Y’en a marre de la situation de la France

Posté par ippolito le 9 août 2014

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La France victime du syndrome de Cuba

Cuba semble s’être figé il y a cinquante ans. La France donne aujourd’hui le même sentiment d’immobilité. Le retard de croissance accumulé par l’Hexagone sautera aux yeux en 2020.

Il faut aller en vacances à Cuba pour mettre un nom sur le mal qui ronge la France, et qui n’est pas né avec l’élection de François Hollande, même s’il s’est accentué depuis : la léthargie. Le parallèle est certes osé ; les deux pays ont peu de points communs. Mais la France, comme l’île des Castro, semble s’être arrêtée. Les propos de Manuel Valls, renchérissant sur la prudence d’un président enfin réaliste, ont confirmé les titres de l’été : « La France à l’arrêt » ; « La croissance toujours en berne »; « La panne de croissance »; « La France n’en finit pas de dévisser ». Fermez le ban.

Plus que toute autre contrée du monde, Cuba illustre le décalage entre les pays qui croissent et ceux qui sont au point mort. Les avenues ensoleillées de La Havane ou de Trinidad ressemblent au Miami des années 1960 : de vieilles voitures américaines aux chromes rutilants, d’archaïques bus scolaires jaunes et trapus, des rangées de palmiers sur fond de grande bleue vert transparent.

Les minuscules avancées du « socialisme de marché »

Les Chevrolet Bel Air ont beau avoir, sous leur long capot bichonné, des moteurs de Lada, leurs propriétaires, qui les tiennent de leurs grands-pères, pavoisent. Car leurs voisins, qui gagnent 30 dollars par mois, ne pourront jamais s’offrir une petite Peugeot ou une Fiat à 12000 dollars, même en économisant toute leur vie. Alors ils attendent le bus des heures durant ou rejoignent en charrette à cheval des bourgades figées au milieu du siècle dernier : mis à part le centre de La Havane, rénové grâce à l’Unesco, les barres d’immeubles de Cienfuegos ou Santa Clara n’ont pas été ravalées depuis des décennies. Les Cubains sont certes nourris, soignés et éduqués, mais seuls ceux qui reçoivent de l’argent de leur famille émigrée aux Etats-Unis peuvent s’offrir des extras.

On connaît par coeur les raisons de cette apathie, ce processus jadis à l’oeuvre en Union soviétique. Cuba a eu beau abandonner le communisme en matière économique et passer au « socialisme de marché », on est loin d’un virage à la chinoise ; les avancées sont minuscules. Il existe bien des cuentapropistas, des gens qui se mettent à leur compte pour vendre des objets d’artisanat ou des bouteilles d’eau, mais le gouvernement peut fermer les boutiques sans crier gare. Les mots « avenir » ou « espoir » ont disparu du vocabulaire des Cubains. D’ailleurs, ils ne font plus d’enfants : le taux de fécondité plafonne à 1,4 enfant par femme.

Un retard considérable

Les Français qui ont quitté l’Hexagone auront-ils, à leur retour, la même impression de décrépitude ? Quand les Etats-Unis annoncent 4% de taux de croissance en rythme annuel, que les Anglais proclament 3,2% en 2014, et que l’Allemagne, « victime d’un coup de mou », va tout de même afficher une progression de 2%, la France, scotchée autour de 0,5%, prend un retard considérable. S’il n’est pas visible à très court terme, l’écart accumulé sautera aux yeux en 2020.

Le mal dont souffre la France est, au fond, identique à celui qui ronge Cuba : l’une et l’autre tuent l’esprit d’entreprise. Au musée de la Révolution, à La Havane, on peut lire, sur un journal de 1959, ce credo de Fidel Castro : « Nous ne voulons pas appauvrir les riches, nous voulons enrichir les pauvres. » Las, les riches ont filé, les capitalistes ne sont plus là pour rénover les résidences ou créer des usines, et tout le monde est pauvre.

De même, Hollande a cru qu’il suffisait de taxer les « riches » et les « aisés » pour renflouer les caisses sans douleur. Mais les riches partent, et les aisés ne le sont plus, d’où la diminution des emplois à domicile et la recrudescence du travail au noir. C’est ce même refus d’accepter la logique de l’économie de marché qui a fait s’effondrer les mises en chantier de logements en France.

Quand les forces vives d’un pays n’ont plus envie d’inventer, d’innover, de prendre des risques pour faire fortune, lorsque personne ne peut prendre des initiatives pour améliorer son sort, le pays s’arrête. Il ne recule pas en valeur absolue – effet trompe-l’oeil du court terme -, mais il reste scotché, immobile, quand le reste du monde, autour de lui, caracole.

En savoir plus sur http://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/la-france-victime-du-syndrome-de-cuba_1564475.html#eoi0IQDH9fUpJlsQ.99

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