Y’en a marre de la dette
Posté par ippolito le 17 novembre 2014
Dette : les chiffres qui tuent
Si vous empruntez de l’argent à une banque pour acheter un appartement en ville, vous aurez une dette à l’égard de cette banque. Si, plus tard, vous procédez à l’acquisition d’une résidence secondaire à la campagne en utilisant par exemple le système du viager, vous aurez pris l’engagement de payer une rente au bénéficiaire du viager jusqu’à son décès. Vous aurez ainsi ajouté une dette de durée variable à une dette de durée certaine, le cumul des deux dettes représentant le total de vos engagements à long terme.
Pour l’État, c’est le même principe : il a emprunté à ce jour 2 000 milliards d’euros, au rythme de 150 à 200 milliards par an ces dernières années, et il rembourse chaque année à ses créanciers du capital et des intérêts. Sauf que cette dette, au lieu de se réduire, comme c’est le cas pour notre chef de famille ordinaire, augmente en permanence parce que l’État continue de dépenser toujours plus, encore et encore – environ 80 milliards d’euros de nouveaux dépassements prévus dans le budget 2015.
Son problème, c’est qu’il a d’autres engagements non évalués et non comptabilisés, ses viagers à lui, les cautions qu’il donne en matière de protection des épargnants et même parfois des banques comme ce fut le cas pendant la crise de 2008-2009, les dispositifs de stabilisation financière et économique de la zone euro, les obligations qui, selon la Cour des comptes, « sont susceptibles d’avoir un impact significatif sur la soutenabilité de sa situation financière », et surtout les engagements de retraite de ses fonctionnaires qui représentent des sommes gigantesques. Le total de tous ces engagements « hors bilan » est de l’ordre de 2 500 milliards d’euros, le plus gros morceau, les retraites de la fonction publique, intervenant pour près de la moitié : entre 1 200 et 1 400 milliards, selon Éric Verhaeghe, ancien président de l’Apec (Association pour l’emploi des cadres), dans son étude du 3 novembre dernier pour Le Figaro.fr.
Moins nombreux, ils reçoivent plus
Autrement dit, l’État s’est engagé à verser à l’avenir une masse de 1 200 à 1 400 milliards à tous les retraités des trois fonctions publiques au titre des pensions. Pour la seule année 2015, ces retraites des fonctionnaires ont été budgétées à hauteur de 75 milliards d’euros et elles représentent 25 % du total de la dépense retraite en France, pour 15 % seulement des retraités. Nos fonctionnaires sont moins nombreux, mais reçoivent beaucoup plus. Éric Verhaeghe a calculé que l’augmentation annuelle moyenne des pensions des fonctionnaires s’établissait à + 4,5 % depuis 1990. L’effectif de ces pensionnés privilégiés a régulièrement augmenté pendant cette période (+ 1,9 % par an) tandis que le montant des pensions pour les seules collectivités locales augmentait de 7 % par an depuis 1990, ce qui est proprement insensé… Toujours les mêmes qui profitent du système !
L’ancien président de l’Apec a découvert que 30 % de la dérive des dépenses de l’État depuis 2006 sont dus aux retraites des fonctionnaires. Selon le Conseil d’orientation des retraites (COR), les cotisations des agents en activité, dont le nombre ne cesse pourtant d’augmenter, ne couvrent que le quart des pensions versées, les trois quarts restants étant pris en charge directement par le budget de l’État, qui les finance… par de la dette ! Il faut rappeler que les fonctionnaires bénéficient d’avantages exorbitants, leur retraite étant basée sur leurs six derniers mois d’activité – 25 ans pour le privé – et qu’ils travaillent cinq à dix ans de moins que les autres pour des salaires en moyenne plus élevés et des pensions nettement supérieures.
Comment croire tous ceux qui prétendent défendre l’égalité entre les citoyens alors que nous sommes en France, particulièrement en matière de retraites, dans le système le plus scandaleusement inégalitaire qui soit ! Et voilà comment on arrive à ce chiffre global de 4 500 milliards d’euros – certains annoncent même 5 000 milliards – en additionnant les 2 000 milliards de dette certaine aux 2 500 milliards de dette hors bilan. Lorsque la France sera officiellement en faillite, ce qui arrivera inéluctablement à ce rythme, comme c’est arrivé en Argentine ou en Grèce, il faudra bien payer d’une façon ou d’une autre tous ces passifs et tous ces engagements faramineux. On écoutera alors avec une tristesse glacée, mais avec une certaine curiosité, les recettes et les conseils de nos hauts fonctionnaires donneurs de leçons, pris par le démon et les délices de la politique, qui auront dilapidé sans vergogne les trésors de leur pays et hypothéqué pour longtemps l’avenir de ses enfants.
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