Quels sont les partis politiques les plus riches ? (1/2)
Fin décembre, la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) a publié au Journal officiel les comptes des partis politiques français pour 2011.
272 budgets au total sur les 326 formations politiques de l’Hexagone (55 partis n’ont pas déposé leurs comptes). Alors quel est le parti le plus riche de France ? D’où vient son argent et comment le dépense-t-il ?
Linternaute.com a classé les partis politiques selon le montant de leurs recettes en 2011. Il a ensuite épluché leurs comptes et tenté d’en savoir plus sur les entrées et les sorties d’argent. Chiffres et révélations.
Parti socialiste : 59,8 millions d’euros
Le PS est le parti le plus riche avec plus de 59 millions d’euros de recettes en 2011. Des recettes en hausse par rapport à 2010 (55 millions).
Une fortune qu’il tire d’un financement public (23 millions d’euros), mais aussi des cotisations de ses élus (15 millions) et de ses adhérents (9 millions), largement mis à contribution.
On note en 2011, année pré-électorale, la hausse des dons (de 886 000 à 2,9 millions, mais aussi des « produits de manifestations et colloques » (de 707 000 à 3,7 millions).
Ce pactole n’a pas permis au parti d’éviter une perte (4,5 millions d’euros). La Comission note encore que le PS a créé une structure spécialement pour ses primaires qui a récolté la somme de 5 millions d’euros.
Deux fois plus de dépenses de com
Dans la colonne des charges, ce sont plus de 64 millions d’euros qui ont été dépensés par le PS en 2011. Un montant composé principalement de frais de fonctionnement (18 millions), de personnel (21 millions), mais aussi d’un budget « propagande et communication » de 7,2 millions qui a plus que doublé par rapport à 2010.
On note en outre que le PS a versé 6 millions d’euros « à d’autres organismes » : la Fondation Jean Jaurès, l’Internationale socialiste, le PSE et, pour la plus grosse part, les sections locales du PS qui ne sont pas intégrées dans le périmètre du siège.
UMP : 53 millions d’euros
Les comptes de l’UMP aussi dépendent de ses résultats électoraux avec 33,1 millions d’euros de subventions en 2011. Mais la générosité compte ici plus qu’ailleurs avec 10,2 millions d’euros de « dons de personnes physiques », 3 millions de plus qu’en 2010.
Outre les cotisations d’adhérents et d’élus (7,4 millions), on note aussi que l’UMP a reçu 16 361 euros « d’autres formations ». Parmi elles, le Parti radical de Jean-Louis Borloo. Résultat : avec des recettes en hausse de plus de 3 millions, la marge de l’UMP s’élève à 282 615 euros d’excédent.
Un parti généreux avec ses alliés
L’UMP a dépensé 11 millions d’euros en communication en 2011, soit près du double qu’en 2010. En plus de ses charges externes et de personnel (35 millions), le parti majoritaire a versé plus d’1 million d’euros « d’aides » à d’autres partis. Le Parti radical de Jean-Louis Borloo a touché à lui seul 1 million d’euros (cf. infra).
Plusieurs clubs comme « Le Chêne » (Alliot-Marie), « France9″ (Fillon), « L’Association pour la réforme » (Balladur), « Dialogue et initiative » (Raffarin), « Gauche moderne » (Bockel) le RPF (Pasqua) ou encore l’UNI, syndicat étudiant de droite, ont aussi leur part du gâteau chaque année.
Parti communiste : 30 millions d’euros
Le Parti communiste est le troisième parti le plus riche de France avec 30,8 millions d’euros d’entrées d’argent en 2011, soit 1 million de moins qu’en 2010.
Les cotisations de ses élus et adhérents atteignent ici les 17 millions d’euros. Une somme que viennent compléter un financement public de 3,6 millions d’euros et des dons de personnes physiques de 5,1 millions d’euros.
Le PC était excédentaire lui aussi en 2011. Avec un total de dépenses de 30,4 millions d’euros environ, ce sont 347 650 euros que le parti a réussi à conserver dans ses comptes.
Des frais de structure importants
Les frais de fonctionnement constituent la majeure partie des charges du Parti communiste qui a dépensé près de 11,5 millions d’euros en « charges de personnel » et pas loin de 9 millions en « charges externes ».
Les frais de propagande et communication se sont élevés sur le même exercice à 2,4 millions d’euros, dont la plupart a été consacrée au budget « presse, publication, télévision, espaces publicitaires ».
Comme le PS et l’UMP, on note enfin que le PC est un « partenaire » solide de plusieurs autres « formations politiques » et « autres organismes » auxquels il a versé plus de 2 million d’euros.
Front national : 11 millions d’euros
Le FN a fait entrer 11 millions d’euros dans ses caisses en 2011, soit plus de deux fois le chiffre de 2010 (4,5 millions) ce qui lui a permis de dégager un excédent de près de 6 millions d’euros.
Le financement public représentait 1,8 million d’euros, les contributions des élus 577 760 euros et les cotisations des adhérents plus de 1,4 million en 2011. S’y ajoutent 262 666 euros de dons (deux fois plus qu’en 2010) et 95 000 euros de contributions d’autres partis.
Mais ce sont surtout les produits exceptionnels, chiffrés à 5,5 millions d’euros, qui ont permis se bond. Le FN a vendu son siège historique, « le Paquebot » en 2011 pour environ 10 millions d’euros. Un « actif corporel » (ou « immobilisé ») dont la cession peut effectivement être inscrite dans les produits exceptionnels.
Un retour à l’équilibre
Grâce à cette opération, le FN, lourdement endetté depuis le fiasco électoral de 2007 et plombé par un procès (Fernand le Rachinel), a également réussi à redresser son bilan.
Ses emprunts au passif sont passés de 9,5 millions à 2,7 millions d’euros. En 2011, le FN dépensait encore 2,2 million d’euros de charges externes (dont des loyers), 1,2 million de charges financières. Les charges de personnel représentaient 687 973 euros et la communication 658 450 euros.
Les Verts : 8,6 millions d’euros
Preuve des écarts importants de moyens parmi les différents partis politiques de France, on observe un fossé important – de 30 millions à moins de 10 millions d’euros – entre les trois partis les plus riches et le quatrième.
Les Verts, qui ont fusionné avec Europe-Ecologie en 2010, affichaient en effet 8,6 millions d’euros de recettes en 2011. 2,4 millions venaient de contributions des élus, 1,6 million de cotisations des adhérents et 1,8 million de financements publics. Le parti écolo n’a reçu en revanche que 317 418 euros de dons individuels cette même année.
Un budget communication minuscule
Avec 3,7 millions d’euros de « charges externes » (loyers, fournitures, voyages et déplacements…) et 2,6 millions de frais de personnel, Les Verts consacrent plus des deux-tiers de leur budget en frais de fonctionnement.
Un poste budgétaire en forte hausse puisque la fusion entre Les Verts et Europe Ecologie a effectivement eu lieu en 2010. Seuls 345 837 euros ont été alloués au poste « propagande et communication ». Les Verts ont enregistré un excédent de 19 984 euros en 2011.
Mouvement démocrate : 5,1 millions d’euros
Le Modem de François Bayrou a reçu 3,8 millions d’euros de financement public en 2011. Ce qui représente près des trois quarts de son budget (5,1 millions d’euros).
Le parti ne dispose que de peu de cotisations d’adhérents (394 381 euros) et, compte tenu du faible nombre de ses élus, de très peu de contributions de leur part (27 371 euros).
Les dons de personnes physiques s’élèvent quant à elles à 289 462 euros et sont complétées enfin par des « produits de manifestations et colloques » et « produits d’exploitation » s’élevant respectivement à 146 934 et 285 911 euros.
Un excédent de 1 million d’euros
En 2010, le Modem était déficitaire de plus de 1 million d’euros. Il est cette fois excédentaire de la même somme. Parmi les dépenses les plus importantes, la communication représentait 547 854 euros.
Un budget relativement faible, pourtant, comparé à ses charges externes représentant 2,5 millions d’euros. Le Modem a aussi versé près de 418 000 euros à d’autres formations politiques ou organismes « amis » ou « ex amis » (Cap 21, le MRC de Jean-Pierre Chevènement, l’Alliance centriste).
Ses charges de personnels sont parmi les plus faibles de ce classement avec moins de 150 000 euros inscrits dans la colonne des dépenses, ce qui représente tout de même 3 fois plus qu’en 2010.
Lutte ouvrière : 3,2 millions d’euros
La mort longtemps gardée secrète de « Hardy », cofondateur de LO en 1968, l’a confirmé récemment : Lutte ouvrière a toujours entretenu le mystère sur son organisation, sa démarche, ses tenants et ses aboutissants.
Le rapport de la CNCCFP permet d’identifier trois principales sources de financement du parti : les contributions de ses adhérents et de ses élus pour 1,1 million d’euros, les produits « de manifestations et de colloques » pour 688 220 euros et enfin les dons de personnes physiques pour 595 612 euros.
Un budget essentiellement composé de com
En 2011, année précédent la présidentielle, Lutte ouvrière a dépensé 1,1 million d’euros en « propagande et communication ». En dehors de ce poste, surreprésenté en période électorale, le parti vit dans une certaine rigueur avec 412 023 euros de charges externes et 94 966 euros de charges de personnel seulement.
Débarrassé des dépenses de 2010 pour les régionales, le parti aura tout de même dégagé, à la fin de l’exercice 2011, un excédent de 1,3 million d’euros.
Parti de gauche : 2,2 million d’euros
Le Parti de gauche disposait en 2011 d’un budget d’un peu plus de 2,2 millions d’euros, soit près d’un million de plus qu’en 2010.
Ce dernier se composait de 742 002 euros de cotisations d’adhérents, de 291 244 euros de contribution des élus et, en pleine campagne présidentielle, de 218 155 euros de dons.
Les produits d’exploitation, c’est-à-dire de facturation des services rendus aux candidats, s’élevaient à 683 308 euros.
La formation de Jean-Luc Mélenchon a aussi touché la même année 175 633 euros de contributions d’autres formations politiques (le Parti communiste ?) et 132 603 euros de « manifestations et colloques ».
Mobilisé derrière son candidat
Au Parti de gauche, ce sont 599 026 euros qui ont été consacrés à la propagande et à la communication en 2011.
En y ajoutant près de 669 503 euros de « prise en charge de dépenses électorales » et 418 953 euros de « dotation aux amortissements et provisions », cela confirme que le PG était mobilisé derrière son chef.
En plus de ses charges externes (118 653 euros), un autre poste de dépenses important concerne les aides financières à « d’autres organismes » censés être non-politiques (246 869 euros).
Le Parti de gauche a enregistré un excédent de 40 917 euros en 2011.
Parti radical de gauche : 2 millions d’euros
Grâce à diverses alliances avec le Parti socialiste, le Parti radical de gauche parvient depuis plusieurs années à obtenir des élus lors de chacune des élections législatives, comme lors des élections régionales, cantonales, ou encore municipales.
Des résultats électoraux qui lui ont encore permis de bénéficier de près de 1,4 million d’euros de financement public en 2011. S’y ajoutent 124 288 euros de cotisations des adhérents et 268 890 euros de contributions desdits élus.
Le PRG reçoit également, selon les comptes publiés au Journal officiel, 118 257 euros « d’autres partis politiques » (le PS ?) et 74 735 euros de dons.
Explosion des dépenses de communication
Côté charges, le Parti radical de gauche focalise ses dépenses sur son fonctionnement puisque 874 722 euros sont consacrés aux charges externes, et près de 280 000 euros aux charges de personnel.
Dans le parti de Jean-Michel Baylet, 961 602 euros ont aussi été consacrés à la propagande et communication à la veille de la présidentielle.
Un budget qui a été presque multiplié par 25 en un an. Le PRG semble en avoir souffert puisqu’il a terminé l’année avec une perte de 420 206 euros.
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