Y’en a marre des taxes sur le diesel et surtout des prix des carburants
Posté par ippolito le 6 mars 2013
L’atout fiscal du diesel menacé
Selon la Cour des comptes, la taxation plus faible du diesel représente un manque à gagner de près de 7 Mds€ par an pour le budget de l’Etat.
Avis de tempête sur le budget des automobilistes qui roulent au gazole. Un nouvel argument vient plaider en faveur d’un alourdissement de la fiscalité appliquée à ce carburant.
La Cour des comptes a prôné ce vendredi la suppression de l’avantage fiscal du diesel, une mesure qui rapporterait gros à l’Etat et pourrait démarrer dès l’an prochain.
Manque à gagner pour l’Etat. Selon la Cour, la taxation plus faible du diesel représente un manque à gagner de près de 7 milliards d’euros par an pour le budget de l’Etat, et même 8 milliards si l’on ajoute les exemptions et autres ristournes accordées à diverses professions. La taxe sur les carburants (TICPE) est de 43 centimes par litre pour le gazole, contre 61 centimes pour l’essence, soit un écart de 18 centimes.
Un traitement privilégié pas vraiment en phase avec la politique gouvernementale de transition énergétique aux yeux de la Cour des comptes, qui préconise un «alignement progressif», autrement dit un relèvement de la TICPE sur le diesel au même niveau que l’essence.
Au nom de «la santé publique». La ministre de l’Ecologie, Delphine Batho, qui avait déjà plaidé pour un alignement progressif, a réaffirmé ce vendredi que c’était «un problème de santé publique sur lequel on ne peut plus fermer les yeux».
Le diesel, émetteur de particules fines et de dioxyde d’azote, responsables de maladies respiratoires et cardio-vasculaires, a été classé «cancérogène certain» par l’OMS en juin dernier.
La ministre a rappelé qu’une telle mesure figurait au menu des réflexions du comité sur la fiscalité écologique mis en place fin 2012, dont les travaux doivent déboucher sur des premières mesures applicables en 2014. Mais la question est loin d’être tranchée.
Bercy plus mitigé. Le ministère de l’Economie a assuré qu’il n’y avait «pas du tout d’arbitrage». Il évoque «des implications industrielles qu’il faut prendre en compte». «Quoi qu’il en soit, si on devait relever la fiscalité du diesel, ce ne serait que très progressif», fait-on valoir à Bercy. Matignon n’a pas fait de commentaires, tandis que le ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, avait déjà exprimé en début d’année ses réticences.
Des aides pour les habitants des campagnes et de la grande banlieue. Delphine Batho a souligné qu’une telle évolution ne saurait être que «progressive» et accompagnée de mesures de «justice sociale», pour ne pas pénaliser «les gens en milieu rural ou en grande banlieue».
Coup dur pour le pouvoir d’achat. Une telle mesure, serpent de mer de la fiscalité française, que l’ex-gouvernement Jospin avait échoué à régler, est très tentante pour dégager des recettes fiscales. Mais elle frapperait un peu plus au portefeuille les automobilistes alors que les prix à la pompe frôlent de nouveau leurs records de 2012.
Le gouvernement, qui s’était attaqué l’an dernier à la cherté des carburants avec une baisse temporaire de la TICPE, ne peut pas «en quelques mois envoyer deux signaux diamétralement opposés», s’est insurgé Pierre Chasseray, de l’association 40 millions d’automobilistes.
Les constructeurs et les routiers font la grimace. Par ailleurs, cela alourdirait les difficultés des constructeurs automobiles français en pleine crise, en particulier PSA qui a énormément misé sur le diesel.
La Fédération nationale des transporteurs routiers a quant à elle exigé le maintien d’une fiscalité réduite sur le diesel à usage professionnel, le secteur se préparant déjà au «choc économique» de l’éco-taxe poids-lourd, qui s’appliquera en octobre. «Les entreprises n’ont pas d’autre choix que le diesel, en l’absence de carburant alternatif» pour les poids-lourds, a rappelé Nicolas Paulissen, de la FNTR.
Ecologistes et pétroliers… à l’unisson ! Ecologistes et pétroliers, pour une fois sur la même ligne, ont applaudi la Cour des comptes. «Maintenant, passons aux actes, le gouvernement doit proposer des mesures fortes pour 2014», a estimé Mathieu Orphelin de la Fondation Nicolas Hulot.
«Ce sera aussi quelque chose qui sera attendu par le secteur des raffineries en France puisque le paradoxe c’est qu’on importe du diesel et qu’on exporte de l’essence, donc ce sera aussi quelque chose de positif pour la balance commerciale, avait indiqué Delphine Batho le 21 février.
http://www.leparisien.fr/economie/l-atout-fiscal-du-diesel-menace-01-03-2013-2609123.php
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