Y’en a marre des objets de fantasmes, des rumeurs et surtout des idées reçues sur la Franc-maçonnerie…

Posté par ippolito le 6 janvier 2013

Enquête: être franc-maçon, ça aide pour le business ?

La Franc-maçonnerie… Objet de fantasmes, de rumeurs et d’idées reçues ! Cette société secrète intrigue et passionne.

L’Entreprise a rencontré des frères, cadres dirigeants ou entrepreneurs, et vous livre les clés de ce réseau très fermé.

A 29 ans, Julien Rittener, patron d’une société de conseil aux PME à Paris, est déjà le vénérable (le président) de sa loge. Pour ce jeune chef d’entreprise la franc-maçonnerie ne réside pas au carnet d’adresses : 

 » Arrêtez avec l’idée reçue que nous sommes un réseau de notables. On compte beaucoup de gens humbles et modestes. »

« Avec Viadeo, j’ai fait plus de business qu’avec mes frères maçons ! » 

Louis-Serge Real Del Sarte, fondateur d’une société d’e-réputation, s’est mis en retrait de sa loge, le Lion de l’Atlas, à Neuilly-sur-Seine. Après cinq ou six ans de fréquentation, il trouve la franc-maçonnerie « trop chronophage ».

 Il ne cache pas non plus qu’il a essayé d’y « faire du business » et qu’on le lui a reproché : « Quand on a le mail et le numéro de téléphone d’un frère et que l’on se revoit en dehors des loges, pourquoi ne pas essayer ? C’est comme au club de tennis ! »

Comme lui, de nombreux candidats fantasment d’avoir accès à un réseau qui facilitera leur vie professionnelle. « Il y a deux voies en maçonnerie, confie Claude V., patron d’une PME de 48 personnes dans le secteur du voyage. 

La voie noble, recherche sur soi, érudition… et la voie carriériste : se créer un réseau de relations professionnelles ou faire une carrière en loge. » Mais, pour ce chef d’entreprise initié depuis neuf ans, « pour faire du business, il y a des lieux plus rapides et mieux identifiés ». 

Alain Bauer, ancien grand maître du Grand Orient de France, première obédience en nombre d’adhérents (52 000 en 2012), confirme : « Sans aucun doute, la maçonnerie peut devenir un réseau utile pour la carrière professionnelle. Mais cela nécessite patience et construction dans la loge. Ne venir que pour cela serait en général voué à l’échec si on est pressé ! »

De 25 à 33 % de patrons dans les loges

La population qui fréquente les loges ne colle pas à l’idéal maçonnique tel qu’esquissé dans La Loge mère, le beau poème de Rudyard Kipling où toutes les professions sont représentées. 

Parmi les 175 000 à 200 000 frères et soeurs de France, on compte beaucoup de notables : chefs d’entreprise, professions du secteur tertiaire et professions libérales… 

« Il y a peu d’ouvriers et de cheminots, reconnaît Philippe Benhamou, coauteur de La Franc-maçonnerie pour les nuls (Editions First). Mais, dans ma loge, mon frère Claude, 65 ans, qui n’a pas fait d’études et a vendu des costumes toute sa vie, nous a présenté un beau travail sur Kant ! »

Combien d’entrepreneurs parmi les francs-maçons ? José Gulino, élu grand maître du Grand Orient de France l’été dernier, estime que les patrons, petits ou grands, fournissent « de un quart à un tiers » des maçons. La fonction publique est aussi très représentée :

 magistrats, hauts fonctionnaires, enseignants, policiers, membres du parquet… « Certaines corporations sont davantage présentes que d’autres, convient un vénérable de la Grande Loge de France. Cela dit, il y a des frères que je connais de longue date et dont j’ignore toujours le métier. »

La puissance du réseau

A entendre certains initiés, les deux tiers des membres du gouvernement Ayrault seraient maçons. Quant au président de la République, François Hollande, « son approche consensuelle, son attitude, sa philosophie humaniste… tout en lui traduit le maçon », affirme Thierry Ehrmann, président d’Artprice et du groupe Serveur, à Lyon, et membre de la Grande Loge nationale française (GNLF). Selon lui, onze présidents du CAC 40 seraient francs-maçons, soit plus du quart de la crème des grands groupes cotés.

  »Pour défendre la laïcité, la fraternité, l’égalité nous pouvons mettre en marche notre connaissance, nos réseaux et nos fortunes bénévolement. On peut se montrer dangereux et d’une grande férocité », lâche-t-il encore. 

Jouant volontiers les chiens de garde de la République quand celle-ci est menacée, les maçons peuvent, de manière plus terre à terre, s’entraider. Ne sont-ils pas frères ?

José Gulino, grand maître du Grand Orient de France, élu en 2012
 » Les gens qui frappent à notre porte dans l’espoir de faire des affaires sont à 99,9 % déçus et nous quittent très vite. « 

Assurance contre le chômage

« C’est une de mes soeurs qui m’a aidée quand je traversais une période de chômage, confie ainsi Nicole N., assistante de direction et membre de la Grande Loge féminine de France (GLFF, 14 000 membres). 

Elle avait repéré un poste qui correspondait à mes compétences et me l’a signalé. Mais ça s’est arrêté là : je n’ai pas eu de faveur parce que j’étais maçonne. Cela m’a permis d’adresser ma candidature à la bonne personne. Ensuite, en recrutement, j’ai dû faire mes preuves comme n’importe qui. »

Moins connues, des solidarités réelles existent au sein des obédiences pour aider le franc-maçon et sa famille à retrouver du travail. « L’accent est mis non sur le piston mais sur l’accompagnement : aide à la rédaction de CV, repositionnement, maintien du contact pour éviter que la personne ne s’isole… », précise Philippe Benhamou. 

Cette « entraide fraternelle » peut prendre la forme d’associations rattachées aux obédiences : à leur tête, on trouve souvent d’anciens DRH maçons qui bénévolement organisent des événements et le suivi des personnes en difficulté.

De manière plus informelle, un bon maçon organisera la rencontre d’une personne en difficulté avec celles qui peuvent l’aider à rebondir.

Un facilitateur de business…

« Le réseau existe, ne soyons pas hypocrites, admet Philippe Benhamou. Nous avons un adage : « Si tu veux acheter le pain, demande à un frère de le faire pour toi. » Les maçons ont cette attitude d’esprit : « Il y a bien un frère qui peut répondre à ma question. »" 

Louis-Serge Real Del Sarte se souvient : « J’ai vu en loge un grand joaillier qui avait des vitrines à refaire. Un ami lui propose un nom de fournisseur. Il n’était pas maçon. Le joaillier lui a répondu qu’il allait d’abord privilégier des maçons qui avaient besoin de travailler ! »

Attention, entrer en loge ne veut pas dire accéder à tout le réseau maçonnique. « En loge, on fréquente une quarantaine de personnes. Bien sûr, par ricochet, je peux trouver des relations pour ma carrière », confie un membre du Droit Humain, obédience mixte. 

« Je ne suis pas entré pour aller chercher du business, mais j’en ai fait : à prestations, compétences ou prix égaux, je vais privilégier un frère, reconnaît Claude V., le patron de PME qui précise : mais s’il travaille mal, je ne vais pas le garder, les affaires restent les affaires ! Par contre, si j’ai du business à proposer, je vais alerter un fournisseur maçon plutôt qu’un autre. »

Arme à double tranchant

Certains patrons évitent au contraire de travailler avec des fournisseurs maçons comme eux : « Choisir un « frangin », c’est mettre le nez dans les emmerdes ! Un maçon expert-comptable ou avocat qui ne me convient plus, je fais comment pour m’en séparer ? », s’interroge Patrice V. 

Ce patron d’une petite agence de presse, membre de la GLNF depuis vingt ans, préfère ignorer l’appartenance maçonnique de ses relations d’affaires. Et affiche ouvertement son mépris pour « ces has been qui viennent en loge faire du réseau et distribuent leurs cartes de visite » !

Du coup, beaucoup de maçons préfèrent cacher leur obédience dans leur vie professionnelle : refus du mélange des genres, peur de payer les pots cassés après les scandales commis par des aigrefins affairistes… Mais surtout peur d’être plus durement traités par leurs propres frères !

Thierry Ehrmann se montre encore plus regardant en recrutement si un postulant se vante d’être maçon : « Je lamine la personne qui en joue. Quand je recrute, je suis d’une neutralité absolue : j’y passe 45 minutes. Mais un candidat qui se présente comme maçon, je vais le garder 70 minutes. Il se peut que je l’embauche, mais je vous jure que je vais être encore plus rigoureux. »

 Ce DRH maçon d’un groupe de BTP est moins nuancé : « En recrutement, la personne qui mettrait en avant son appartenance ne resterait pas cinq minutes dans mon bureau. »

Les excès des « fraternelles »

« On ne peut servir à la fois Dieu et l’argent », dit l’Evangile. Le summum du mélange des genres a été atteint avec les « fraternelles ». Ces regroupements de francs-maçons par profession ont servi et servent encore à faire des affaires.

  »La dimension ésotérique de la fraternelle du BTP reste encore à démontrer, ironise ainsi Alain Bauer. Il ne devrait pas y avoir de place pour les structures qui dévoient l’idéal maçonnique. »

EDF, Veolia, Air France… abritent ou ont abrité des fraternelles en leur sein. « Le cancer, ce sont ces fraternelles à l’intérieur même des entreprises. Elles devraient être interdites ! », déplore un dirigeant de Veolia. « J’ai été sollicité pour en faire partie, j’ai refusé », déplore encore ce membre du Grand Orient de France.

« Se réunir entre frères d’un même univers professionnel pour s’attribuer des marchés, s’accorder des remises ou s’entendre sur les « prix fraternels », c’est une honte !, juge Thierry Ehrmann. Notre obédience est une catastrophe ! On doit détenir le record européen de mises en examen. »

 Dans une course aux chiffres, la GNLF, deuxième obédience française, mais seule obédience reconnue par la Grande Loge unie d’Angleterre (la maison mère) a multiplié les recrutements pour « rattraper » le Grand Orient de France, première obédience. « Ils ont recruté des types refusés ailleurs. Il ne faut pas s’étonner après qu’il y ait des dérives affairistes », s’indigneJulien Rittener, jeune patron et maçon depuis neuf ans (lire aussi page précédente).

Quelques scandales plus tard, la GNLF a implosé cette année et se trouve actuellement sous administration judiciaire ! « Du chaos naît l’ordre », dit l’adage maçon. Et ces dérives appartiendraient au passé. « Les obédiences font le ménage », jurent leurs grands maîtres. Mais comme le rappelle un frère, « chaque loge

Julien Rittener [29 ans, président de Five Conseil]

« J’ai été initié en octobre 2003, à 20 ans. Comme 90 % des francs-maçons, j’ai été coopté. » A 29 ans, Julien Rittener, patron d’une société de conseil aux PME à Paris, est déjà le vénérable (le président) de sa loge.

 Pour ce jeune chef d’entreprise et tout jeune papa, l’apport au business de la franc-maçonnerie ne réside pas d’abord dans le carnet d’adresses : 

« Il y a neuf ans que je suis en loge et je ne connais toujours pas le métier de certains frères. Arrêtez avec l’idée reçue que nous sommes un réseau de notables. On compte beaucoup de gens humbles et modestes. » 

Julien Rittener ne nie pas l’arrivisme et l’affairisme de certains frères. Mais convient qu’entre un fournisseur maçon qu’il estime et un prestataire inconnu, il privilégiera un frère ! « C’est naturel de vouloir travailler avec des gens qu’on apprécie plutôt qu’avec des inconnus. »

Comme beaucoup de maçons, ce patron a envie d’agir dans la société. « La franc-maçonnerie ne doit pas vivre égocentrée, fermée sur elle-même ». Lui et deux amis « frangins » ont donc réfléchi :

  »Il existe bien des fonds islamiques. Pourquoi ne pas créer un fonds maçonnique ? D’une boutade est née une réflexion plus profonde. Leur fonds commun participatif maçonnique a vu le jour en 2011 :

  »Il s’agit d’un FCPM qui réunit des investisseurs et porteurs de projet qui respectent les valeurs de la franc-maçonnerie. » Le maçon aime bien apporter sa pierre à l’édifice de la société…

La Marche à suivre pour entrer en Loge
Entre la rédaction de votre candidature et votre admission, il peut s’écouler… de neuf à douze mois !

Candidature spontanée ou parrainage. « 80 % du recrutement se fait via les amis ou les collègues, 20 % par candidature spontanée », détaille José Gulino, grand maître du Grand Orient de France. 

Contrairement à une idée reçue, pas besoin donc d’être toujours coopté. Avoir plus de 18 ans suffit. Ecrivez une lettre de motivation aux sièges de la Grande Loge de France, du Grand Orient, du Droit Humain… (il existe 9 obédiences principales).

Examen de vos motivations. Votre lettre est remise à une loge près de chez vous ou à une loge dont on estime qu’elle vous conviendra. Votre acte de foi est lu en loge par le vénérable. 

Trois enquêteurs sont désignés qui viendront vous voir à domicile pour comprendre votre environnement personnel, sentir votre curiosité pour les choses spirituelles… Vous êtes passé au tamis !

Votes en loge. Après quelques mois d’enquête, il sera procédé aux votes en loge avec les fameuses boules blanches et noires pour déterminer si, oui ou non, vous passerez « sous le bandeau ».

Passage sous le bandeau.

Si vous n’avez pas été « blackboulé » (trop de boules noires), vous voilà les yeux bandés à nouveau sous le feu de questions « incisives mais toujours pleines d’humanité », décrit un vénérable.

 La cérémonie dure de une heure à une heure trente. Un second vote aux boules a lieu. Si le vote est « impur » (trop de boules noires), vous êtes recalé. Si le vote est « pur », vous êtes définitivement admis.

Vos débuts. Vous débutez comme apprenti en loge, le premier des trois degrés communs à toutes les obédiences (apprenti, compagnon, maître). Vous entrez en initiation en rejoignant les colonnes du Nord.

Vous êtes astreint au « parfait silence » : vous avez le droit de vous taire pendant un an…

Par Étienne Gless pour LEntreprise.com, publié le 30/11/2012 à 15:40

http://lentreprise.lexpress.fr/carriere-et-management/enquete-etre-franc-macon-ca-aide-pour-le-business_37103.html

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