Y’en a marre de Lagarde et de Tapie et surtout de toutes ces magouilles
Posté par ippolito le 20 avril 2013
L’affaire Tapie-Lagarde pour les nuls
La directrice du FMI sera auditionnée fin mai par la Cour de justice de la République : à l’occasion du dernier rebondissement de cette saga sans fin, rappel des épisodes précédents.
Son avocat l’a annoncé ce jeudi matin: la directrice du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, sera auditionnée fin mai par la Cour de justice de la République dans l’affaire Tapie.
Selon Mediapart, l’audition aura lieu le 23 mai. «Madame Lagarde aura ainsi enfin l’occasion d’apporter pour la première fois à la Commission les explications et précisions qui l’exonèrent de toute responsabilité pénale», a déclaré son avocat. Cette affaire, qui remonte à plus de vingt ans, est née du réglement d’un conflit opposant Tapie au Crédit lyonnais. Petit rappel pour ceux qui aurait raté le début.
Les prémices
Tout commence en 1992, quand Bernard Tapie (photo Reuters, 1988), qui rêve d’une carrière politique, entre au gouvernement. A la demande du Premier ministre de l’époque, Pierre Bérégovoy, il cède l’essentiel de ses entreprises. Dans le lot : Adidas, acheté deux ans plus tôt. Il confie le mandat de vente pour deux milliards de francs à sa banque, le Crédit lyonnais.
Sur le moment, Tapie est ravi d’en tirer un bon prix, car l’entreprise est en difficulté. Mais, quelques années plus tard, il découvre qu’il s’est fait avoir.
En utilisant des sociétés offshore, le Crédit lyonnais a en fait racheté l’équipementier sportif, avant de le revendre, une fois l’entreprise redressée, à Robert Louis-Dreyfus, touchant au passage une plus-value de plus d’un milliard de francs. Tapie crie au scandale. La bataille judiciaire peut désormais s’engager.
L’épisode de l’arbitrage
Pendant dix ans, les procédures se multiplient de part et d’autre. L’adversaire de Tapie change de visage. Il n’affronte plus la banque sauvée in extremis de la faillite, mais l’Etat à travers le Consortium de réalisation (CDR), l’organisme public chargé de liquider les vieilles affaires du Lyonnais.
Le dossier devient vite politique. En 2007, le candidat Sarkozy – que soutient Tapie – est élu. En octobre de la même année, la nouvelle ministre de l’Economie, Christine Lagarde, ordonne au CDR de régler le conflit par un arbitrage privé plutôt que par la justice ordinaire.
Lagarde dira plus tard que ce recours était justifié pour mettre fin à une procédure longue et coûteuse, selon elle. Trois arbitres sont désignés : Pierre Mazeaud, ancien président du Conseil constitutionnel, l’avocat Jean-Denis Bredin et le magistrat Pierre Estoup.
En juillet 2008, ils donnent raison sur tous les points à Tapie… Et ordonnent au CDR de verser à l’homme d’affaires 390 millions d’euros, dont 45 millions au nom d’un «préjudice moral».
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La désormais affaire Lagarde
Indignés de la tournure de l’affaire, des députés socialistes en appellent au procureur général auprès de la cour de cassation, Jean-Louis Nadal. Il rend un rapport accablant pour Christine Lagarde et saisit la cour de justice de la République, seule compétente pour juger les membres du gouvernement.
Le 4 août 2011, la cour ouvre une enquête visant Lagarde pour «complicité de faux» et «complicité de détournement de biens publics».
Entre-temps, elle a laissé son poste de ministre pour prendre la direction du Fonds monétaire international (FMI). Les poursuites interviennent un mois après sa prise de fonction, mais le FMI lui maintient sa confiance. Elle reste à son poste.
Dans cette affaire, Lagarde risque dix ans de prison et 150 000 euros d’amende. II lui est reproché d’avoir recouru à cet arbitrage privé alors qu’il s’agissait de deniers publics, d’avoir eu connaissance de la partialité de certains juges arbitres et de ne pas avoir exercé de recours contre cet arbitrage controversé.
Sarkozy rattrapé par l’affaire
Deux enquêtes sont désormais menées en parallèle. A celle diligentée par la Cour de justice de la République est venue se greffer une deuxième, judiciaire cette fois.
Une information judiciaire contre X a été ouverte à Paris en septembre 2012 pour «usage abusif des pouvoirs sociaux et recel de ce délit au préjudice du Consortium de réalisation (CDR)», ensuite étendue à «détournement de fonds publics» et «faux».
Dans ce cadre, de nombreuses perquisitions ont été réalisées ces derniers mois. Dans l’ordre : les domiciles et les bureaux de Bernard Tapie et de Stéphane Richard, qui était directeur de cabinet de Christine Lagarde au moment de l’arbitrage.
Le 27 février 2013, c’est au tour du bureau de Claude Guéant d’être passé au peigne fin. En fouillant ainsi chez l’ancien secrétaire général de l’Elysée, c’est Nicolas Sarkozy qui est en réalité visé. Les enquêteurs ont récupéré les agendas de l’ancien président où figurent dix-huit rendez-vous avec Tapie entre 2007 et 2010, souvent le week-end, et les deux tiers après son élection.
ANALYSE : «Guéant perquisitionné, Sarkozy soupçonné»
La liste des perquisitions s’est encore allongée ces dernières semaines avec les bureaux des trois juges arbitraux et le domicile parisien de Christine Lagarde. Une semaine après, le FMI lui a renouvelé une nouvelle fois sa confiance. C’était avant l’annonce de son audition prochaine devant la Cour de justice de la République.
http://www.liberation.fr/societe/2013/04/18/l-affaire-tapie-lagarde-pour-les-nuls_897200
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