Y’en a marre de la crise
Posté par ippolito le 20 mai 2014
La France à l’arrêt, le déficit risque de déraper
Le PIB a fait du surplace au premier trimestre, selon l’Insee.L’objectif d’une croissance de 1 % sur l’ensemble de l’année s’éloigne.
L’économie française a de nouveau calé en début d’année. L’Insee a annoncé hier que le PIB avait fait du surplace au premier trimestre, alors que l’institut, les économistes et la Banque de France tablaient sur une croissance, même très légère.
Aucune des composantes n’affiche une progression, exceptés les stocks.
La consommation des ménages a chuté de 0,5 % comme l’investissement des entreprises, et le commerce extérieur a pesé sur la richesse nationale, les importations progressant plus vite que les exportations.
Certes, il s’agit en partie d’un contrecoup après une fin d’année 2013 relativement bonne. Certes, l’activité en zone euro reste atone, à l’image de l’Italie qui a vu son PIB reculer de 0,1 %. Seule l’Allemagne et l’Espagne sont en forme. L’économie a crû de 0,8 % outre-Rhin au premier trimestre (lire page 4).
Mais pour le gouvernement, c’est la douche froide. « La France n’est pas du tout dans une phase de retournement. Aucun signal ne valide ce scénario. L’activité économique reste fragile. Les questions de compétitivité des entreprises françaises restent entières », considère Philippe Waechter, directeur des études économiques chez Natixis Asset Management.
« Convalescence longue »
N’en déplaise au ministre des Finances, Michel Sapin, pour qui l’objectif d’une croissance de 1 % cette année reste « parfaitement raisonnable », cette stagnation complique largement une équation budgétaire qui était déjà complexe. A la fin du premier trimestre, l’acquis de croissance (c’est-à-dire si le PIB devait rester stable jusqu’à la fin de l’année) est de 0,3 %.
Pour tenir l’objectif de 1 %, il faudrait que la croissance progresse de 0,5 % sur chacun des trois prochains trimestres. Si la croissance s’élève seulement à 0,2 % au deuxième trimestre comme l’attend la Banque de France, alors il faudrait que le PIB progresse de 0,7 % par trimestre par la suite. « Ce n’est pas impossible, mais cela va être très difficile », prévient Denis Ferrand, directeur général de COE-Rexecode. Ce serait en tout cas du jamais vu depuis début 2007, avant la crise.
Or l’effort de réduction du déficit public va encore constituer un frein pour l’activité. Comme le fait remarquer Jean-Paul Betbèze, économiste chez Deloitte, « les sorties de crise liées à un surendettement sont toujours compliquées car il faut se désendetter et faire redémarrer l’activité en même temps. La convalescence sera longue et douloureuse ».
Les enquêtes de conjoncture ne laissent pas présager d’une accélération de la croissance. Le moral des chefs d’entreprises stagne depuis plusieurs mois, en dessous de sa moyenne de long terme, sauf dans l’industrie.
C’est donc toute la trajectoire de redressement des comptes publics qui est fragilisée.
Et ce, alors que Paris vient d’envoyer son nouveau programme de stabilité à la Commission européenne. L’objectif d’un déficit ramené à 3,8 % de PIB en 2014 nécessite déjà le vote de 4 milliards d’économies supplémentaires dans le collectif budgétaire de juin.
Et pour tenir les 3 % de déficit l’an prochain, la France fait le pari d’une croissance de 1,7 % et compte réaliser un effort sans précédent de 21 milliards d’économies. « Ralentissement de la croissance et difficulté de contrôler les dépenses des collectivités locales » font douter les experts d’Exane-BNP Paribas. Le FMI a souligné hier les risques pesant sur l’exécution du plan (lire page 3).
Reste surtout à savoir ce que va en dire la Commission, qui a mis la France sous surveillance renforcée et doit valider, ou non, le plan le 2 juin. En théorie, elle « pourrait exercer plus de pression sur le pays si elle le souhaitait », poursuivent les économistes d’Exane. Mais ces derniers n’y croient pas. Alors que l’accent est mis sur l’effort structurel (hors effet de la conjoncture), « l’Europe est susceptible d’accepter un léger dérapage budgétaire en France tant que les réformes sont sur la bonne voie ».
Guillaume de Calignon
http://www.lesechos.fr/economie-politique/france/actu/0203499952943-la-france-a-l-arret-le-deficit-risque-de-deraper-671308.php
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