Défaillances d’entreprises : le pire est-il à venir ?
Les défaillances augmenteront-elles en 2014 ?
Selon les données publiées par la Banque de France, le nombre de faillites d’entreprises sur les douze mois achevés fin août a augmenté de 4,2% par rapport aux douze mois précédents. Au total, 62.206 entreprises ont fait faillite entre août 2012 et août 2013. L’exercice 2014 s’annonce très délicat.
La Banque de France souffle le chaud et le froid. Ce mardi, la banque centrale a indiqué tabler sur une amélioration du climat des affaires au quatrième trimestre. La semaine dernière, à l’Hôtel de Toulouse où siège la Banque de France, on redoutait une accélération des défaillances d’entreprises en septembre, en hausse de 5,2% en glissement annuel. Un rythme supérieur à celui observé en août.
En effet, à cette date, le nombre de faillites d’entreprises sur les douze mois achevés avait progressé de 4,2% par rapport aux douze mois précédents. Au total, 62.206 entreprises ont fait faillite entre août 2012 et août 2013.
A titre de comparaison, 65.000 entreprises avaient fermé leurs portes en 2009 entraînant la destruction de 256.100 emplois selon Pôle emploi. Ce record étant à portée de fusil en 2013, l’accélération des défaillances peut-elle se prolonger à la fin de l’année et au début de l’année prochaine ? Réunis lors de « la cinquième journée de la prévention », les experts-comptables, les commissaires aux comptes et les représentants des administrateurs judiciaires ont fait part de leur inquiétude.
Le rôle de la commande publique
« Les carnets de commandes des TPE et les PME dépendent énormément de la commande publique. Or, le dynamisme de celle-ci est directement influencé par les échéances électorales. Les prochaines élections, municipales, ayant lieu en mars, les nouveaux projets sont gelés. Résultat, les dégâts dans la construction et le second-œuvre devraient assez dévastateurs », redoute Joseph Zorgniotti, le président du Conseil Supérieur de l’Ordre des Experts-Comptables (CSOEC).
Des effets de diffusion limités
Jean-Jacques Drummen, le président de la Confédération générale des juges consulaires de France (CGJCF) n’est guère plus optimiste. La prochaine réforme du code des marchés publics annoncée lors du Plan Innovation du gouvernement tombe à pic. « A ces indéniables difficultés conjoncturelles s’ajoutent les obstacle psychologiques à la croissance. L’environnement économique actuel est si morose qu’il paralyse », constate-t-il. « Le contexte est actuellement si peu porteur que lorsqu’une industrie est dynamique, elle ne parvient pas à stimuler les autres acteurs du territoire dans lequel elle est implantée », regrette Denis Lesprit, le vice-président de la Compagnie nationale des commissaires aux comptes (CNCC).
Les travaux publics dans la tourmente
Dans ce contexte, l’exercice 2014 s’avère très délicat. La Fédération nationale des travaux publics (FNTP) tire d’ores et déjà la sonnette d’alarme. Elle estime que les 8.000 entreprises du secteur devraient perdre 1,2 milliard d’euros de chiffre d’affaires, entraînant la destruction de 12.000 emplois l’an prochain. Marc Sénéchal, le président du Conseil National des administrateurs judiciaires et des mandataires judiciaires (CNAJMJ) redoute une augmentation des défaillances d’entreprises de taille conséquente. « Le nombre de grosses PME et d’ETI en difficultés est plus important qu’en 2008. Comme les mesures de prévention n’ont pas toutes été prises à temps, les dégâts en terme d’emplois pourraient être très importants l’année prochaine », explique-t-il. En clair, des acteurs aussi majeurs dans leurs secteurs que Fagor, Doux, Gad et Petroplus pourraient se retrouver en redressement judiciaire en 2014.
Prévenir avant de guérir
Face à cette situation, les auditeurs légaux des entreprises que sont les experts comptables, les commissaires aux comptes, les juges des tribunaux de commerce se mobilisent pour que la prévention des difficultés soit mieux anticipée par les chefs d’entreprises, un sujet au centre de la prochaine réforme du droit des entreprises en difficultés et de celle portant sur la justice consulaire. « La prévention doit être un réflexe, à chaque stade de la vie des entreprises. C’est valable lorsque les premières difficultés apparaissent mais aussi en amont. Il faut parvenir à convaincre les chefs d’entreprises que cette démarche peut leur permettre d’anticiper les problèmes futurs mais aussi qu’elle peut offrir la possibilité de rebondir avant qu’il ne soit trop tard « , explique Jean-Jacques Drummen.
L’objectif de 1% de croissance dans le viseur
Dans son étude datée d’octobre, l’assureur-crédit Euler Hermès envisageait un léger repli de la sinistralité l’année prochaine avec 61.800 entreprises qui feraient défaut. « Ce volume coûterait 0,22 point de PIB en 2014 et la destruction de 165.000 emplois, soit un demi-point de chômage en plus. Cette poussée des défaillances s’est très largement diffusée dans tout le tissu économique national notamment sur les PME. Selon nos estimations, il est nécessaire d’atteindre un palier de +1% de croissance du PIB pour espérer un vrai reflux des défaillances », expliquait Nicolas Delzant, le président du directoire d’Euler Hermes France. Le gouvernement tablant sur une croissance de 0,9% du PIB en 2014, les entreprises n’ont plus qu’à espérer que cette prévision sera dépassée.
http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20131112trib000795314/defaillances-d-entreprises-le-pire-est-il-a-venir-.html