Le Figaro Magazine et Public Evaluation System, l’agence de notation des collectivités locales, ont décortiqué les comptes des 36 villes de plus de 100.000 habitants, des départements ainsi que des Régions.
Malgré la crise, les dépenses de communication et les frais de mission des élus continuent de grimper.
• Grandes villes: les maires soignent leur image
• À Marseille, élus et agents de la mairie roulent aux frais du contribuable
• Pas-de-Calais: la grande vie des élus PS du bassin minier
• Départements: toujours plus de dépenses sociales
• Régions: des élus très communicants
• Ile-de-France: luxe, voyages et notes de frais
• Contribuables, le saviez-vous?
Un séjour de quatre jours à Londres pour assister aux Jeux olympiques de 2012, avec dîner chez Hélène Darroze au célèbre Connaught:
on ne sait pas si les 12 élus du conseil régional d’Ile-de-France ont pu rencontrer des touristes londoniens pour faire la promotion de leur Région -prétexte officiel de cette escapade à 5000 € par personne!- mais le repas doit aujourd’hui leur rester sur l’estomac.
Non que la cuisine de notre chef étoilé soit indigeste, mais la révélation de ces agapes a soudain braqué les projecteurs sur le fastueux train de vie des élus franciliens.
Illégal?
Non, mais difficile à justifier quand le pays traverse une crise sans précédent. Et plus dur encore à défendre au moment où les 22 Régions, dont 21 dirigées par la gauche, réclament à cor et à cri de nouveaux pouvoirs et l’autonomie fiscale.
Les excès ne sont pas l’apanage d’une poignée d’élus trop gâtés de la Région la plus riche de France. Il suffit de plonger dans les rapports des chambres régionales des comptes pour réaliser à quel point les gestionnaires des collectivités locales n’ont pas encore pris la mesure de la situation des finances publiques de notre pays.
Non qu’ils soient malhonnêtes -les cas de fraude et de corruption sont fort heureusement rarissimes- mais la rigueur n’est pas leur fort. Voitures de fonction utilisées à tort et à travers, repas gastronomiques, voyages bidons, collaborateurs en pagaille, logements de fonction injustifiés, subventions opaques… chaque rapport apporte son lot de gabegies et d’abus.
Ces dizaines de milliers d’euros gaspillés ici ou là pèsent peu face aux milliards d’investissements réalisés par les collectivités mais ils révèlent l’incroyable légèreté des élus à l’égard du contribuable. Sans parler de leur négligence coupable face à l’absentéisme chronique de leurs agents: 9% l’an dernier.
Pour la deuxième année consécutive, Le Figaro Magazine et Public Evaluation System, l’agence de notation des collectivités locales, ont décortiqué les comptes administratifs des 36 villes de plus de 100.000 habitants, des départements ainsi que des Régions (1).
Résultat: les embauches semblent enfin marquer le pas et les investissements se maintiennent, mais les dépenses de communication et les frais de mission des élus continuent de grimper, surtout en Région.
Pour combien de temps? Le gouvernement Ayrault, qui prépare l’Acte III de la décentralisation, a promis qu’il comporterait un encadrement plus strict de la gestion et une transparence accrue. La fête est finie?
(1) La Bourgogne et le Languedoc-Roussillon ont refusé de nous communiquer leurs comptes, au mépris de l’accès public à l’information.
http://www.lefigaro.fr/politique/2012/12/14/01002-20121214ARTFIG00531-les-folies-de-nos-elus-locaux.php
Hélène Mandroux, maire de Montpellier, a dépensé 8,122 millions d’euros pour la communication de la ville en 2011.
Malgré la crise, les dépenses de communication et les frais de mission des élus locaux continuent de grimper.
La communication est décidément l’un des joujoux favoris des maires. Certes, 2011 était une année pré-électorale et les maires, même s’il ne se présentaient pas à un mandat de député, ont eu à cœur de valoriser leurs réalisations et celles de leur majorité.
Les frais de communication regroupent des dépenses de publicité, campagnes de promotion, insertions obligatoires (enquêtes publiques…) mais aussi des dépenses de réceptions, galas et cérémonies.
Championne toutes catégories, la socialiste Hélène Mandroux qui se montre, en matière d’excès budgétaire, la digne héritière de Georges Frêche à la tête de Montpellier: elle a dépensé 8,122 millions d’euros pour la communication de la ville en 2011, dont 1,7 million pour la promotion de la culture et 830.000 € pour celle du sport.
Certes, Montpellier est une ville de sport et de culture, mais à quel prix? Nos chiffres montrent qu’elle consacre trois plus de moyens pour sa communication que Lyon et Marseille, deux métropoles où l’on ne prend pas non plus la culture et le sport à la légère.
À Metz, le maire PS Dominique Gros a investi 3,42 millions d’euros en frais de com’ l’an dernier, dont un peu plus de 2 millions d’euros en fêtes et cérémonies (la moitié au titre de l’action culturelle). Sans doute l’effet Pompidou-Metz…
Parmi les autres maires hyper-communicants, citons Philippe Duron (PS) à Caen, Serge Godard (PS) à Clermont-Ferrand, Maurice Vincent (PS) à Saint-Etienne -qui reste pourtant la ville la plus endettée de France!- et Christian Estrosi (UMP) à Nice.
Les frais de mission par élu, qui recoupent les déplacements du conseil municipal, sont plutôt raisonnables dans l’ensemble et devraient encore baisser si le non-cumul des mandats parvient à s’imposer. À noter, là aussi, le première place d’Hélène Mandroux.
La maire de Montpellier est également vice-présidente de l’Association des maires de grandes villes de France et présidente de l’Association des villes universitaires, ce qui doit l’amener à se déplacer.
De même Alain Juppé, qui pointe en deuxième place, a une stature qui le sollicite hors de Bordeaux de temps à autre (on l’a vu avec la crise à l’UMP). Certains maires (Le Havre, Amiens) préfèrent rester discrets sur leur train de vie.
Celui de Boulogne-Billancourt n’a pas répondu à nos demandes d’information sur ses frais de communication et de voyage. Notons par ailleurs que, globalement, les maires ont commencé à alléger le poids de leurs dettes. Mais 14 grandes villes (16 l’année précédente) ont encore un endettement supérieur à 1000 € par habitant.
Par Sophie Roquelle
Mis à jour le 14/12/2012 à 17:30 | publié le 14/12/2012 à 16:16
http://www.lefigaro.fr/politique/2012/12/14/01002-20121214ARTFIG00511-grandes-villes-les-maires-soignent-leur-image.php