Y’en a marre de la vie pépère des Assad à Paris surtout par rapport à ce qui se passe en Syrie
Posté par ippolito le 22 septembre 2013
Luxe, cash et polygamie La vie pépère des Assad à Paris
Alors que la France rechigne à accueillir les réfugiés syriens, l’oncle de Bachar el-Assad vit à Paris en toute quiétude. Tout va bien pour lui et ses seize enfants, et si le tyran de Damas tombe, ce dernier ne les entraînera pas dans sa chute. Ils ont désormais des papiers d’une lointaine île des Caraïbes et du fric à ne plus savoir qu’en faire. Révélations.
Ça sent le roussi pour Bachar el-Assad, mais, contrairement au tyran de Damas, qui risque de se prendre un jour une bombe sur la tête, d’autres membres de cette joyeuse famille de dictateurs ne risquent rien, ou presque. Regardez Rifaat, l’oncle du président syrien, exilé après une tentative de coup d’État contre son frère Hafez (l’ancien maître du pays, père de Bachar) et gentiment accueilli en France par Mitterrand en 1984.
Ancien vice-président de la Syrie, Rifaat el-Assad vit paisiblement entre Paris (relire Charlie du 5 octobre 2011), Marbella et Londres, bien loin du bourbier syrien et du gaz sarin, jouant au pseudo-opposant au régime actuel et lui distribuant bons et mauvais points. «Bachar est gentil, mais il ne prend pas les bonnes décisions», osait-il dans Paris Match en 2012. Ben voyons.
Difficile d’imaginer que celui qui fut chef redouté et redoutable des milices du régime et responsable du massacre de Hama, alors le fief des Frères musulmans, en 1982 (15 000 morts au bas mot), tout en étant jusqu’au début des années 1980 un soutien plus ou moins occulte de groupes terroristes, continue à dormir tranquille sur ses deux oreilles.
Et pourtant, si: ce polygame (il a quatre femmes), père de seize enfants, s’est concocté un plan de repli, une retraite fin prête pour le jour où une éventuelle guerre lui rendrait la vie impossible dans nombre de pays.
Quand Bachar tombera, les protections et passe-droits auxquels il a eu droit durant toutes ces années risquent de disparaître. Mais Rifaat el-Assad a des papiers et du fric. De quoi vivre (bien) le temps d’une guerre.
GRENADIN, PAS GREDIN
Comme Charlie peut le révéler, le petit malin s’est procuré en toute discrétion la nationalité de l’île de la Grenade. Ce petit bout de terre perdu dans les Caraïbes, membre du Commonwealth, est apprécié des touristes amateurs de plages de sable fin, mais aussi des blanchisseurs d’argent sale, tant il est réticent à coopérer contre l’évasion fiscale.
Mais peut-être Rifaat el-Assad ainsi que d’autres membres du clan, comme sa fille Sabla, avocate à Paris jusqu’à une date récente, ont-ils choisi d’investir dans la noix de muscade, l’autre spécialité du cru, au point de devenir de loyaux citoyens de la Grenade…
Toujours est-il qu’ils ont acquis des propriétés sur place. Par quelles ficelles le clan a-t-il obtenu la nationalité et les passeports? Mystère. On n’ose imaginer qu’ils aient pu les acheter… Les autorités de Saint-Georges, la capitale grenadine, ont eu beau fouiller dans le casier judiciaire de l’ex-chef milicien, elles n’ont rien trouvé, comme en atteste le certificat que Charlie a déniché (voir document). Les 15 000 morts de Hama n’ont pas laissé de traces à Interpol.
La quête de papiers a toujours été une prio-ité de Rifaat el-Assad, exilé depuis sa tentative de coup d’État contre son frère. Le roi du Maroc, Hassan II, avait en son temps filé à ce Syrien errant une cinquantaine de passeports marocains, au cas où. Mitterrand lui avait proposé la nationalité française, assure son porte-parole, qu’il aurait «refusée».
La France n’a jusqu’à aujourd’hui naturalisé qu’un seul Assad: son fils Soumar. Un autre de ses fistons a néanmoins essayé : Siwar, un homme d’affaires, directeur d’une chaîne de télé arabe de Londres et écrivain à ses heures. Installé à Levallois, où il s’est marié en 2006, il a fait un lobbying d’enfer:
après avoir fait un don de 100 000 euros à la ville, il a aussitôt demandé au député-maire, un certain Balkany, de soutenir sa demande de naturalisation. «C’est vrai que ce monsieur a fait un don mais c’était à l’association des handicapés de la ville, rectifie Isabelle Balkany. En attendant, cela n’a rien à voir avec le fait de soutenir sa demande de naturalisation, il s’agissait d’une intervention comme une autre.»
En tout cas, Balkany a transmis le dossier à son grand copain Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, qui a chargé Hortefeux de suivre l’affaire. Comme il l’a indiqué dans une lettre, le 2 janvier 2007, Sarko a «tout particulièrement» signalé le dossier à son collègue du gouvernement Jean-Louis Borloo, qui avait alors la tutelle des services de l’immigration. À quatre mois de la présidentielle, il n’avait probablement que ça à faire…
Hélas pour le cousin de Bachar, la manœuvre n’a pas fonctionné. Et pour de bonnes raisons:l’enquête fiscale menée pour toute demande de naturalisation a révélé que ledit Siwar avait un gros arriéré d’impôts, et l’administration concernée n’aime pas ça du tout.
Depuis, l’intéressé semble trouver plus de charme à Londres qu’à Levallois, qu’il a déserté. Il y a été un peu forcé: le gouvernement vient de refuser de proroger son titre de séjour en France, qui deviendra caduc fin septembre, comme le confirme le porte-parole des Assad. C’est la première fois qu’un membre du clan subit une telle déconvenue… Signe que le vent tourne?
LE FISC, CONNAÎT PAS
Les Assad, il faut bien le dire, sont fâchés avec le fisc, réglant leur dû à la solidarité nationale au petit bonheur la chance. «Ils s’en sont toujours fichus, témoigne un fonctionnaire qui les connaît bien. Il faut dire que beaucoup de gens censés travailler pour eux les ont utilisés à leur profit et fait n’importe quoi.» Différents documents consultés par Charlie le démontrent. La taxe foncière et la taxe d’habitation? Connaît pas, chez les Assad. Les impôts dus par les sociétés étrangères propriétaires d’immeubles en France? Idem.
Nos pauvres hères sont littéralement persécutés par le fisc. La société Al Jinane, une des structures luxembourgeoises de la famille, détenant plusieurs appartements à Paris, avait en 2010 un impayé de 130163 euros et a été mise en recouvrement. Oui, carrément. Les Assad ont vu aussi un de leurs beaux apparts saisi et vendu aux enchères. Saisi, vous imaginez? Appartenant à l’un des fils, Dureid (copain d’école et d’armée de cousin Bachar), qui avait oublié de payer 568869,11 euros, il a été vendu à la bougie le 31 mai 2007. Ouf, sauvé: c’est une société appartenant au clan qui l’a racheté pour 2,3 millions.
«Cette gestion financière erratique prouve une fois de plus qu’ils font réellement n’importe quoi», se marre notre fonctionnaire. Les charges de copropriété ont elles aussi été régulièrement oubliées, au point d’atteindre parfois plusieurs centaines de milliers d’euros. «Mais aujourd’hui ils paient rubis sur l’ongle», rapporte fièrement la présidente du conseil syndical du 100, avenue du Président-Kennedy.
Car l’argent coule à flots à Damas-sur-Seine, l’empire immobilier de Rifaat el-Assad, détenu grâce à un entrelacs de sociétés planquées dans les paradis offshore, de Panamá (plus de trente coquilles ont regroupé au fil des ans ses femmes, fils et filles en guise d’administrateurs) au Luxembourg, pour les sociétés les plus récentes.
Loin de la petite Damas espagnole qu’il a créée près de Marbella en achetant des immeubles entiers, boutiques et boîtes de nuit, le tout dégoulinant de marbres et de stucs, Rifaat el-Assad possède en France de très nombreux biens, sans qu’aucun d’entre eux soit d’ailleurs à son nom:
une propriété de 45 hectares dans le Val-d’Oise abritant une trentaine de familles syriennes, des murs commerciaux à Lyon, plusieurs dizaines d’appartements de grand standing à Paris, à deux pas de la Maison de la radio et quai André-Citroën, dans la tour Orphée, une poignée de maisons toutes mignonnes dans le XVIe, et même un terrain vague, rue Jasmin, dans le XVIe arrondissement, probablement le terrain vague le plus cher de Paris.
Après avoir détruit l’édifice, appartenant jadis à l’Aga Khan, en 1991, Rifaat el-Assad n’a jamais reconstruit quoi que ce soit, en dépit des permis de construire déposés au fil des ans. Le Conseil de Paris a donc voté en juillet 2013 une déclaration d’utilité publique visant à l’exproprier.
Assad a déposé un nouveau permis de construire, susceptible de retarder la procédure. De quoi énerver David Alphand, conseiller municipal, qui ne supporte pas l’idée que l’ancien milicien syrien vive à Paris en toute impunité. «J’ai adressé fin juillet une lettre à François Hollande demandant le gel de ses avoirs immobiliers», explique-t-il.
Contrairement à ce projet immobilier qui végète depuis vingt-deux ans, le clou de ses acquisitions françaises est constitué d’un immeuble entier avenue Foch, meublé avec un luxe inouï: cet hôtel particulier de sept étages abrite ses deux dernières femmes, Line Al Khayer (aux 3e et 4e étages) et Raja Barakat (5e et 6e), quand elles ne sont pas à Londres ou à Marbella. Les deux épouses se tirant la bourre, des ascenseurs distincts ont été aménagés pour qu’elles n’aient pas à se croiser…
En 2010, les assureurs ont mandaté des experts, et leurs rapports donnent le tournis: la valeur des tapis atteint quelque 2 millions d’euros, et celle des meubles, pendules, tapisseries et bibelots de toutes époques, près de 5 millions… L’hôtel particulier a été mis en vente, a écrit Libération, mais n’a finalement pas trouvé acquéreur, tout comme les propriétés espagnoles du clan. On peut imaginer que la crise immobilière et la personnalité sulfureuse du vendeur rebutent les investisseurs.
JEU DE CASH-CASH
Personne n’a jamais cherché à savoir d’où provient la fortune de celui qui commanda l’armée syrienne dans la Bekaa, une plaine long-emps considérée comme un royaume du pavot et de l’héroïne: les mauvaises langues murmurent en tout cas qu’il aurait fait fortune grâce à la poudre et d’autres trafics…
Faut-il y voir une relation de cause à effet? L’argent liquide a de tout temps été un moyen de paiement particulièrement prisé, pour le clan comme pour ses chauffeurs, gardes du corps ou autres anciens barbouzes syriens, des dizaines de petites mains logées notamment dans la propriété du Val-d’Oise.
Une partie de ce petit monde était payée, jusqu’à récemment, en enveloppes de billets. Probablement, là encore, une tradition familiale… Dans le temps, un homme de confiance allait chercher chaque mois une belle mallette de fric au guichet d’une banque parisienne. Ce fut longtemps à la banque Audi.
Puis à la Société générale, place Victor-Hugo, où étaient retirés quelque 200000 euros mensuels. Les biftons étaient ensuite distribués à qui de droit. Un jour, une secrétaire s’est fait la malle avec les 20000 euros destinés à l’une des dames Assad.
À la fin des années 2000, les banquiers ont commencé à tiquer et ont fini par refuser de filer tant de cash à la fois. Résultat, Rifaat s’est mis à envoyer des larbins chercher du liquide en Espagne, chacun transportant quelque 9950 euros — c’est-à-dire moins de 10 000 euros, somme à partir de laquelle une déclaration aux douanes est obligatoire. Certains employés, qui visiblement préféraient que leur rémunération ne laisse pas de traces, ont néanmoins fini par ouvrir des comptes bancaires…
Des employés français ont eu droit, eux aussi, à leur gratification: un flic à la retraite et son épouse, qui supervisent la sécurité de Rifaat et de ses femmes depuis que l’État ne s’en charge plus, touchent quelque 5000 euros en cash tous les mois.
Quand le Service de protection des hautes personnalités (le SPHP, les anciens VO) du ministère de l’Intérieur gérait encore la protection du tonton, une fliquette, détachée à ses côtés en permanence jusqu’en 2005, a perçu durant des lustres la somme de 1400 euros, en plus de sa solde de fonctionnaire. Il paraît que les pourboires sont fréquents pour les flics du SPHP, mais au ministère, on se gausse encore des sacs de luxe qu’elle arbore régulièrement…
Par contre, il est rarissime qu’une protection soit assurée par un seul fonctionnaire, la règle de base étant que des équipes de deux se relaient auprès de la personnalité à protéger. Encore un passe-droit accordé à Rifaat?
Ça se passe comme ça chez les Assad, mais peut-être plus pour longtemps.
Laurent Léger
http://www.charliehebdo.fr/news/luxe-cash-polygamie-assad-975.html
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