Y’en a marre des injustices du système fiscale qui pénalisent les petits contribuables
Posté par ippolito le 21 mars 2014
Ces injustices du système fiscal qui pénalisent les petits contribuables
Incitation réduite à l’augmentation de l’activité, effets de seuils: zoom sur deux incohérences du système socialo-fiscal français.
Le groupe de travail sur la remise à plat de la fiscalité des ménages, installé par Jean-Marc Ayrault fin janvier, remettra ses conclusions en avril. Lors d’une séance de travail le 6 mars dernier, ses membres (des parlementaires, des économistes et des représentants des partenaires sociaux) se sont penchés sur la question de la progressivité de l’impôt et des effets de seuils.
Des documents de travail fournis à cette occasion par l’Inspection générale des finances (IGF), que L’Expansion s’est procuré, mettent en lumière des incohérences du système, qui concernent en particulier les ménages les plus modestes. Zoom sur deux de ces bugs.
Un système qui pénalise le « travailler plus pour gagner plus » chez les bas salaires
Premier reproche fait au système fiscalo-social français: il réduit les incitations à la reprise du travail ou à l’augmentation de l’activité chez les bas salaires. En effet, le bénéfice net d’un gain de 100 euros de revenu brut supplémentaire se traduit par un bonus effectif de seulement 27 euros pour un salarié payé au Smic (1445 euros bruts par mois).
Ce gain net se réduit encore plus pour les salariés travaillant à temps partiel: pour 100 euros, il n’est que de 19 euros pour des revenus correspondant à un demi ou à trois quarts de Smic (respectivement 723 et 1084 euros par mois). Cette diminution par rapport au surcroit de revenus obtenu par le travail résulte à la fois d’une perte de prestations sociales (56 euros sur 100 euros pour les salariés payés moins du Smic) et d’une hausse des prélèvements obligatoires (43 euros sur 100 euros pour les salariés payés au Smic).
L’incitation à l’augmentation de l’activité est en revanche plus forte pour les salariés mieux payés. Sur 100 euros supplémentaires, les personnes gagnant entre 1,25 et 1,75 Smic (1807 à 2529 euros bruts par mois) touchent entre 51 et 66 euros de gain net.
Ces scénarios sont ceux d’un célibataire sans enfant. Pour les couples avec deux enfants, les hypothèses diffèrent: l’incitation à gagner 100 euros de plus est la plus forte entre 1,25 et 2 Smic (entre 61 et 68 euros de gain net) pour un couple biactif, alors qu’elle est au contraire très minime (moins de 30 euros de gain net) pour un couple monoactif gagnant entre 1 Smic et 1,5 Smic. Là encore, la principale raison est la perte de prestations.
En résumé: les salariés gagnant autour du Smic ou travaillant à temps partiel ne sont pas incités à travailler plus pour gagner plus car cela entraîne pour eux une perte de prestations sociales plus importante que le gain net réel. Ce n’est pas la seule incongruité du système socialo-fiscal français. Il y a aussi les « effets de seuil », kafakïens pour les contribuables modestes.
Des effets de seuils très injustes
Ces derniers bénéficient en effet de plusieurs mécanismes de réduction voire d’exonération d’impôt. Tout d’abord la décote, qui bénéficie à 12 millions de contribuables et coûte 2 milliards d’euros par an à l’Etat. Il existe également des exonérations et abattements en matière de taxe d’habitation, de redevance audiovisuelle et de taxe foncière, des abattements pour les personnes âgées ou invalides. En matière de contributions sociales, les retraités et les chômeurs bénéficient d’exonération ou de réduction de CSG-CRDS.
Tous ces avantages fiscaux et sociaux sont calés sur le montant du revenu fiscal de référence, qui sert de base au calcul de l’impôt. Si le revenu fiscal de référence augmente, cela peut entraîner un cumul d’effets de seuils. Exemple concret: un retraité percevant 13.800 euros de pensions par an a un revenu fiscal de référence de 10.108 euros, ce qui lui permet d’être exonéré de CSG, de taxe d’habitation, de redevance audiovisuelle et de taxe foncière. Si son revenu fiscal augmente de 5%, il franchit la limite et devient redevable sur tous ces prélèvements. Soit une hausse d’impôts de 1439 euros sur deux ans pour une hausse de revenu de seulement 700 euros.
Or une hausse du revenu fiscal de référence n’est pas toujours due à une augmentation réelle des revenus. Elle peut résulter d’une modification de la législation fiscale (par exemple, en 2014, l’intégration dans l’assiette de l’impôt des majorations de pensions pour les parents ayant eu trois enfants ou plus, et la participation de l’employeur au financement des complémentaires santé des salariés), ou de la diminution du nombre de parts de quotient familial du fiscal (divorce, décès, enfants à charge). « Le franchissement d’un seuil de revenu fiscal de référence sans augmentation importante ou même réelle des revenus peut entraîner une perte de pouvoir d’achat significative pour des ménages à revenus modestes », conclut l’étude du Trésor.
Selon Les Echos, le groupe de travail de remsie à plat de la fiscalité des ménages planche sur plusieurs scénarios afin d’atténuer ces effets de seuil. Une piste serait de à délier les dispositifs les uns des autres, en utilisant des revenus de référence différents. Une autre serait de mettre en place des mécanismes de lissage, qui atténuent les effets de seuil.
En savoir plus sur http://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/ces-injustices-du-systeme-fiscal-qui-penalisent-les-petits-contribuables_1501754.html#8LiILgJwhw3Ot1je.99
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