Des salaires et des statuts avantageux qui font des envieux
La Ville de Paris a déjà été épinglée par la chambre régionale des comptes pour la générosité des salaires versés à ses dirigeants.
Bertrand Delanoë aime à le répéter : « Paris vaut bien quelques sacrifices. » Financiers, bien sûr. A l’en croire, le maire de Paris ne se sera guère enrichi pendant ses mandats. « Une fois payés mes impôts et cotisations, il me reste 4.000 euros net de salaire par mois. » Paris n’est cependant pas avare de ses deniers. Les 163 élus du Conseil de Paris émargent à 4.186 euros brut, les adjoints au maire à 5.512 euros brut.
Plus que pour ses élus, Paris est surtout montré du doigt pour ses fonctionnaires, en particulier les hauts dirigeants. Depuis 1984, une « quatrième fonction publique » atypique est ainsi née : la Ville peut, selon les situations, choisir de s’aligner tantôt sur la fonction publique d’Etat, tantôt sur la territoriale.
Et elle fait souvent le choix le plus avantageux pour ses agents, celui de l’Etat. Pour les cadres, les rémunérations peuvent y atteindre 7.000 euros brut, contre 5.000 dans la territoriale, selon l’iFRAP, un think tank libéral.
La Ville a aussi fabriqué un statut sur mesure pour ses professions pénibles – éboueurs, fossoyeurs et égoutiers –, bénéficiant d’un avancement de carrière rapide et de départs à la retraite anticipés (entre 52 et 57 ans).
Sans compter vingt jours de RTT annuels pour tous les agents. « Je ne pense pas que le salaire et le statut soient si avantageux comparés aux villes voisines. Nous sommes en train de nous comparer à elles pour avoir un état des lieux objectif », se défend l’adjointe aux ressources humaines, Maïté Errecart.
Des recrutements à prix d’or
Au quotidien, la grande majorité des agents parisiens ont des revenus modestes, car 70 % sont de catégorie C. Cela dit, le salaire médian est, toutes catégories confondues, de 1.879 euros net, soit près de 200 euros de plus que dans l’ensemble de la territoriale. Paris distribue aussi largement sa « prime départementale » qui varie selon le revenu (7.000 bénéficiaires contre 160 dans les années 2000).
La Ville a été rappelée à l’ordre par la chambre régionale des comptes. Les sages se sont surtout émus du montant de certains salaires et primes alloués aux hauts dirigeants – jusqu’à 40.000 euros par an de primes. La Ville dit y avoir mis bon ordre : en 2010, les dix plus hauts salaires gagnaient en moyenne 157.128 euros par an ; aujourd’hui, 148.000.
Paris assume toutefois de continuer de recruter parfois à prix d’or, notamment des énarques et des ingénieurs des Ponts. « Nous sommes obligés de nous aligner sur les ministères », assure Maïté Errecart. « Le statut est trop avantageux. S’aligner sur la territoriale permettrait de faire des économies », affirme Agnès Verdier-Molinié, de l’iFRAP. Les deux candidates ont promis des efforts en ce sens.
Par Laurence Albert
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