Y’en a marre de Marylise Lebranchu
Posté par ippolito le 31 octobre 2014
Marylise Lebranchu, ministre de l’Injustice sociale
600 000 familles vont voir leurs allocations familiales amputées. Mais pas les fonctionnaires, qui ne sont pas concernés par ce coup de rabot. Explications.
Elle est ministre de la Fonction publique depuis l’arrivée de François Hollande à l’Élysée. On ne parle pas d’elle. Elle ne se fait jamais remarquer et ne fait d’ombre à personne. Même si elle est copine avec Martine Aubry, il ne lui viendrait pas à l’idée de critiquer son Premier ministre, encore moins son président, ni en public ni en privé. Et c’est exactement ce qu’on attend d’elle : pas de vagues, pas d’épines, pas de chocs ! C’est qu’elle est la patronne des fonctionnaires français, les derniers bataillons de l’armée Hollande, une classe sociale unique au monde qui bénéficie d’avantages incomparables, hors du commun et absolument intangibles qui ne peuvent évoluer que dans un seul sens : toujours plus !
Ainsi de cette question des allocations familiales qui vont être largement réduites pour les familles aisées déclarant fiscalement plus de 6 000 euros par mois. Six cent mille familles seront concernées, paraît-il, et on leur amputera 50 à 75 % de leurs prestations familiales.
Reniant ainsi toutes leurs théories soi-disant « sacrées », les socialistes ont rompu avec deux principes fondamentaux qui étaient jusqu’alors gravés dans le marbre : « l’universalité » des allocations familiales – elles sont indépendantes des revenus des parents et ne varient qu’en fonction du nombre des enfants – et la non-rétroactivité des lois et règlements. Or, cette mesure concernera les enfants déjà nés et s’appliquera donc à une population enfantine conçue bien avant par des parents qui n’imaginaient pas qu’une pareille punition soit possible.
Double peine
Marisol Touraine, la ministre des Affaires sociales et de la Santé, responsable de la Sécurité sociale, avait d’abord déclaré qu’une telle entorse aux « grands principes républicains » était impossible, avant de s’y trouver contrainte par François Hollande, puis de jurer qu’en tout état de cause elle ne pourrait s’appliquer qu’aux enfants à naître.
Double méprise. Double bêtise pour la ministre. Et double peine pour les familles concernées. On pourrait évidemment trouver que ces familles « riches » qui font des enfants n’ont pas de raisons majeures de se plaindre, ayant largement les moyens de les élever. Sauf que, connaissant l’imagination de Bercy quand on lui ouvre de nouvelles portes, on sait comment ça commence, jamais comment ça peut finir…
Quittons Marisol et revenons à Marylise pour constater une nouvelle fois que ses fonctionnaires chéris ne seront pas concernés par ces mesures scélérates, car pour déclarer un minimum de 6 000 euros mensuels, en net fiscal, il faut bénéficier d’un salaire d’au moins 125 000 euros brut par an, et les fonctionnaires qui arrivent à ces niveaux de rémunération empilent généralement des primes dont beaucoup ne sont pas fiscalisables.
Ce minimum de 6 000 euros avait été clairement mis au point à Bercy pour que, justement, même les hauts fonctionnaires ne soient pas touchés. En outre, il faut savoir que les fonctionnaires des trois fonctions publiques (État, hôpitaux, collectivités locales) bénéficient d’un « supplément familial de traitement », le SFT, un bonus qui vient s’ajouter à leurs « allocs », et là, nous sommes au coeur d’un véritable scandale.
Double injustice
Voyons cela de plus près : le montant de ce SFT est non seulement fonction du nombre d’enfants mais aussi proportionnel au salaire, avec des minima et des maxima. Plus vous êtes payé, plus vous touchez ! Ainsi, pour trois enfants, ce bonus, payé mensuellement, sera au minimum de 2 200 euros par an pour les salaires supérieurs à 2 100 euros, et au maximum de 3 370 euros par an pour les salaires supérieurs à 3 320 euros. Soit, grosso modo, un mois de salaire qui vient s’ajouter aux allocations familiales ! Pour quatre enfants, le bonus annuel est porté à 3 730 euros dans le premier cas et à 5 800 euros dans le second. Au-delà, par enfant supplémentaire, on ajoute 1 560 et 2 450 euros. Ces chiffres sont tirés d’une solide étude parue le 21 octobre dans le journal L’Opinion.
Voilà donc encore une belle usine à gaz, discrète et doublement injuste en ce qu’elle ne bénéficie qu’aux fonctionnaires et favorise les mieux payés d’entre eux. La Cour des comptes ne s’y est pas trompée, qui dénonce régulièrement cette double anormalité depuis 2007 sans que rien ne change… D’autant que le coût de cette libéralité à sens unique est assez monstrueux : 2,3 milliards d’euros par an, somme à rapprocher des 800 millions d’euros d’ »économies » recherchées en cisaillant les allocations des familles nombreuses aisées du privé, lesquelles ont déjà eu à subir la baisse du quotient familial ainsi que tous les impôts ajoutés dernièrement par le fiscaliste en chef qui occupe l’Élysée.
Ponction publique
Marisol a donc été désavouée deux fois par son président et, depuis lors, on ne l’entend plus. Quant à Marylise, elle a fait savoir de son côté que ce « supplément de traitement » réservé à ses chers fonctionnaires représentait « un acquis ancien » et que « ce dossier n’(était) pas ouvert ». D’ailleurs, Marylise a d’autres chats à fouetter. Elle vient d’ouvrir avec ses syndicats de la fonction publique des négociations sur « les parcours professionnels, les carrières et les rémunérations ». Elle aurait pu proposer à François Hollande de faire participer ses fonctionnaires à l’effort de « justice sociale » qui a servi de justification au coup de rabot sur les allocs des hauts revenus du privé, mais elle ne l’a pas fait.
Cette fois, c’est clair : la ségrégation sociale au profit des fonctionnaires, basée sur l’inégalité, est confirmée et amplifiée. Ils sont déjà mieux payés que dans le privé, travaillent moins, bénéficient d’avantages et de privilèges exclusifs, partent à la retraite plus tôt avec de meilleures pensions et détiennent de plus durant toute leur vie professionnelle un véritable trésor, la sécurité et la garantie de l’emploi. C’est à se demander s’il ne faudrait pas changer la dénomination du ministère de Marylise Lebranchu, pour l’appeler au choix « ministère de la Ponction publique » ou « ministère de l’Injustice sociale et de l’Inégalité « , ce qu’il est très exactement devenu aujourd’hui.
http://www.lepoint.fr/invites-du-point/jean-nouailhac/marylise-lebranchu-ministre-de-l-injustice-sociale-27-10-2014-1875883_2428.php
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