Y’en a marre du SMIC et surtout de la pauvreté
Posté par ippolito le 2 avril 2014
Pourquoi il faut en finir avec le smic à la française !
Véritable barrière à l’entrée sur le marché du travail pour les jeunes et les moins qualifiés, le salaire minimum français est inefficace pour lutter contre la pauvreté.
Les deux écoles sont irréconciliables. Pour les uns, les 10 milliards de baisses de cotisations patronales annoncées dans le cadre du pacte de responsabilité doivent impérativement se concentrer sur les bas salaires, afin de s’attaquer vite et fort au chômage des travailleurs peu qualifiés.
Pour les autres, le problème de compétitivité des entreprises françaises passe au contraire par une diminution du coût du travail qualifié : la prochaine baisse de charges devrait donc concerner toutes les rémunérations afin d’accompagner la nécessaire montée en gamme de l’industrie française. Quitte à ce que ses effets sur l’emploi soient moins probants à court terme.
Schématiquement, l’alternative peut se résumer à une question simple : faut-il privilégier l’emploi ou la compétitivité ? Ce débat, pour lequel les deux camps ne manquent pas d’arguments, donne mal à la tête à François Hollande. Le président a visiblement du mal à trancher.
Le chômage, un fléau pour les moins qualifiés
L’analyse des chiffres du chômage est sans appel. Ce sont les travailleurs les moins qualifiés qui souffrent le plus de la pénurie d’emplois : alors que plus de 14 % des ouvriers étaient au chômage en 2012, selon les chiffres de l’Insee, cette proposition monte à plus de 20,4 % pour les ouvriers « non qualifiés » ! Par comparaison, 10,3 % des employés étaient sans emploi contre seulement 3,7 % des cadres.
Mais une nouvelle réduction de charges sur les salaires proches du smic ne ferait que rajouter un énième pansement sur la plaie. Depuis les années 1990, les gouvernements, de droite comme de gauche, ont accumulé pas moins de 22 milliards d’allègements de charges sur les bas salaires, sans résultats probants. Et pour cause.
Cette politique a laissé se développer la racine du mal : le niveau du smic (1 445 euros brut par mois, un niveau singulièrement proche des 1 675 euros brut du salaire médian*). « Essayez donc de vivre avec un smic ! » répondent invariablement les défenseurs du salaire minimum. Ils n’ont pas tort. Mais cela ne veut pas dire qu’il soit efficace.
Le smic se retourne contre les plus fragiles
C’est ce que soulignent trois économistes de gauche, anciens membres du groupe La Rotonde, qui conseillait François Hollande sur sa politique économique pendant la campagne présidentielle. Dans leur nouveau livre, intitulé Changer de modèle **, Philippe Aghion, Gilbert Cette et Élie Cohen jugent le smic français « trop élevé ».
« Dans une économie ouverte comme celle de la France aujourd’hui, l’effet favorable sur la demande globale d’une hausse des salaires est très rapidement dépassé par l’impact négatif du renchérissement du coût du travail sur la demande de travail peu qualifié. » Résultat, le smic français serait devenu une véritable barrière à l’emploi contre les jeunes et les travailleurs peu qualifiés, surtout dans les PME, confrontées à une situation économique difficile.
« En constituant un obstacle à l’amélioration des revenus des personnes qui ne parviennent pas à trouver un emploi ou à augmenter leur nombre d’heures de travail, le smic se retrouve en réalité contre certains de ceux qu’il est censé protéger. »
Le salaire minimum français échouerait ainsi à atteindre sa « double vocation implicite » de « fixation de la norme salariale » et de « lutte contre la pauvreté ». D’autant plus que le salaire horaire n’est pas le principal déterminant de la « pauvreté laborieuse », pointent Philippe Aghion, Gilbert Cette et Élie Cohen. Le temps de travail et les charges liées à la famille seraient bien plus pertinents pour appréhender la véritable situation d’une personne.
Recycler une partie des baisses de charges pour lutter contre la pauvreté
Plutôt que de l’indexer sur l’inflation subie par les ménages les plus modestes, comme c’est le cas actuellement, ils recommandent donc que la hausse annuelle du smic ne dépasse pas « la croissance de la productivité moyenne du travail ». Ce qui passerait par un gel provisoire, puis par une grande réforme qui ferait varier, par exemple, le smic en fonction des régions mais aussi de l’âge.
Une politique socialement inacceptable ? Pas nécessairement. En contrepartie d’un blocage de la progression du smic, les auteurs proposent d’annuler une partie des 22 milliards d’allègements de charges déjà existants. Autant d’argent qui serait libéré pour financer des politiques ciblées de lutte contre la pauvreté. Cela pourrait passer par une augmentation du RSA-activité, un dispositif qui permet de compléter les revenus des travailleurs pauvres, ou encore par une hausse des prestations sociales.
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* Le niveau de salaire qui partage la population en deux parts égales. L’une gagne plus, l’autre gagne moins.
** Changer de modèle, de nouvelles idées pour une nouvelle croissance, Philippe Aghion, Gilbert Cette, Élie Cohen, éditions Odile Jacob, 269 pages, 22,90 euros.
http://www.lepoint.fr/economie/pourquoi-il-faut-en-finir-avec-le-smic-a-la-francaise-01-04-2014-1807782_28.php
En réalité, c’est la hausse du smic qui fait la croissance. Sans hausse du smic il n’y aura plus de croissance économique forte en France.
http://edouardjean.canalblog.com/archives/2014/04/03/29585893.html