Y’en a marre de la faillite annoncée de A65
Posté par ippolito le 13 décembre 2013
150 km de faillite annoncée pour la nouvelle autoroute A65 entre Pau et Langon
Ils l’ont voulue, ils l’ont eue. les grands politiques d’Aquitaine, d’Emmanuelli à Bayrou, de Juppé à Rousset, ont exigé l’autoroute A65 entre Pau et Langon. Elle est là, elle est vide, et elle coûte Devinez qui va payer ?
L’autoroute est vide, ce qui est une excellente nouvelle. mais elle a été construite, ce qui est abominable. L’A65, entre Pau (Pyrénées-Atlantique) et Langon (Gironde), court sur 150 km, dévastant tout sur son passage. Les coteaux du Béarn, des splendides prairies humides et ruisseaux des Landes, où paressaient des écrevisses à pattes blanches, fadets des laîches – un papillon – et visons d’Europe, ont finalement été éventrés pour faire passer bagnoles et gros culs. Inauguration en fanfare le 16 décembre 2010.
Et comme par miracle, le concessionnaire fait jaillir l’eau en frappant la roche de ses pelleteuses, à la manière de Moïse dans le désert du Sinaï, frappant la roche de son bâton…
Depuis, il se passe exactement ce qui avait été annoncé par les opposants en leur temps Une première citation contenue dans un document de deux associations régionales, la Sepanso (www.sepanso.org)* et l’ALRP : « Le projet d’autoroute Langon-Pau ne peut être fondé sur le trafic actuel faible et fluide ou sur des effets de congestion de trafic sur l’axe existant. »
Nous sommes alors en janvier 2008 et les travaux n’ont pas commencé. Eiffage, géant du BTP – 14 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2012 -, a créé avec une société d’autoroutes, la Sanef, une boîte dédiée à la concession de l’A65 : A’liénor. Oui, du nom de la célèbre Reine Aliénor d’Aquitaine, car ces bourrins sont des ménestrels. Et de belles âmes qui prennent en charge la construction du monstre. Le public ne donnera pas un rond au privé, comme on va voir par la suite…
En novembre 2012, le quotidien La Dépêche titre sur « L’autoroute fantôme ». Et constate, s’appuyant sur un bilan financier officiel, un déficit de 35 millions d’euros pour la seule année 2011, la première année d’exploitation. Il y a trois fois moins de gros culs que prévu. mais attention : il faut attendre les chiffres de 2012, car A’liénor s’est lancé à l’été dans des « abonnements préférentiels ». Bon, attendons.
En 2012, le plan prévoyait 9 323 véhicules légers par jour, mais il n’en est passé que 5 561 Pour les poids lourds, c’est pire : 1 017 espérés, 341 en réalité Le trou se creuse de 35,4 millions d’euros supplémentaires Et 2013 ? En juin, les écologistes de la Sepanso et leurs amis font leurs propres comptages pour la troisième année consécutive La honte Il passe 5 436 véhicules, poids lourds compris, alors que 10 397 étaient escomptés. En octobre, le conseiller régional d’Aquitaine, Patrick du Fau de Lamothe publie un terrible, mais excellent rapport qui pose la vraie question : « va-t-on vers une faillite ? Et si oui, qui paierait ? »
A ce stade, la situation devient exaltante, car il existe dans le contrat signé entre l’État, les collectivités locales et nos poètes d’A’liénor une clause dite de déchéance. En résumé, si le trafic n’a pas doublé d’ici à 2020, l’État, et surtout, les communes et les collectivités traversées par l’A65 pourraient bien banquer. Mais lourd. sans doute plus d’un milliard d’euros…
La fable de l’autoroute et de l’écrevisse
Pour sûr, c’est mignon Et d’autant plus que tous les barons de la politique régionale sont mouillés jusqu’aux narines dans ce grand fiasco annoncé. dans une lettre bien imprudente du 7 avril 2008, le socialo Alain Rousset, président du conseil régional d’Aquitaine, s’adresse au Premier ministre de l’époque, François Fillon. Il pleure, car les écologistes font des misères, et le changement n’a toujours pas commencé Or, écrit-il, « Nous tenons à réaffirmer l’urgence de la réalisation de l’A65 entre Langon et Pau. Il y va de la sécurité et de l’unité de l’Aquitaine qui reste aujourd’hui la seule région française dépourvue de liaison autoroutière entre sa capitale régionale, Bordeaux, et sa deuxième ville Pau ! ».
Et tout est de la même eau pétillante. De grands défenseurs de la nature et de l’intérêt public ont signé avec Rousset Parmi eux, Henri Emmanuelli, ponte socialo des Landes, et Alain Juppé, maire de Bordeaux. L’union sacrée contre l’écrevisse.
Quoi d’autre ? Ah oui, pour rouler sur l’A65, il vaut mieux avoir du fric, car c’est la plus chère de France. Pour chaque kilomètre parcouru, comptez 14,40 centimes d’euro contre 8,50 centimes en moyenne nationale. Soit 21,60 euros pour 150 km. Mais c’est si beau, dehors.
Charlie Hebdo – 11 décembre 2013 – Fabrice Nicolino
http://resistanceinventerre.wordpress.com/2013/12/13/150-km-de-faillite-annoncee-pour-la-nouvelle-autoroute-a65-entre-pau-et-langon/
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