Y’en a marre que la santé soit devenu un produit de consommation
Posté par ippolito le 24 septembre 2013
La santé est devenue un produit de consommation
Le nouveau livre de Véronique Vasseur, Santé, le grand fiasco (Flammarion), est un cri du coeur, à double titre. Parce que cette praticienne qui avait dénoncé les conditions de vie des détenus (1) écrit cette fois en famille, avec sa fille, Clémence Thévenot, journaliste.
Parce que ce travail doit beaucoup à l’expérience du Dr Vasseur, confrontée tous les jours, à l’hôpital Saint-Antoine, à Paris, aux travers, aux dérapages, aux difficultés qu’elle décrit. Et qu’elle combat. « J’ai chassé les visiteurs médicaux de mon service depuis trois ans, je donne très peu de médicaments et je passe du temps avec les patients afin de leur expliquer pourquoi », explique-t-elle à L’Express, qui publie de larges extraits de cet ouvrage (voir page 48).
Que les Français consomment trop de médicaments, que la logique du marketing des laboratoires pharmaceutiques ne rencontre guère de résistances, que les médecins ne se trouvent pas là où l’on en a besoin, etc., d’autres l’ont déjà établi. Véronique Vasseur et Clémence Thévenot étaient ces constats de manière très précise, par des enquêtes, des rapports, des documents.
L’originalité de leur démarche vient de cette exhaustivité et de la désignation d’un coupable inattendu: l’assuré social. La santé est devenue un produit de consommation comme un autre, qui nourrit Internet, magazines et séries télé. George Clooney et Dr House font du bien à l’audience, pas forcément à l’information. L’ayant droit s’est substitué au malade.
Dans un univers où tout semble gratuit, chacun veut profiter du buffet. « Qui, aujourd’hui, connaît le véritable tarif minimal d’une journée d’hospitalisation (781,52 euros) ou d’une IRM du thorax (240,40 euros)? » questionnent les deux femmes.
Les gouvernements successifs tentent de limiter les dégâts financiers en diminuant la prise en charge publique. Provoquant une montée en régime des complémentaires santé, c’est-à-dire la privatisation de la Sécurité sociale. Au final, 4 millions de personnes renoncent aux soins les moins bien remboursés, constatent les auteurs. Pas forcément les plus démunies, qui bénéficient de la CMU, de la CMU complémentaire ou de l’aide médicale d’Etat, l’AME. Véronique Vasseur et Clémence Thévenot osent s’attaquer à ce tabou. Elles ne contestent pas le principe de ces dispositifs, mais leurs dérives. « [Ils] sont aussi source de gaspillage, d’abus et peut-être même d’une certaine forme de discrimination positive », écrivent-elles, relançant un débat très urticant.
« Ecologie du soin »
Peut-on dépenser moins sans dégrader la qualité des soins? Alors qu’une réforme des retraites est politiquement dangereuse, mais techniquement simple, celle de l’assurance-maladie est tout aussi risquée et, de plus, très complexe. Elle passe par une série de micro- décisions qui nécessitent courage et suivi. Mais peuvent rapporter gros: dans son dernier rapport sur la Sécurité sociale, rendu public le 17 septembre, la Cour des comptes estime que la montée en régime de la chirurgie ambulatoire permettrait de gagner à terme 5 milliards d’euros. Véronique Vasseur et Clémence Thévenot proposent, elles, une « écologie du soin », une transition sanitaire du « toujours plus » au « un peu moins »: moins de jours de maternité, d’autorisation de mise sur le marché pour les médicaments, de transports en ambulance. Des mesures qui supposent la volonté des politiques et l’acceptation par leurs électeurs.
EXTRAITS
Trop d’examens inutiles*
De nombreuses pratiques sont à proscrire, car jugées inutiles et potentiellement nocives. Parmi elles, les bilans de santé gratuits proposés par l’assurance-maladie. Environ 600 000 personnes s’y soumettent tous les ans, avec notamment des analyses biologiques mesurant de nombreux paramètres dans le sang et les urines. Un médecin a remarqué que « les patients affluent au cabinet à la moindre petite anomalie détectée lors de ces dépistages de la Sécu ». Pourtant, ces tests ne réduiraient pas la morbidité et la mortalité, ni globalement, ni pour les pathologies cancéreuses, ni pour les maladies cardio-vasculaires (2).
Avec les progrès de l’imagerie médicale, qui permettent d’affiner le diagnostic, plusieurs examens ne servent pas à grand-chose, comme la radio du crâne, qui n’est plus indiquée dans la presque totalité des cas. Pourtant, on continue à pratiquer 900 000 radios du crâne par an, pour la plupart inu-tiles (3). Coût ? 16 millions d’euros dépensés pour rien. [...] De même, si l’opération de l’appendicite a bien diminué, elle reste encore plus fréquente qu’à l’étranger. [...] Si le taux d’interventions, très variable d’un département à l’autre, s’alignait sur celui de l’Ile-de-France, pour les seuls moins de 20 ans on réaliserait chaque année 15 000 opérations de moins. [...]
Le nombre de césariennes ne cesse de se développer, surtout dans les cliniques privées, où elles sont pratiquées souvent à la demande des futures mamans. 20,2% en 2009, contre 14% en 1991. Parfois médicalement injusti- fiées, elles deviennent alors des actes de confort pour ces femmes, qui peuvent ainsi gérer leurs emplois du temps comme bon leur semble. [...] Face aux diverses motivations des futures mères (douleur, fatigue, organisation, besoin de la présence de l’obstétricien), les accoucheurs répondent favorablement, notamment parce que la césarienne protège mieux qu’un accouchement traditionnel en cas de pépin. Seulement voilà, l’acte coûte 20 % de plus. [...]
afp.com/Mychele Daniau
Pour les cliniques privées qui programment une fois et demie plus de césariennes que les hôpitaux publics (40% des accouchements se font par césarienne dans le privé, contre 16% dans les hôpitaux publics), il s’agit aussi de maîtrise des budgets, un accouchement planifié permettant une permanence des soins optimisée.[...]
Le syndrome du canal carpien, une affection de la main très répandue, nécessite 150 000 opérations par an : c’est l’une des interventions les plus fréquentes (+ 25% en neuf ans) et les plus dispendieuses, aussi, avec un coût global de 185 millions d’euros (comprenant l’acte lui-même, les arrêts de travail et la rééducation). Dans un récent rapport, l’assurance-maladie a montré que de nombreux gains d’efficience étaient possibles, en réduisant les opérations injustifiées, les congés maladie excessifs dus aux délais d’attente avant l’intervention, ainsi que les arrêts trop longs après celle-ci. [...]
Un abus de dépistages
Très lucratifs pour l’industrie pharmaceutique qui finance volontiers des campagnes en leur faveur, les dépistages sont pratiqués à grande échelle, principalement pour déceler le cancer de la prostate, du sein, du côlon ou de l’utérus. Le dépistage, comme la prévention, sauve des vies, mais ce qu’on dit moins, c’est qu’il conduit trop souvent à des diagnostics en abondance et favorise parfois l’émergence du risque physique en transformant des bien portants en malades. Plus on dépiste, plus on diagnostique, notamment quand les tumeurs examinées sont petites. C’est en effet un inconvénient du dépistage que de détecter « des cancers qu’il eût mieux valu ignorer (4) ».
Face au cancer du sein, le plus répandu chez la femme, la prévention apparaît indispensable. « Détecté tôt, le cancer du sein peut être guéri dans 9 cas sur 10″, estime l’Institut national du cancer (Inca). Mais les cas de surtraitement existent aussi et constituent un problème de santé publique, la répétition abusive de mammographies pouvant se révéler néfaste. Dans le cadre de ce dépistage, une controverse scientifique met en effet en lumière l’apparition, depuis une dizaine d’années, de nombreux diagnostics erronés et traitements inutiles. Des surdiagnostics détectent des petites tumeurs cancéreuses n’évoluant pas toujours vers la maladie et conduisent parfois à des traitements inutiles et souvent lourds de conséquences (ablation du sein, radiothérapie, chimiothérapie).
© dr
Soignés « inutilement », ces « petits cancers » donnent l’illusion de l’efficacité des traitements. Selon certaines études, si 2 000 femmes sont examinées régulièrement pendant dix ans, une seule d’entre elles bénéficiera réellement du dépistage par le fait qu’elle évitera ainsi la mort par cancer du sein. Mais dix femmes en bonne santé seront traitées inutilement (5). Sans parler du risque de voir 1 cancer sur 1 000 induit par la mammographie elle-même. N’oublions pas que si le dépistage systématique n’est pas proposé avant 50 ans, c’est parce que le sein plus jeune est plus sensible à l’irradiation.[...]
D’autres dépistages sont loin de faire l’unanimité, tel celui du cancer de la prostate par dosage de la protéine PSA. 5 millions de tests sont pourtant réalisés chaque année en France, le plus souvent à la suite d’une ordonnance. Le médecin prescrit, le patient est rassuré. Mais ce dernier bénéficie-t-il d’une information « loyale et transparente » quant aux effets secondaires des traitements? La plupart du temps non, sinon il ne se ferait pas dépister.
Aux Etats-Unis, ce dépistage est rejeté parce que jugé inefficace et dangereux. La Haute Autorité de santé se prononce, elle aussi, dans l’Hexagone, contre ce dépistage généralisé pour les hommes considérés « à risque », estimant que la définition des facteurs de risque n’est pas assez précise et qu’il est difficile de cerner une telle population. L’efficacité de ce test, fondé sur un examen sanguin qui mesure le taux de la protéine PSA, est très controversée. Indispensable pour les uns, fausse bonne idée pour les autres.
Une étude européenne, ayant suivi sur neuf ans près de 163 000 hommes, a montré que l’efficacité du dépistage restait très modeste, les auteurs ayant calculé qu’il fallait dépister 1 410 hommes et en traiter 48 pour éviter un seul décès par cancer (6)! Surtout, les actes médicaux suivant le dépistage, biopsies mais aussi traitements plus ou moins invasifs, peuvent provoquer des cas d’impuissance ou d’incontinence urinaire. [...]
Autres pratiques à proscrire, les répétitions inutiles d’analyses comme le bilan thyroïdien, hépatique ou lipidique. « Les analyses redondantes, consistant à prescrire un nouveau dosage sanguin ou un nouvel examen considéré comme plus performant, sans qu’on abandonne l’ancien pour autant, sont sans bénéfice pour le patient », assène l’Académie nationale de médecine. La responsabilité du corps médical dans ces dérives est manifeste, tout comme celle des consommateurs, qui devraient limiter les examens superflus. C’est la faute de personne et de tout le monde, ce qui crée une forme d’irresponsabilité générale.
Le procès de l’aide médicale d’Etat (AME)
L’AME est accordée aux personnes étrangères, non européennes, en situation irrégulière, résidant en France (la moitié vit à Paris et en Seine-Saint-Denis) depuis plus de trois mois de façon ininterrompue, et disposant de ressources inférieures à 661 euros par mois. En pratique, le délai est nettement plus long, étant donné les démarches administratives. Globalement, il s’agit donc de sans-papiers qui travaillent illégalement et dont les ressources sont invérifiables.
Selon les chiffres, 220 000 bénéficiaires de l’aide médicale d’Etat peuvent se faire soigner gratuitement en France grâce à une prise en charge à 100 % des soins médicaux et d’hospitalisation en cas de maladie ou de maternité, dans la limite des tarifs de la Sécurité sociale, sans avance de frais. Répondant à des considérations autant éthiques que sanitaires (particulièrement en cas de maladies contagieuses), l’AME apporte aide et soins aux immigrés même illégalement installés sur le territoire français.[...] Entre 2002 et 2011, [les dépenses au titre de l'AME] sont passées de 377 à 609 millions d’euros. [...] Si le bénéfice de l’AME est réel en termes de santé publique et d’accès aux soins des populations les plus démunies, un certain nombre de critiques s’élèvent face aux inégalités de traitement. [...]
Un patient AME est, en effet, mieux couvert qu’une personne payant ses cotisations mais n’ayant pas de mutuelle ou pas accès à la CMU complémentaire. Un clandestin capable de justifier de sa présence sur le territoire depuis trois mois est pris en charge à 100%, alors que le bénéficiaire de la Sécurité sociale n’est pris en charge qu’à 70% pour ses consultations et entre 15 % et 65 % pour les médicaments. Au ticket modérateur s’ajoutent, en effet, les franchises, le paiement de 1 euro forfaitaire par consultation et le forfait hospitalier. [...] A niveau de ressources équivalent (environ 650 euros par mois), le travailleur régulier français ou étranger bénéficiaire de la CMU complémentaire cotise donc directement et indirectement (CSG et parts salariales et patronales des cotisations sociales) plus de 2 000 euros par an pour bénéficier du même niveau de protection que l’étranger en situation irrégulière pris en charge gratuitement par l’AME. Si le travailleur régulier français ou étranger a des ressources supérieures à ce seuil de 650 euros, il devra souscrire à une complémentaire santé. N’est-ce pas ubuesque?
Ce type de discours irrite les associations sur le terrain. Pour le Dr Philippe Tard, travaillant depuis dix ans à Médecins du monde (MDM), « ceux qui évoquent une suppression de l’AME, ou des restrictions à la marge, comme l’institution de franchises, ne se sont manifestement pas penchés sérieusement sur le sujet. Je ne parle même pas du problème moral : comment laisser sans soins des populationsdémunies qui ne se trouvent pas à des milliers de kilomètres, mais à notre porte ? [...] Les abus, les détournements de la législation sont inévitables dans une société soucieuse des droits humains. Il faut craindre que la recherche de la suppression de ces abus, aussi irritants et injustes soient-ils, n’aboutisse à des abus beaucoup plus graves.
En l’absence de prise en charge régulière, de nombreuses pathologies (par exemple un diabète, une hypertension artérielle, une infection – VIH ou tuberculose) conduiraient à des décès, ou plus probablement à un engorgement de services d’urgence déjà débordés ». [...] L’utilité de cette institution est évidente pour les soins d’urgence et/ou graves. En revanche, les dérapages crispent le corps médical quand il s’agit de pathologies peu urgentes ou quand ils découvrent des bénéficiaires de l’AME exploitant les failles du système.
Journées de sensibilisation: beaucoup de marketing
REUTERS/Jacky Naegelen
Les laboratoires « participent à l’information des patients, en étant parfois à l’origine de campagnes de sensibilisation précoces au caractère parfois trompeur ; ils contribuent au financement de campagnes d’éducation pour la santé (6) », relève aussi l’Igas. De fait, on ne compte plus les journées consacrées à telle ou telle pathologie: Journée mondiale de l’obésité, Journée mondiale du diabète, Journée de la ménopause, Journée du psoriasis, etc. Des événements qui incitent, à terme, les citoyens à venir consulter ou faire des examens, souvent mis au point par les labos. L’astuce? Plus le diagnostic est précoce, plus les traitements médicamenteux sont pris en amont, donc sur une plus longue durée. Ce type de prévention relève aussi du marketing, savamment orchestré par les laboratoires qui financent largement ce type de manifestations (8).
La campagne nationale de sensibilisation au diabète diffusée dans l’Hexagone en novembre a, ainsi, été réalisée avec le soutien des laboratoires Novo Nordisk. L’entreprise danoise finance des tests de dépistage gratuits, permettant à des milliers de diabétiques qui s’ignorent d’entrer dans un engrenage médical. Un jackpot pour les laboratoires, renforcé par l’abaissement des seuils de diagnostic. On était considéré diabétique à partir d’une glycémie supérieure à 1,40 g/l à jeun jusqu’à ce qu’en 1997 un comité de l’OMS abaisse le seuil à 1,26 g/l à jeun. Du coup, on a augmenté le nombre de malades et les traitements.
Le filon des associations de malades
En 2013, l’information médicale se fait avant tout sur Internet. Au moindre pépin de santé, on surfe pour se rassurer et orienter son choix thérapeutique le plus rapidement possible. Au-delà des sites généralistes, des sites dédiés à telle ou telle pathologie fleurissent sur le Web dans le cadre d’associations de malades. Or « l’industrie pharmaceutique intervient dans le financement d’associations de malades, au point, parfois, de les créer de toutes pièces », explique l’Igas. « Certaines associations soutenues se voient positionnées comme interlocutrices privilégiées par les institutions internationales, notamment par la Commission européenne (7). »
La publicité pour les médicaments vendus sur ordonnance étant interdite, des laboratoires visent directement certains viviers d’usagers potentiels en finançant leurs associations. 103 labos ont ainsi versé 5,8 millions d’euros en 2011 à 356 associations de patients, dont l’Association française des diabétiques, l’Association pour la lutte contre le psoriasis, Asthme & allergies, l’Association française des hémophiles, la fédération Aides, l’Association française contre les myopathies, SOS Hépatites, pour ne citer qu’elles. [...]
Des visiteurs qui s’incrustent
Du côté des médecins installés, l’influence des labos est plus directe, plus personnelle aussi, grâce à l’arme fatale des firmes : les visiteurs médicaux. Noyé par la multitude de médicaments disponibles sur le marché (plus de 4 000), le médecin voit le choix de telle ou telle prescription orienté en fonction des informations dont il dispose, autrement dit celles dispensées par les laboratoires, notamment via leurs commerciaux. Pour le collectif Formindep (9), « cette capacité à trier l’information est une véritable compétence professionnelle que les médecins n’ont pas acquise et ne maîtrisent pas pour la plupart, du fait entre autres d’une formation médicale initiale et continue sous la coupe des firmes pharmaceutiques ».
La machine est bien huilée. 3 milliards d’euros sont dépensés par les labos chaque année pour promouvoir leurs produits (chiffres Igas 2007). Des stratégies marketing faramineuses mais terriblement efficaces. Les labos dégainent donc leurs meilleurs atouts, les visiteurs médicaux, bons commerciaux parfois, au physique avantageux souvent (majoritairement des femmes), et qui savent vendre des pilules comme des boîtes de chocolat. 24 000 visiteurs médicaux se relaient chez les 200 000 médecins, qui reçoivent jusqu’à quatre visites par an pour un même produit. Quand un spécialiste voit cinq visiteurs médicaux par semaine, un généraliste en reçoit entre dix et vingt ! Un matraquage qui marche souvent, puisque 35 % des médicaments seraient prescrits par abus.
A l’hôpital même, les visiteurs médicaux fréquentent assidûment les couloirs. Lundi, on se fait le quartier des neurologues pour vendre notre truc contre l’Alzheimer ; mardi, ce sera cardiologie au second… Au final, la stratégie commerciale fonctionne, les labos fournissant leurs produits aux hospitaliers à des prix défiant toute concurrence. Une pratique qui pousse les praticiens à prescrire toujours plus à l’hôpital.
Une émotion? Un médicament!
En France, au moindre bobo à l’âme, une pilule est prescrite. [...] Les états d’âme des acheteurs potentiels de médicaments sont le terrain de jeu fétiche des laboratoires, avides de dénicher de nouvelles pathologies.
Et ils en trouvent puisque sont apparus, depuis quelque temps : le « trouble affectif saisonnier » (le spleen quand les jours raccourcissent), le « trouble explosif intermittent » (la colère au volant), le « trouble dysphorique prémenstruel » (être d’une humeur de chien avant ses règles), le « trouble oppositionnel avec provocation » (l’esprit réfractaire)… »Les gens ne supportent pas d’être fatigués, d’avoir des insomnies ou d’être tout simplement tristes. Ils pensent qu’en tant que médecin on va régler tous leurs soucis. Même en leur expliquant que c’est normal d’être bouleversé après avoir perdu un proche ou que les coups de fatigue sont inhérents à nous tous, ils veulent à tout prix la pilule magique. Alors, on finit par prescrire. On les drogue en toute légalité », constate amèrement un médecin.
http://www.lexpress.fr/actualite/sciences/sante/video-depenses-de-sante-ceux-qui-abusent_1282448.html
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