La retraite au Flamby
De reculades en abandons, à coup de promesses non tenues, François Hollande a finalement gelé la nouvelle taxe, appelée à tort l’écotaxe, se refusant provisoirement à l’abandonner malgré les pressions de la rue en colère.
Mais quels vont être les prochains pas de coté ?
Alors rien d’étonnant à ce que le nombre de ceux qui soutiennent encore le président en exercice soit le plus bas qu’ait jamais connu cette république. lien
Au terme de 18 mois de mandat, le bilan n’est pas brillant.
Bien sur la crise est là, les emplois continuent à s’envoler, à coup de délocalisations, de faillites, et on constate que les patrons préfèrent d’abord sauvegarder leur capital, peu émus semble-t-il par le sort de ceux qui vont être condamnés à la lente descente en enfer social.
Les patrons des grands groupes sortent grands vainqueurs de la crise, puisque leurs salaires et autres avantages n’ont cessé de progresser, et les inégalités entre les salaires des patrons et des employés ne cessent de se creuser.
En effet, une étude du cabinet Proxinvest à révélé que les plus gros salaires des PDG du CAC 40 était en moyenne de 3,9 millions d’euros, le pompon étant décroché par le PDG de Dassault, Bernard Charlès, avec 14,9 millions d’euros, soit 774 Smic annuels. lien
Quid de la réaction présidentielle, lui qui affirmait « mon ennemi, c’est la finance », quid des stocks options, des bonus, des parachutes dorés, contre lesquels il n’a pris aucune mesure sérieuse ? lien
Les reculades se multiplient, et on attend en vain que quelque chose soit fait pour réduire l’écart entre les hauts et les bas salaires (lien), pour que les banques d’affaires soient séparées des banques de dépôt, (lien), que des mesures soient prises refusant le dictat des grosses entreprises qui exercent un chantage odieux sur les travailleurs, menaçant de les licencier si elles n’obtiennent pas toujours plus de flexibilité (lien),
Il existe pourtant une alternative.
Si l’on considère à juste titre que « le travail est mort », ou du moins qu’il sera de moins en moins présent, au vu de la multiplication des robots, et autres machines outil, et de la démographie galopante de la planète, il y a une solution, pour l’instant peu envisagée en haut lieu, même si elle trouve de plus en plus de défenseurs, le Revenu de base.
Qualifiée d’utopique, voire d’immorale, puisqu’il s’agit d’offrir sans contrepartie 1000 euros (ou plus) à chaque citoyen, elle reste l’une des rares portes de sortie de crise permettant un partage équitable des ressources, et en redonnant du pouvoir d’achat au citoyen, elle pourrait relancer la consommation, stoppant les faillites et le chômage. lien
A ceux qui affirment que le financement de cette mesure salutaire serait impossible, Béatrice Parrino, dans les colonnes du « Point » (n° 2145-octobre 2013) rappelle qu’il est déjà possible pour une personne sans emploi de recevoir plus de 1700 € en cumulant toutes les aides sociales possibles.
D’ailleurs des personnalités politiques, telles Dominique de Villepin, qui le limite à 850 €, des partis, tels EELV, soutiennent d’ores et déjà cette mesure sociale. lien
On peut signer l’initiative européenne lancée sur ce lien, initiative qui se termine début 2014, et qui obligerait l’Europe à s’emparer de la question.
Dans un autre domaine, le nucléaire par exemple, alors qu’officiellement, le président assure vouloir tenir la promesse de tourner la page du nucléaire, en commençant par fermer Fessenheim, puis en réduisant de 75% à 50% la part de l’électricité nucléaire, si l’on en croit Delphine Batho, ce même gouvernement va prendre sous peu la décision de prolonger la vie des vieilles centrales, en les autorisant a fonctionner pendant 50 ans. lien
On essaye de comprendre ?
La décision qui va être prise est grave et comporte des risques, car si des éléments peuvent être remplacés, comme les générateurs de vapeur, d’autres ne peuvent pas l’être, comme par exemple les cuves des réacteurs, et personne ne peut apporter la preuve d’une bonne tenue à plus long terme des matériaux soumis aux irradiations, à la corrosion, d’autant que des doutes existent sur l’état des cuves de réacteurs.
D’ailleurs pour beaucoup d’observateurs, les jeunes centrales nucléaires sont autant dangereuses que les anciennes. lien
On se souvient que des soupçons existent sur les potentielles fissures de 22 réacteurs nucléaires en fonction actuellement dans le monde, même si actuellement les réacteurs français ne semblent pas concernés. lien
55 milliards vont donc être débloqués pour rafistoler les vieux réacteurs : la facture énergétique des français avait fait un bond l’été dernier, et en fera un autre en 2014, et il est probable que la progression continuera au fil des mois. lien
Le « fameux » EPR considéré par les nucléocrates comme le « fleuron nucléaire » ne cesse de prendre du retard, et sa facture s’allonge, passant de 3 milliards initiaux à bientôt 9… pas étonnant que la facture énergétique s’en ressente. lien
On finirait par douter de la volonté présidentielle concernant ce chapitre énergétique, car la décision de prolonger les réacteurs nucléaires est pour le moins contradictoire..
Il n’y a quasi pas un seul jour sans qu’on nous annonce un « incident » sur telle ou telle centrale.
Le 31 octobre, c’est le Tricastin qui faisait des siennes, (lien) suivant l’arrêt d’urgence d’un réacteur le 24 octobre (lien), le 6 novembre, c’était Fessenheim…lien et au mois de septembre, un autre « incident » avait blessé deux travailleurs (lien)…cet incident suivait celui du 2 juillet 2013 avec la panne d’une pompe du circuit primaire. (lien)…à quand le prochain ?
Du nucléaire, on pourrait passer sans transition à la guerre, surtout à celle au Mali, dont les médias n’évoquent quasiment jamais les liens étroits qu’elle a avec le nucléaire et les mines d’Uranium qu’exploite Areva, au Niger, là même où des otages employés par l’entreprise nucléaire avaient été capturés. lien
Il est d’ailleurs probable que la libération de 4 d’entre eux a été possible grâce au versement d’une rançon par Areva, d’environ 20 millions, s’il faut en croire les déclarations de Dorothée Moisan, journaliste à l’AFP. lien
Pour faire bon poids, on pourrait aussi évoquer l’accusation faite par « l’Observatoire du nucléaire » dénonçant Areva responsable d’après l’ONG de corruption au Niger. lien
Non, le gouvernement préfère parler de terroristes, n’évoquant pratiquement jamais les justes récriminations des habitants d’Arlit, village proche du site d’extraction d’uranium d’Areva.
Les villageois habitants à proximité du site d’extraction nucléaire se plaignent à juste titre du peu de cas fait de leur environnement : la radioactivité est présente partout, et ils s’indignent logiquement que la manne financière dégagée par cette exploitation ne leur profite pas. lien
Selon l’accord signé, l’exploitant n’est pas tenu de verser plus de 5,5% de ses revenus à l’état nigérien, et de toute façon les 22 milliards de dollars perçus ne concernent quasi pas les populations impactées par l’exploitation nucléaire. lien
Alors comment ne pas constater les liens étroits entre cette guerre et la mine d’Areva, puisque la France a terriblement besoin de cet uranium pour faire tourner son parc nucléaire, uranium que nous importons en quasi-totalité, 30% de celui-ci venant du Niger. lien
Tant que la juste répartition des richesses issues de l’exploitation nucléaire n’aura pas été revue, il n’est pas difficile de comprendre que la situation restera instable.
Sur la question « grands travaux inutiles », en relation avec l’écotaxe, le projet Lyon Turin vient d’être validé par une poignée de députés : en effet, malgré le rapport Duron qui a conseillé au pouvoir l’abandon du projet, malgré l’avis de la Cour des comptes (lien), 57 députés, dans une chambre législative quasi vide, ont voté pour la mise en œuvre de ce grand projet inutile, qui coutera près de 30 milliards au pays, censé relier Lyon à Turin, alors que le projet s’arrêtera à 30 km de Lyon. lien
Est-ce bien le moment de jeter l’argent par les fenêtres au moment où le gouvernement racle les fonds de tiroirs pour pallier aux urgences ?
Peut-être pour des questions d’orgueil mal placé, le pouvoir ne peut annuler purement et simplement les mauvais choix qu’il a fait, et préfère « geler » les décisions, mais cela ne reste-t-il pas contre productif.
De Notre Dame des Landes à la taxe qualifiée d’éco, en passant par tous les grands projets inutiles, n’est-il pas temps pour ce gouvernement de reconnaitre tout simplement ses erreurs, et de tourner la page, en appliquant enfin les promesses du fameux discours du Bourget ?
Alors comment s’étonner aujourd’hui de l’étendue de la déception des électeurs, à la hauteur des attentes qu’avaient fait naitre le discours ambitieux du Bourget, et comment ne pas comprendre la montée de la colère citoyenne, laquelle s’est mis des bonnets rouges sur la tête, et s’est mis en tête de ne plus accepter l’inacceptable ?
Comme dit mon vieil ami africain : « qui mendie en silence, meurt de faim en silence ».
Olivier Cabanel
http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/la-retraite-au-flamby-143366