• Accueil
  • > Archives pour le Dimanche 18 août 2013

Y’en a marre de l’austérité mais surtout du FMI et de la commission européenne

Posté par ippolito le 18 août 2013

Comment les tenants de l’austérité ont mis de l’eau dans leur vin

Face à la persistance de la récession, le FMI et la Commission européenne ont commencé à faire amende honorable. Récit d’un retournement de veste.

L’Allemagne devrait « fermement éviter » toute « surperformance budgétaire ». La France serait avisée de renoncer à ses 6 milliards de nouvelles augmentations d’impôts en préparation pour le budget 2014… 

Après avoir soutenu le concours de relance destiné à faire face à l’internationalisation de la crise des « subprimes » américains, puis l’application de plans de rigueur afin de restaurer la crédibilité budgétaire d’une zone euro piégée par la crise de la dette, le Fonds monétaire international (FMI) retourne une nouvelle fois sa veste.

 L’organisation dirigée par Christine Lagarde prône maintenant ouvertement un ralentissement de la réduction des déficits, au point de mettre François Hollande dans l’embarras. Pour l’année prochaine, le président socialiste se prépare à imposer aux Français un effort plus important que la recommandation de la très orthodoxe institution de Washington. 

Celle-là même qui avait calibré les plans d’ajustement drastiques de la Grèce, de l’Irlande et du Portugal, aux côtés de ses partenaires de la fameuse troïka, la Commission et la Banque centrale européennes !

À Athènes, la situation est tellement délicate que le Fonds doute ouvertement de l’application du plan d’ajustement. En septembre, dans un document censé rester confidentiel, il accusait les Européens d’avoir refusé d’envisager dès 2010 des alternatives à l’austérité, comme un effacement partiel de la dette grecque.

L’erreur sur les multiplicateurs

Un mois plus tard, son chef économiste reconnaissait une formidable erreur d’appréciation de tous les prévisionnistes sur les effets de la rigueur ! Depuis le début de la « grande récession », la plupart des gouvernements et des experts ont sous-estimé les « multiplicateurs « , écrivait le Français Olivier Blanchard – avec Daniel Leigh – dans une étude qui a fait grand bruit*. 

En d’autres termes, ils ont mal évalué les effets sur l’activité économique de un euro d’impôt supplémentaire ou de baisse de dépense. Selon la théorie keynésienne, en effet, toute baisse ou hausse de la dépense publique a des répercussions sur la croissance. 

C’est même pour cette raison que Keynes recommande la relance par la dépense publique dans certaines circonstances, estimant que un euro de dépenses publiques génère plus de un euro d’activité économique (multiplicateur supérieur à 1). 

En revanche, avant la crise, l’expérience montrait que un euro de restriction budgétaire entraînait une baisse de « seulement » 50 centimes de l’activité économique (soit un multiplicateur de 0,5).

 Seulement voilà, en se fondant sur l’étude de 28 pays, Blanchard estime pouvoir affirmer que ce chiffre est notoirement plus élevé depuis 2008. À l’en croire, il est plutôt compris entre 0,9 et 1,7 ! Un euro de hausse d’impôt ou de baisses de dépenses publiques entraîne une baisse de la richesse produite de 90 centimes d’euro dans le meilleur des cas. 

Comment les économistes ont-ils pu passer à côté d’un tel constat ? C’est qu’ils n’auraient pas assez pris en compte le contexte singulier dans lequel étaient appliquées les cures de rigueur. 

Non seulement elles étaient mises en oeuvre dans de nombreux pays à la fois, au moment où les capacités de production n’étaient déjà pas toutes utilisées à plein, mais en plus elles ne pouvaient plus être compensées par des assouplissements de politique monétaire, celle-ci étant déjà la plus accommodante possible.

L’étude qui fait polémique

Les conclusions de FMI ont beau avoir été vigoureusement contestées par la Commission européenne**, la brèche était ouverte. « Les politiques actuelles ont atteint leurs limites à bien des égards, car leur succès ne dépend pas uniquement de la manière dont elles sont conçues. Il doit y avoir un minimum de soutien politique et social », a fini par reconnaître en avril 2013 le président de l’exécutif bruxellois, José Manuel Barroso. 

Peu avant, des chercheurs de l’université du Massachusetts avaient mis au jour des erreurs de calcul dans une étude de deux économistes américains reconnus – dont un ancien chef économiste du FMI -, qui concluait que, au-delà d’un ratio de 90 % du PIB, la dette publique bridait la croissance.

 Quoi qu’on pense de cette dispute académique, elle avait mis dans l’embarras le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn. En 2011, le Finlandais s’était en effet publiquement appuyé sur l’étude controversée pour justifier sa politique : « Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff ont démontré la règle du 90 %

. Une dette publique élevée pèse sur l’activité économique et sur la dynamique entrepreneuriale et, en conséquence, grève la croissance. Cette conclusion est particulièrement importante actuellement pour l’Europe, où les niveaux de dette des principaux pays sont au seuil des 90 %, seuil que les États-Unis ont déjà passé. »

Le traité « Merkozy », une porte de sortie

Olli Rehn a donc rapidement été obligé de mettre de l’eau dans son vin : l’Italie, qui a réussi à revenir au-dessous des 3 % de déficit, a obtenu le droit de déduire de son calcul ses investissements cofinancés avec l’Union européenne. Le cas de la France est encore plus frappant. 

L’année dernière, le Finlandais était encore inflexible sur le retour aux 3 % de déficit en 2013. 

Puis il avait finalement reconnu que l’objectif était intenable : malgré un ajustement budgétaire sans précédent de presque 40 milliards prévus dans le budget 2013, la barre fatidique fixée dans le traité de Maastricht ne serait pas atteinte, à cause de l’effondrement de la croissance. 

À moins d’imposer à l’Hexagone un nouveau plan de rigueur potentiellement délétère pour l’activité économique, Olli Rehn ne pouvait que reculer. Il s’était alors résolu, dès la fin 2012, à envisager de donner un an supplémentaire à François Hollande, tout en exigeant de lui qu’il revienne « nettement » au-dessous des 3 % dès la fin 2014. Las ! 

Quelques mois plus tard, à peine le programme de stabilité hexagonal entérinant le report d’un an, il jugeait bon d’assouplir encore sa position : le délai accordé sera finalement de deux ans, jusqu’à fin 2015. 

Ironie de l’histoire, la Commission a pu fonder sa décision dans le respect des règles européennes, grâce au nouveau traité de stabilité budgétaire européen tant critiqué par les détracteurs de l’austérité. 

Finalement endossé par François Hollande, le traité « Merkozy », comme il avait été surnommé, fixe en effet des objectifs en terme de déficit structurel, c’est-à-dire indépendamment des variations de la croissance à court terme, plutôt qu’en termes de déficit classique, très dépendant des à-coups de la conjoncture.
 
* « Perspectives de l’économie mondiale 2012″, FMI, page 44.

** « Prévisions économiques d’automne 2012, Erreurs de prévisions et incertitudes sur les multiplicateurs », page 44.

http://www.lepoint.fr/economie/comment-les-tenants-de-l-austerite-ont-mis-de-l-eau-dans-leur-vin-17-08-2013-1714833_28.php

Publié dans Y'en a marre de la crise | Pas de Commentaire »

 

MesMots |
The World News Times |
Conserver notre cadre de vi... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Manger!...Manger!
| sauver mon exploitation
| PASSION OCEAN