Y’en a marre du financement du cinéma français
Posté par ippolito le 8 décembre 2013
Pourquoi il faut arrêter de financer le cinéma français
Un rapport de la Cour des comptes révélé par « Le JDD » met en lumière la gabegie du système de financement de notre septième art.
Les producteurs vous le jurent la main sur le coeur : le cinéma hexagonal ne coûte rien aux contribuables ! Une péréquation permet de ponctionner les entrées des films pour le grand public et des block-busters anglo-saxons au profit des oeuvres de notre septième art…
Dès que quelqu’un ose remettre en cause ce principe, il est immédiatement taxé de détester la culture, de vouloir casser l’exception culturelle française et de museler les artistes.
Le pauvre Vincent Maraval, coproducteur d’Asterix, avait mis les pieds dans le plat pour dénoncer les cachets mirobolants de quelques grands noms du grand écran et avait immédiatement été voué aux gémonies par ses pairs.
Le Journal du dimanche s’est procuré un rapport de la Cour des comptes qui décortique les modalités de financement de nos films. Un document qui passe de la fiction à la réalité. C’est accablant ! Entre 2002 et 2012, « les dépenses directes de l’État ont augmenté tandis que trois crédits d’impôt ont été créés, faisant passer les dépenses fiscales de 18,6 à 118 millions d’euros. »
À cela il faut ajouter les aides des collectivités locales, le financement issu des Sofica (Sociétés de financement de l’industrie cinématographique et de l’audiovisuel) et les obligations réglementaires des chaînes publiques et privées. À elles seules, celles-ci s’élèvent à 963 millions d’euros l’année dernière…
De qui se moque-t-on ?
Sur le total de ses aides, rapporte Le JDD, « la Cour considère qu’en 2012 447 millions d’euros sont adossés à des ressources d’origine fiscale et constituent donc… du financement public ».
Un chiffre qui fait tourner la tête quand on sait que le gouvernement s’est engagé dans une chasse aux niches fiscales et qu’il a parfois toutes les peines du monde à mobiliser quelques dizaines de millions d’euros pour sauver des usines et des emplois en France…
447 millions pour permettre à Dany Boon, Kad Merad ou Mathilde Seigner de tourner des films médiocres, puis d’aller pérorer dans les médias, de qui se moque-t-on ? Et puis, ce n’est pas tout. Ces mécanismes et ces sommes sont incomplets, car, en parallèle, la France se targue de disposer du régime des intermittents du spectacle ! Cette caisse présente un déficit chronique de un milliard d’euros par an, comblé par le régime général de la Sécurité sociale…
L’assistanat a encore frappé
Tout ça pour quoi ? En 2013, on aura vendu aux alentours de 195 millions de tickets de cinéma, soit l’un des plus mauvais scores des années 2000. Pire, la part des films français recule encore. Toujours dans Le JDD, François Garçon, directeur du master 2 « Cinéma, télévision et nouveau médias » à l’université Paris-I, ne mâche pas ses mots :
« Sur les 279 films produits en 2012 il y en avait bien 240 qui n’avaient aucune valeur commerciale. » L’assistanat, cette tare française, a encore frappé. Et cette fois-ci, il fabrique des millionnaires qui se pavanent en haut des affiches en récompense d’un talent (très) contestable.
Il est temps de se demander à quoi sert une aide au cinéma. Sans doute à financer des longs-métrages qui, sans ces subsides, ne verraient pas le jour, donc des films à haute valeur culturelle, patrimoniale ou historique.
Mais ne frise-t-on pas le détournement d’argent public quand on accorde des sommes rondelettes à Eyjafjallajökull, le navet de Dany Boon et Valérie Bonneton sur l’explosion du volcan islandais, ou à Mes séances de lutte, le film de Jacques Doillon qui a bénéficié de 430 000 euros d’avance sur recette pour un budget de 1,2 million ? Décidément, il y a quelque chose de pourri dans le royaume du cinéma…
http://www.lepoint.fr/cinema/pourquoi-il-faut-arreter-de-financer-le-cinema-francais-08-12-2013-1766059_35.php
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