérimaire a chuté de 14 % en octobre sur la même période.
Sur les 10 premiers mois de l’année, le recours à l’intérim est ainsi en baisse de 5,7% par rapport à la même période de l’année précédente, explique la fédération des entreprises de l’intérim (Prisme).
Pour son délégué général, François Roux, la situation va encore s’aggraver : « Nous enregistrons une baisse de 17% sur les deux premières semaines de novembre, soit une perte de 100 000 emplois ». Le bâtiment, l’automobile et le transport/logistique sont les secteurs les plus touchés.
« L’emploi intérimaire ne profite pas de la crise, prévient François Roux. Au contraire, c’est quand ça va bien que les entreprises embauchent des intérimaires. Les bons ou les mauvais chiffres de l’intérim se répercutent sur l’emploi en général six semaines à deux mois après ». L’ampleur de la crise dépasse de beaucoup celle de 2001-2004, où la baisse n’avait été que de 1 à 2%.
Mais elle n’est pas inédite : « En 1992 et 1993, on avait une baisse de 18 à 19% », témoigne François Roux. Cette fois-ci, le secteur doit en plus faire face à la concurrence des heures supplémentaires exonérées. Leur nombre a certes reculé de 13% au mois d’août, mais il s’agit d’un effet saisonnier.
Les embauches se raréfient pour tout le monde
La baisse du nombre d’offres d’emploi en octobre est d’une ampleur inhabituelle.
Les entreprises, prenant en compte les futures baisses de production, sont devenues extrêmement attentistes en matière de recrutement. Le nombre d’offres a subitement décroché au mois d’octobre, avec une baisse de 14,2% en un mois.
Même si une légère baisse est habituelle à cette période, son ampleur est particulièrement forte, avoue l’ANPE.
La dégradation du marché de l’emploi est d’ailleurs confirmée par le recul des intentions d’embauche.
Selon l’Acoss, la caisse nationale des URSSAF, les intentions d’embauche de plus d’un mois sont en recul de 1,2% au troisième trimestre 2008 sur un an, après une première baisse de 2,2% au trimestre précédent sur la même période.
Cette baisse est particulièrement forte dans les très petites entreprises (-3,3% sur un an) alors que les intentions d’embauche continuent de croître dans les entreprises de plus de 20 salariés (+1,4%).
Même les cadres sont touchés :
selon l’Association pour l’emploi des cadres (APEC), les offres d’emploi pour cadres diffusées sur Internet sont à leur plus bas niveau depuis le début de l’année.
La progression est encore de 16% par rapport à octobre 2007, mais c’est la première fois depuis un an que la croissance est inférieure à 35%.
Les fonctions informatique et ressources humaines sont particulièrement touchées, alors que la recherche/développement résiste.
Les hausses de salaires remises en question
Selon François Auger, les entreprises revoient à la baisse les augmentations de salaire collectives et individuelles
La crise économique a largement refroidi les ardeurs des directions concernant les augmentations salariales. Hewitt Associates, un cabinet spécialisé en ressources humaines, a réalisé une enquête sur ce sujet en septembre et octobre auprès de 75 entreprises.
Il en ressort que 40% des entreprises envisagent de revoir à la baisse voire de geler des augmentations salariales prévues.
« Alors que les entreprises étaient plutôt ambitieuses cet été, du fait de l’inflation élevée, on observe un net retournement de tendance depuis la rentrée », confirme François Auger, Senior consultant chez Hewitt Associates.
En moins de 3 mois, le budget prévisionnel d’augmentation de salaires est ainsi passé de 3,7% à moins de 3,2%. « Les entreprises sont devenues extrêmement prudentes, surtout pour les augmentations collectives », continue François Auger, qui prévoit une nouvelle révision à la baisse dans les prochaines semaines.
Le climat social de plus en plus tendu
Pour certains salariés, « la crise a bon dos »
« Dans les entreprises touchées par la crise, les salariés ressentent un profond sentiment d’injustice. Ils manifestent une incompréhension totale face aux sommes dégagées pour les banques. [...] Le sentiment dominant est que, quand il y a des efforts à faire, on ne les demande qu’aux salariés ». La déclaration, confiée au Monde, est de François Chérèque, le secrétaire général de la CFDT.
Reste que l’actuelle recrudescence des mouvements sociaux est moins liée à la crise qu’à des revendications sectorielles. Car en temps de crise, il est plus difficile de mobiliser les salariés. Une grève coûte de l’argent et les salariés se sentent menacés.
Certains se battent néanmoins contre les plans sociaux, surtout lorsque la société affiche de relativement bons résultats. C’est par exemple le cas de Hewlett-Packard, dont 5 syndicats ont appelé à la grève le 13 novembre dernier pour protester contre 580 suppressions d’emplois en France.
« La crise a bon dos pour trouver des justifications aux restructurations à venir avec, à la clé, des milliers d’emplois supprimés », dénonce de son coté la Fédération nationale des industries chimiques CGT, qui appelle ses 125 syndicats à lancer des mots d’ordre de grève pour la deuxième quinzaine de novembre afin de peser sur les négociations salariales.
Le chômage technique gagne les usines
L’usine Renault de Flins fermera du 20 novembre au 3 décembre
Face à la crise et à la raréfaction des commandes, plusieurs industriels français ont mis en place des mesures de chômage technique. La marque d’électroménager Fagor-Brandt a par exemple annoncé qu’il y aurait quatre jours de chômage partiel en décembre sur ses deux sites vendéens.
Mais c’est l’industrie automobile qui est le plus gravement touchée. Chez Renault, l’usine de Flins (Yvelines) fermera ainsi du 20 novembre au 3 décembre. A celle de Sandouville, « une équipe sur deux ne travaille pas jusqu’à la fin de l’année », indiquent les syndicats.
Chez Peugeot aussi, deux à seize journées chômées sont prévues selon les usines, entre octobre et décembre. Les constructeurs assurent que la rémunération des salariés sera en grande partie conservée, grâce à des dispositifs de récupération ou de formation.
Mais ce n’est pas le cas pour tous. « On perd 350 euros par mois, déplorait Josiane Kharo devant les médias, déléguée CGT à Renault-Sandouville. Sur un salaire de 1 900 euros, ça fait beaucoup ! ».
Par ricochet, l’arrêt de la production dans les usines automobiles affecte les sous-traitants. A l’usine de l’équipementier Faurecia de Marines (Val-d’Oise), les trois-huit se sont transformés en deux-huit.
Pas de chômage technique officiellement mais « on demande à ceux qui ont des RTT ou des congés de rester chez eux », selon un ouvrier cité dans la presse. 40 ouvriers sur 250 seraient ainsi « en vacances » actuellement.
Dans le Maine-et-Loire, Paulstra, qui fabrique des joints automobiles, a lui aussi fermé pendant plusieurs jours en novembre. Et les 1 000 salariés devront prendre quatre jours de congés supplémentaires pendant la période de Noël.
Inquiets pour leur pouvoir d’achat, les Français réduisent leur budget Noël
Selon une enquête Sofres de novembre, 50% des Français affirment qu’ils vont moins dépenser pour leurs cadeaux de Noël, mais sans renoncer toutefois à leurs achats. 20% pensent ainsi « acheter en moins grande quantité » et 20% vont « acheter moins cher ».
Le cabinet Deloitte, qui réalise chaque année une étude européenne sur les dépenses de Noël, note lui aussi le pessimisme général des Français. « 63% prévoient une détérioration de leur pouvoir d’achat pour 2009″, relève ainsi l’étude.
Afin de ne pas dépasser leur budget de dépenses à Noël, les Français prévoient de réduire la part consacrée aux cadeaux (-6,7%). Plus de la moitié d’entre eux envisagent ainsi de ne pas offrir de cadeaux à leurs collègues et amis. Les enfants seront épargnés par la crise.
Gilles Mollard, le directeur général des magasins de jouets Toys’R'Us, n’est d’ailleurs par particulièrement inquiet, même s’il prévoit une stagnation en valeur du marché des jouets cette année.
»Les hypermarchés vont profiter de la réforme de la loi Galland, qui permet de répercuter une partie des marges arrières sur le prix de vente, explique-t-il. D’autre part les promotions sont plus nombreuses cette année. »
Son enseigne a par exemple décidé à la dernière minute de prolonger son opération de promotion sur 80 produits quinze jours supplémentaires. La marge de manœuvre est étroite pour les distributeurs de jouets : les catalogues sont en effet conçus plus de neuf mois à l’avance…
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