Y’en a marre des dépenses de l’état
Posté par ippolito le 4 décembre 2013
2013 : une maîtrise des dépenses en trompe-l’oeil
Les députés étudiaient mardi le budget rectificatif 2013. Le gouvernement se targue d’avoir tenu la dépense de l’État, mais elle augmente par rapport à 2012.
72 milliards. Une nouvelle fois en 2013, l’État a dépensé beaucoup plus qu’il n’a gagné. C’est surtout bien plus que ce que prévoyait la loi de finances initiale 2013, il y a un peu plus d’un an.
Le rendement des impôts en panne
Selon Bercy, le dérapage du déficit s’explique uniquement par des recettes décevantes liées à la dégradation de l’activité économique. La prévision de croissance est passée en cours d’année de 0,8 % du PIB à 0,1 %. Les rentrées fiscales en ont inévitablement été affectées. Une surestimation du volume de la création de richesses qui a aussi conduit le gouvernement à tabler sur un taux « d’élasticité des recettes à la croissance », comme disent les spécialistes, trop élevé.
Le gouvernement tablait sur une élasticité égale à 1 point (lorsque le taux de croissance du PIB est de 1 %, celui des recettes fiscales est censé être de 1 % également). Sauf que sur les huit premiers mois de l’année, l’élasticité a été révisée à… 0,4 point. En clair, l’impôt sur le revenu, l’impôt sur les sociétés, la TVA et les prélèvements locaux n’ont pas eu le rendement espéré.
La droite en profite pour faire passer l’idée que « trop d’impôt tue l’impôt ». Dit autrement, elle reproche au gouvernement d’avoir tellement augmenté les prélèvements obligatoires que les Français ne voient plus l’intérêt de travailler plus pour gagner plus.
Une accusation un peu facile alors qu’elle avait elle-même surestimé l’élasticité des recettes aux dépenses lorsqu’elle était aux manettes, comme le mentionne un rapport de la Cour des comptes sur l’exécution du budget 2012. Quoi qu’il en soit, la baisse des recettes fiscales entre la loi de finances initiale et les constatations du budget rectificatif de 2013 atteint 10,8 milliards !
Des dépenses qui continuent d’augmenter…
Le gouvernement se félicite en revanche d’avoir parfaitement tenu les dépenses de l’État. C’est vrai lorsqu’on les compare avec les objectifs inscrits dans la loi de finances initiale. Celles-ci devraient même baisser de 1,3 milliard à 378,3 milliards d’euros contre 379,6.
Mais à y regarder de plus près, ce résultat n’est pas si bon qu’il en a l’air. Contrairement à 2012, où les dépenses de l’État avaient légèrement baissé par rapport à celles constatées en 2011, celles de 2013 seront en fait supérieures à celles réalisées l’année précédente, à hauteur de 1,6 milliard d’euros (2,4 milliards lorsqu’on inclut les dépenses dites « exceptionnelles » liées cette année au budget rectificatif de l’Union européenne).
Autrement dit, malgré tous les serrages de vis, les dépenses de l’État ont continué d’augmenter cette année en valeur absolue, et ce, alors même que l’État a payé moins d’intérêts sur sa dette en 2013 (45 milliards contre 46,3 milliards en 2012) grâce à la baisse des taux réclamée par les investisseurs internationaux.
… malgré une dette – un peu – moins lourde à financer
La mauvaise tendance s’explique en fait en partie par la dynamique des retraites des fonctionnaires, un paramètre difficilement maîtrisable à court terme : les pensions pèseront 44 milliards en 2013 contre 42,3 en 2012. Mais pas seulement. Sur le périmètre où l’État s’est engagé à ne pas dépenser un euro de plus d’une année sur l’autre (hors charge de la dette et pensions des fonctionnaires) – là où il a la meilleure capacité à maîtriser la dépense rapidement -, l’écart atteint plus d’un milliard d’euros par rapport à 2012 !
Dans son rapport sur le budget rectificatif 2013, le rapporteur général (PS) de la commission des Finances minimise ce dérapage. « Cela est conforme à l’engagement du gouvernement de geler en valeur ces dépenses par rapport au montant fixé en loi de finances initiale pour 2012, et non pas par rapport au montant résultant de l’application d’un rabot de 1,2 milliard d’euros décidé lors de la première loi rectificative », écrit Christian Eckert. Il n’empêche, l’écart est bien là.
Un déficit structurel toujours élevé
Des recettes moins dynamiques qu’annoncé, des dépenses qui continuent d’augmenter pour l’État, le bilan de l’année 2013 souligne à quel point la réduction du déficit va être compliquée.
Et pas seulement à cause de la conjoncture. La part structurelle du déficit, celle qui ne dépend pas de la croissance à court terme, se réduit aussi beaucoup moins vite que prévu dans la loi de finances initiale. Malgré les plus de 20 milliards de hausses d’impôts et les 12,5 milliards de baisses de dépenses par rapport à la tendance naturelle à l’augmentation prévue dans le budget 2013, le déficit structurel, scruté par Bruxelles, ne devrait s’améliorer que de 1,3 point, contre 2 points qui étaient espérés initialement. Résultat, il devrait encore atteindre 2,6 % du PIB cette année contre 1,6 % espéré.
http://www.lepoint.fr/economie/2013-une-maitrise-des-depenses-en-trompe-l-oeil-03-12-2013-1764524_28.php
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