Y’en a marre du coût de la formation professionnelle et surtout de ces résultats

Posté par ippolito le 23 novembre 2013

Formation professionnelle : un magot gaspillé

La France consacre plus de 30 milliards par an à la formation professionnelle pour des résultats décevants. Le temps d’une vraie réforme est-il enfin venu ?

On n’en parle pas. Ou si peu. Une réforme essentielle pour la compétitivité des entreprises et la lutte contre le chômage est depuis fin septembre sur la table des partenaires sociaux (patronat et syndicats). 

Cette réforme, c’est celle de la formation professionnelle. L’enjeu est considérable, y compris sur le plan financier. En France, la formation professionnelle aspire plus de 30 milliards d’euros par an (un point et demi de la richesse nationale annuelle tout de même) pour des résultats pour le moins médiocres.

« Le système français de formation professionnelle est caractérisé par une grande complexité, propre à décourager ses utilisateurs, qu’il s’agisse des salariés, des employeurs ou des demandeurs d’emploi », écrivent l’économiste Gilbert Cette et l’avocat Jacques Barthelemy, dans leur note* rédigée pour l’Institut de l’entreprise, un think tank financé par les grands groupes français. Les deux auteurs dénoncent « une usine à gaz » faite de « termes abscons à connotation technocratique ». Un diagnostic largement partagé. 

Un marché « éclaté et pléthorique »

Qu’on en juge. Plus de 50 000 prestataires proposent des formations, selon un rapport du Sénat de 2007. Au point que Gilbert Cette et Jacques Barthelemy décrivent un « marché éclaté et pléthorique, où les professionnels de qualité côtoient des prestataires dont l’efficacité est carrément insuffisante », faute de « certifications efficaces » et « d’évaluations rigoureuses ». 

Selon eux, cette jungle est née de l’obligation imposée aux entreprises de dépenser pour la formation, une spécificité du système français. De 0,5 % de leur masse salariale pour les entreprises de moins de 10 salariés, la facture passe à 1,05 % jusqu’à 19 salariés et 1,6 % au-delà.

Mais la tuyauterie par laquelle passent ces sommes colossales laisse tout autant pantois. Les entreprises, qui financent 40 % de l’enveloppe de la formation professionnelle (le reste étant payé par les collectivités territoriales à destination de l’apprentissage et des demandeurs d’emploi ; par l’État pour l’insertion des jeunes et la formation des fonctionnaires ; mais aussi par les particuliers eux-mêmes), ont le choix entre payer directement les formations pour leurs salariés ou reverser la somme dans un pot commun. 

Syndicats et patronaux se servent au passage 

Résultat, sur 13 milliards de financements apportés par les entreprises, 7 transitent par des structures répondant au doux nom d’organismes collecteurs agréés, les OPCA, gérés par les partenaires sociaux. Il s’agit de mutualiser les fonds pour qu’ils profitent aussi aux salariés des petites entreprises qui ne mettent pas souvent en oeuvre des plans de formation. Jusque-là, rien d’anormal. 

Ce qui l’est moins, c’est qu’une partie de l’argent sert en fait à financer les organisations patronales et syndicales. Celles-ci récupèrent en effet 1,5 % du pactole transitant par les 48 OPCA pour leur propre financement. Gérer ces organismes paritaires leur permet aussi d’employer des permanents, et donc de les rémunérer sur les fonds de la formation professionnelle. « Les frais de gestion des OPCA sont considérables. 

Limités à 9,9 % de la collecte par un arrêté du 4 janvier 1996 (dont 4,9 % pour la gestion administrative et financière et 5 % pour les frais de collecte et d’information), ils représentent donc près de 700 millions d’euros que les OPCA peuvent dépenser pour leur gestion opérationnelle », notent les auteurs de la note en s’appuyant sur le rapport d’une commission d’enquête parlementaire du député Perruchot. 

Un rapport tellement explosif qu’il n’a jamais été officiellement publié (à lire en intégralité sur Le Point.fr). Enfin, ils soulignent qu’une autre partie de l’argent collecté alimente aussi les partenaires sociaux en finançant « des structures de formation pouvant dépendre d’organisations syndicales ou représentatives ».

Un système qui favorise les salariés les mieux formés

Tout cela semblerait peut-être plus acceptable si la formation professionnelle produisait des résultats palpables. Or c’est loin d’être le cas. Le système favorise les gens déjà formés. « Les ingénieurs et cadres ont un taux d’accès moyen de 58,6 %, quand ce taux s’établit à 36 % pour les ouvriers. Ils ne sont que 12,3 % dans les entreprises de 10 à 19 salariés ! » relevait l’ancien président du Sénat, l’UMP Génard Larcher, dans un rapport publié en 2011. Les chômeurs sont particulièrement mal lotis, alors que dans le même temps, des postes vacants ne trouvent pas preneurs faute de candidats formés.

Face à cet état de fait, le gouvernement a donc fait de la réforme de la formation professionnelle l’un de ses principaux objectifs de réforme structurelle. D’autant que François Hollande s’était engagé pendant sa campagne à ce que le financement de la formation soit « concentré sur les moins formés et les chômeurs ».

Mais sa complexité en a déjà retardé le calendrier. Malgré la publication dès juillet d’une feuille de route de négociation pour les partenaires sociaux, les discussions n’ont toujours pas abouti. Mercredi, la Confédération des petites et moyennes entreprises (CGPME) et le Medef ont étalé leur désaccord au grand jour. 

Le Medef entend obtenir la suppression de la cotisation de 1,6 % de la masse salariale imposée aux entreprises pour la remplacer par une contribution de 0,8 % ou de 0,4 % pour les établissements de moins de 10 salariés. Ce que refuse la CGPME, qui craint de voir disparaître la mutualisation des fonds de la formation professionnelle profitant aux plus petites d’entre elles. Le Premier ministre a fait savoir que le gouvernement légifèrerait au début de l’année prochaine si les partenaires étaient incapables de s’entendre avant fin décembre.

Compte de formation tout au long de la vie

La discussion porte notamment sur les modalités d’application du nouveau compte personnel de formation (CPF), créé par l’accord du 11 janvier sur le marché du travail. Ce compte instaure un droit à la formation pour tous et transférable au-delà du contrat de travail, contrairement à l’actuel droit individuel à la formation (DIF), et devra être doté en heures de formation dès son attribution, selon la volonté de François Hollande.

Pour Gilbert Cette et Jacques Barthelemy, une réforme ambitieuse ne pourra aboutir que si elle réforme le mode de financement des partenaires sociaux. Le sujet a été mis sur la table par le gouvernement. Mais il se heurte à la division de ses interlocuteurs.

http://www.lepoint.fr/economie/formation-professionnelle-un-magot-gaspille-21-11-2013-1760524_28.php

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Y’en a marre des salaires des patrons du CAC 40

Posté par ippolito le 21 novembre 2013

Economie – Le salaire d’un patron du CAC 40 se situe au modeste niveau de 3,96 millions d’euros par an …

 Les patrons ne connaissent pas la crise. 

Ce sont les mêmes qui viennent expliquer que le « coût du travail » est insupportable. Visiblement, leur salaire n’est pas concerné.

La bonne nouvelle est venue du Figaro : « Les patrons du CAC 40 ont diminué leur rémunération ». Fichtre. Va-t-on devoir organiser des collectes de solidarité pour permettre aux grandes familles de passer l’hiver ? Grâce à Dieu (et au veau d’or), on n’en est pas là.

Résumons les données fournies par le cabinet Proxinvest, et présentées de façon fort intéressée par le Figaro, où l’on n’oublie jamais que le patron s’appelle Serge Dassault. Pour la troisième année consécutive, la rémunération totale des PDG des 120 premiers groupes cotées à la Bourse a augmenté en 2012 (+ 6 %).

Chez ces gens-là, la crise est une aubaine. Le salaire moyen d’un patron d’une grande entreprise est de 2,84 millions d’euros par an, soit 236 000 € par mois, autrement dit 197 Smic mensuel. Par parenthèse, ce sont les mêmes qui viennent expliquer que le « coût du travail » est insupportable. Visiblement, leur salaire n’est pas concerné.

Mais il y a mieux – ou pis, tout dépend de quel côté de la barrière sociale on se situe. Il s’agit du cas très particulier des dirigeants du CAC 40, la crème de la crème, le gratin de l’élite financière. Certes, leur rémunération moyenne a effectivement baissé. Mais elle se situe cependant au modeste niveau de 3,96 millions d’euros par an, soit 330 000 € par mois, ou encore 275 Smic.

Comme il s’agit d’une moyenne, il en est qui font exploser les statistiques. Tel est le cas de Bernard Charlès, directeur général de Dassault Systèmes (14,9 millions d’euros), de Carlos Ghosn, PDG de Renault-Nissan (13,4 millions), ou de Bernard Arnault, qui dirige LVMH (9,5 millions), dignes représentants d’une caste où l’on aime prôner les sacrifices pour les autres.

On se consolera en notant que l’on ne s’éloigne pas trop des normes établies par le « code de gouvernance » adopté par le Medef, avec l’accord tacite du gouvernement. En vertu de ce document, qui a la valeur éthique d’une OPA, le « maximum socialement acceptable » est de 240 fois le Smic. Il faut se faire à l’idée que l’égalité s’arrête à la porte des entreprises.

http://resistanceinventerre.wordpress.com/2013/11/21/economie-le-salaire-dun-patron-du-cac-40-se-situe-au-modeste-niveau-de-396-millions-deuros-par-an/

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Y’en a marre du CAC 40

Posté par ippolito le 7 octobre 2013

Le CAC 40 va distribuer 40 milliards de dividendes

Selon Les Echos, les grands groupes du Cac 40 s’apprêtent à verser la moitié de leurs profits à leurs actionnaires. De quoi relancer le débat sur le coût du capital

39,9 milliards d’euros de dividendes devraient aller directement dans les poches des actionnaires en 2014, au titre de l’exercice 2013. Soit 5% de plus que l’année dernière. 

Ce qui ferait de 2014 la deuxième année d’augmentation du versement de dividendes, à la même hauteur que 2010 (40,2 milliards d’euros distribués). Cette estimation est livrée ce samedi par le quotidien Les Echos, en collaboration avec FactSet et Primeview.

Grâce à la crise

Le quotidien explique cette hausse « par une amélioration des comptes et une certaine confiance dans l’avenir. En effet, les analystes anticipent une hausse de 16 % des bénéfices récurrents, à plus de 80 milliards d’euros, pour l’exercice 2013. »

 Et à entendre un analyste cité par Les Echos, la crise économique est une bonne aubaine pour les actionnaires. « La croissance étant encore molle, les entreprises n’ont pas besoin de faire de gros investissement », indique un certain Christian Parisot, stratégiste chez Aurel BGC. Autre raison de ce gonflement des dividendes: la « pléthore de liquidités » dont disposent ces grands groupes. 

Les actionnaires des banques devraient être particulièrement choyés, de même que ceux du « trio de tête des plus gros versements »: Total, Sanofi et GDF-Suez. Seuls ceux d’EDF et d’ArcelorMittal pourraient faire la tête.
En toute logique, cette pluie de dividendes devrait remettre en question le bien fondé du Crédit d’impôt compétitivité (CICE). 

A quoi servent les 20 milliards d’euros de ristournes fiscales offertes par le gouvernement aux entreprises, alors que les plus grosses d’entre elles vont verser le double à leurs actionnaires? Cela donnerait des marges de manoeuvre financières à un gouvernement qui impose aux Français un nouveau budget austéritaire, sous le prétexte qu’il n’y a plus d’argent.
9% de la richesse nationale

Depuis trois décennies, c’est le capital, entendre les banques et les actionnaires, qui a accru sa part du gâteau des richesses créées, au détriment du travail. Le patron du Medef, Pierre Gattaz, peut se lamenter sur le poids des «charges» sociales : l’an dernier, les entreprises ont déboursé presque deux fois plus pour leurs frais financiers que pour les cotisations à la Sécu. 

Rançon des abandons des gouvernements successifs, de droite ou socialiste, face à la croisade permanente du patronat, le capital vampirise sans cesse davantage les richesses créées par le travail. Les dividendes, qui représentaient 3% de la richesse nationale en 1980, en pèsent désormais 9%…

Pour effectuer ce prélèvement, les actionnaires exigent des entreprises des rentabilités excessives, au détriment des salaires et de l’emploi, et n’investissent plus.
Il est donc temps de lever le grand tabou du coût du capital.

S.G.

http://www.humanite.fr/m/node/550507

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Y’en a marre du coût du capital

Posté par ippolito le 3 octobre 2013

Coût du capital: actionnaires gavés, salariés à la diète
  
Trente années de partage de la valeur ajoutée se soldent par une explosion des dividendes versés aux actionnaires, tandis que la part revenant à la rémunération du travail a reculé.

Médias, économistes, commentateurs patentés, ils nous le répètent tous, jusqu’à l’overdose : si l’économie française décroche, la faute en incombe au « coût du travail ». 

Voilà trente ans qu’au nom de ce dogme un arsenal sans cesse grossissant de mesures budgétaires visant à alléger ce prétendu fardeau des entreprises est mis en œuvre.

 Loin de les remettre en cause, le gouvernement Ayrault en rajoute aujourd’hui une grosse louche, avec les 20 milliards du crédit d’impôt compétitivité.

Pourtant, les chiffres très officiels de l’Insee permettent d’établir un tout autre diagnostic. 

D’après les comptes nationaux des entreprises non financières, depuis le début des années 1980, le partage de la richesse créée n’a pas évolué à l’avantage du travail, bien au contraire : la masse salariale représentait ainsi, en 2012, 66,6 % de la valeur ajoutée, contre 72,9 % en 1981.

 À l’inverse, la part de la valeur ajoutée revenant au capital, sous forme d’intérêts versés aux banques et de dividendes octroyés aux actionnaires, a été multipliée par plus de 7, passant de 39,1 milliards d’euros à 298,6 milliards. Les seuls dividendes, qui pesaient 5 % de la valeur ajoutée il y a trente ans, en représentent 22,4 % en 2012.

Les entreprises versent donc près de cinq fois plus de dividendes actuellement que dans les années 1980, alors que, dans le même temps, elles ont comprimé la part du gâteau réservée au travail. C’est bien le capital qui a tiré son épingle du jeu.

 Et on peut constater que, crise ou pas, que la santé des entreprises soit bonne ou mauvaise, les actionnaires sont désormais toujours gagnants : leur rémunération est préservée et toujours à la hausse. 

Ce, alors que, selon la théorie libérale classique, ces financiers prennent des risques en investissant, et seraient donc exposés à de mauvaises fortunes. En réalité, les risques ont été transférés sur les salariés : l’emploi et la rémunération sont les véritables variables d’ajustement.

Autre constat essentiel : contrairement là aussi au discours dominant, la baisse relative du « coût du travail » ne s’est pas accompagnée d’un accroissement de l’investissement, celui-ci représentant en 2012 la même part de la valeur ajoutée qu’en 1981 (19,4 %).

http://www.humanite.fr/m/node/549661

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Y’en a marre des réformes permanentes des retraites et surtout de l’absence de réforme du travail

Posté par ippolito le 21 septembre 2013

Ce n’est pas la retraite qu’il faut changer, mais d’abord le travail !

Voilà donc, avec François Hollande à l’Elysée, les socialistes enfin à l’œuvre sur la question des retraites. Jusqu’à présent, ils en parlaient souvent, critiquaient les réformes des autres mais n’agissaient presque jamais. On allait donc voir une réforme de gauche. 

Hélas, ce qu’a annoncé le Premier ministre Jean-Marc Ayrault est sans surprise. Le plan 2013 de sauvegarde du système de retraite, dont le principal objectif semble être de minimiser les cortèges de mécontents, s’inscrit dans la continuité des plans précédents – 1993 (Balladur), 1995 (Juppé, avorté), 2003 (Raffarin), 2007 (Sarkozy), 2011 (Fillon) – avec à chaque fois le même cocktail de mesures : allongement de la durée du travail, dégradation sur le long terme du ratio entre salaires et pensions, tentatives d’unification minimales, voire mensongères, des 21 régimes de retraite obligatoires… 

Si les remèdes se ressemblent d’une majorité à l’autre, c’est qu’ils sont issus d’une même matrice : le Livre blanc sur les retraites, commandé et préfacé par Michel Rocard, alors Premier ministre de François Mitterrand, en 1991. Avec le recul, ce rapport aura engendré un consensus droite-gauche inavoué mais solide, qui perdure depuis maintenant vingt-deux ans ! 

Car, malgré les cris des uns et des autres, aucun basculement de majorité n’a conduit à la remise en cause des dispositifs adoptés précédemment. Lionel Jospin s’était bien gardé de toucher à la réforme Balladur, pourtant extrêmement sévère pour les salariés du privé ; Fillon a utilisé l’argent du Fonds des réserves des retraites du même Jospin ; Hollande conserve l’âge obligatoire de départ à 62 ans de Fillon, et c’est Marisol Touraine, qui pourfendait en 2011 à l’Assemblée nationale la réforme de la droite, qui se retrouvera sur le banc des ministres en octobre. Ce Livre blanc est donc une réussite politique totale. Une sorte d’équivalent pour les retraites françaises du mot d’ordre thatchérien «Tina» («There is no alternative») : il n’y a pas d’autre solution… 

En revanche, l’efficacité pratique de ce consensus n’est pas évidente : la France est, depuis près d’un quart de siècle, en état de réforme des retraites permanent, chaque dispositif, si sophistiqué soit-il, se révélant rapidement insuffisant. 

Et, à force de répétition, le roi est peu à peu mis à nu. L’axe des réformes, l’allongement de la durée du travail (par l’allongement des cotisations ou le recul de l’âge légal de départ) sont devenus si peu soutenables que l’on y apporte des correctifs coûteux pour les catégories de personnels qu’ils affectent trop. 

En 2003, quand il est décidé de cotiser jusqu’à 42 ans, la droite et la CFDT instituent ainsi les « carrières longues » pour permettre à ceux qui ont commencé à travailler à 16 ans de partir plus tôt (3 milliards par an). 

En 2013, quand les 43 ans sont programmés, on invente le « compte pénibilité » (2,5 milliards par an) pour compenser la moindre espérance de vie des salariés employés à des tâches usantes. Et puis on trouvera ensuite un dispositif pour aider les cadres à racheter des années d’études pour leur éviter de bosser jusqu’à 70 ans et plus ! Et puis les femmes (dont les pensions sont réduites par les inégalités de salaire et les trajectoires hachées par les maternités), et puis les précaires, les chômeurs, les handicapés… 

En 2040, ces mesures correctrices, au nom de la « justice », et qui ne sont en fait que des béquilles pour un système intenable, représenteront une « dépense » de 4,3 milliards d’euros. Plus du quart du financement supplémentaire (16 milliards) indispensable pour équilibrer le régime de retraite du privé sera ainsi consacré à des « compensations » en direction de certains publics. 

Quant aux entreprises, pas touche ! Pour peu qu’on fasse mine d’augmenter leurs cotisations, le ministre de l’Economie se précipite devant le Medef pour l’assurer que l’Etat les remboursera « à l’euro près ». 

Ces « pertes en lignes » seraient acceptables s’il s’agissait effectivement de réparer des « injustices » du système des retraites, or ce sont des dysfonctionnements de la société du travail qu’on tente ainsi de compenser par un système de retraite qui ressemble de plus à une usine à gaz à bout de souffle. Une vraie réforme devrait commencer par le commencement et s’attaquer aux questions non résolues qui plombent toujours notre système de retraite. 

Eradiquer la pénibilité plutôt que la compenser 

S’il faut évidemment permettre aux salariés cassés par le labeur de partir avant les autres, c’est parce que la France affiche un retard considérable en matière de prévention des risques et d’amélioration des conditions de travail. Les ouvriers ont une espérance de vie en bonne santé de sept ans inférieure à celle des cadres, et que propose-t-on ? 

De les « indemniser » en leur permettant de partir en retraite au mieux deux années plus tôt. Un marchandage immoral ! Plutôt que de donner un prix à la non-vie, le dispositif « pénibilité » (dont les entreprises de plus n’auront à assumer que le tiers du coût) devrait donner le jour à un bonus-malus qui engagerait un mouvement rapide de disparition des conditions de travail dangereuses ou trop fatigantes. 

Eradiquer les inégalités hommes-femmes au travail 

S’il faut évidemment servir des pensions décentes aux femmes à la retraite, c’est encore parce que persiste un insupportable différentiel des rémunérations de 25 % entre les femmes et les hommes, ou qu’elles peuplent à 85 % les emplois à temps partiel, souvent non choisi. 

L’obligation de négocier dans les entreprises pour réduire ces injustices a bien été établie en 2011, mais le ministre de l’époque, Xavier Bertrand, a évité toute sanction pour celles qui ne feraient aucun effort ! Le remède existe, appliqué à La Poste, qui met de côté une partie de sa masse salariale pour résorber ces inégalités. Il suffit de généraliser cette pratique. 

Réintégrer les jeunes dans le travail 

Si les jeunes sont si perplexes devant leurs propres perspectives de retraite, n’est-ce pas d’abord parce qu’ils ont l’impression, justifiée, que le marché de l’emploi leur est fermé ? Non seulement les entreprises rechignent à intégrer les jeunes, mais en plus l’enseignement supérieur accepte de jouer les parkings d’attente pour futurs chômeurs. 

Le modèle français du «diplôme d’abord» est devenu contre-productif. A l’instar de leurs collègues allemandes, qui accueillent plusieurs millions d’apprentis de tous niveaux, les entreprises doivent accepter de former leur main-d’œuvre et, à l’inverse, l’université doit intégrer massivement des jeunes ayant déjà travaillé. 

Redonner le goût du travail 

Si les salariés de plus de 45 ans, les cadres en particulier, sont terrorisés à l’idée de devoir travailler au-delà de 62 ans, n’est-ce pas d’abord et principalement parce qu’ils sont tenaillés par la peur de finir leur vie active par la case Pôle emploi ?

 La France se distingue par son faible taux d’emploi des plus de 55 ans : 39,7 %, très loin de la Suède (70,5 %), de l’Allemagne (57,7 %) ou du Royaume-Uni, la moyenne de l’Europe des 27 étant de 46,3 %. 

N’est-ce pas parce que les modes de management néolibéraux ont transformé l’exercice de nombreux métiers en véritable chemin de croix (lire l’article de Jacqueline Remy dans Marianne n° 853), révélé par la vague de suicides dans les grandes entreprises comme La Poste ou France Télécom, que les travailleurs du privé, du public, mais aussi indépendants voient dans la retraite une sorte de refuge ultime, un havre où ils seront à l’abri du licenciement, de la précarité et de l’enfermement dans un boulot qui perd son sens ? 

La France s’est fourvoyée dans des modes de management par le stress et un autoritarisme hiérarchique digne des sociétés de l’Ancien Régime. Si les modèles allemands ou nordiques doivent être imités, c’est bien dans la manière de considérer les salariés comme des collaborateurs et dans leur respect d’une démocratie sociale, qui font de l’entreprise un collectif et redonnent au travail un sens… commun. Ajoutons que le bazar de la formation permanente française, peu efficace et peu soucieuse des chômeurs, n’arrange pas les choses… 

Recréer la croissance d’urgence 

Il n’y a aucune solution à long terme sans réduction du chômage et de la précarité. D’abord, parce que l’équilibre des régimes sociaux n’est possible qu’avec un retour à un taux de chômage aux alentours de 5 %. Laurence Dequay a déjà expliqué ici même combien pèse le « coût du non-travail » (lire Marianne n° 851). 

Il suffit de rappeler que la chute de l’emploi salarié pendant la crise a déjà généré plus de 14 milliards d’euros de pertes pour les régimes de retraite, à peu près l’équivalent du manque de financement prévu en 2020. On mesure très concrètement l’effet conjugué des délocalisations et des politiques d’austérité en Europe depuis le début 2009. 

Contrairement à la vulgate orthodoxe, ce n’est pas le poids des retraités qui bloque les réformes, c’est la réalité des entreprises et du marché du travail qui fait peser sur le système des retraites des attentes qu’il est bien incapable de satisfaire, ce qui finit par faire obstacle aux vraies réformes nécessaires. Ce sont donc toutes les conditions du travail – économiques, sociales, sociologiques – qu’il faut commencer par réformer. 

Article publié dans le numéro 855 du magazine Marianne
HERVÉ NATHAN

http://www.marianne.net/Ce-n-est-pas-la-retraite-qu-il-faut-changer-mais-d-abord-le-travail%C2%A0_a231878.html

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Y’en a marre des riches Exilés fiscaux qui soit disant créent des emplois

Posté par ippolito le 11 juillet 2013

Ce que l’on doit à ces riches exilés fiscaux…

Bon cette fois ci c’en est trop. Ça fait plusieurs semaines que j’hésite à écrire sur ce sujet. Mais devant les rebondissements, le tapage incessant, le chantage et les idioties qui s’enchainent, je ne peux plus me contenir. 

Je sentais déjà cette bosse au niveau de la carotide, celle qui accumule la frustration de ne pas pouvoir tabasser quelqu’un à mort. J’ai déjà deux doudous qui y sont passés. Dans mon sommeil, je rêve que j’étrangle l’amas graisseux qui se dessine sous le chapeau haut-de-forme de ces connards.

Il est temps d’en finir, de leur dire une bonne fois pour toute, aux riches et à leur garde rapprochée, à quelle point ils pourrissent en profondeur notre société !

« Les riches créent l’emploi »

C’est la plus grosse blague que j’ai jamais entendue. On dirait du Bigard tiens ! Pas la viande hein, enfin si d’une certaine manière : un gros bœuf avec autant d’humour que Pinochet avait de compassion. Alors pour quelle raison ces parasites de riches créeraient de l’emploi à votre avis ? La bouffonnerie repose sur l’équation riche = chef d’entreprise !

Outre le fait qu’elle est très largement contestable (la plupart des chefs d’entreprise s’en sortent avec 4000€ en moyenne, c’est confortable mais pas encore criminel) sa conclusion est de toute façon une foutaise. Elle sort complètement l’entreprise de sa composition collective comme du contexte économique. 

Elle suppose que du moment que le sacrosaint chef d’entreprise se barre, l’entreprise se barre dans sa valise. Or un chef d’entreprise, sans salarié, il est chef de lui-même. Allez, au mieux il est auto-entrepreneur, au pire il crée autant d’emplois qu’un môme qui joue aux poupées dans sa chambre en se prenant pour un tyran. Des ouvriers sans chef d’entreprise, bah ça peut faire une coopérative, et ça, ça produit, ça partage et ça fait avancer la démocratie dans l’appareil de production.

Bon ensuite revenons sur l’équation riche = chef d’entreprise. Il me semble que les derniers événements, et notamment l’exemple de ce bouffon à grand nez ou à moustache (putain je m’y perds !), montre que c’est loin d’être vrai. Les sportifs les plus médiatiques, grassement payés, sont aussi un bel exemple de foutage de gueule. Je m’amuserais bien à compter combien d’emplois crée une petite entreprise dont le chiffre d’affaire équivaut à leur salaire. Ça aurait le mérite de montrer la vraie face de ces parasites.

Conclusion : le riche ne crée pas d’emploi. D’ailleurs c’est l’inverse, en se couvrant d’or, les grands patrons du CAC 40 et leurs actionnaires pillent littéralement la production des travailleurs. Du coup, on compresse toujours la « masse salariale » et le « coût du travail » pour cette poignée de pourritures. 

Donc on licencie pour payer ces connards tout en disant que si on a encore un peu de travail, c’est grâce à eux. Faut pas se foutre de la gueule du monde. Donc si le riche veut se barrer, bah tant mieux, son entreprise, si il en a une, on la gardera et on en fera une coopérative ou un service public avec des objectifs un peu plus constructifs qu’engrosser le gratin qui a déjà les dents du fond qui baignent depuis la naissance.

« Les riches font marcher l’économie »

L’autre argument, c’est que ces raclures de riches, comme ils sont pétés de pognon, bah ils consomment. Et comme ils consomment, bah ça fait marcher l’économie. Cet argument est d’une stupidité incroyable. Ca pourrait venir de FOG tiens ! Évidemment, ça n’interroge pas d’où vient l’argent que possède les riches. 

C’est évident, ils doivent le chier. Bien sûr, comme tu as lu le paragraphe précédent, tu sais que c’est en pillant la richesse que créent les travailleurs que les riches s’enrichissent. C’est aussi en touchant ce que papa/maman a accumulé et ce parfois de génération en génération. Même le néo russo-belge, s’il était moins payé, ça permettrait au balayeur du plateau de toucher un peu plus que le SMIC.

Bref, quand on paye moins les riches, l’argent ne disparaît pas, il va à moins riche. Or, dans la vie, ceux qui consomment la plus grande part de ce qu’ils touchent, bah ce sont les pauvres. C’est simple, c’est souvent 100%, allez même parfois c’est 110 ou 120% avec notre société qui pousse à la consommation même quand on a peau de balle. 

Donc si on prend 1000 euros d’un trou du cul de riche, et qu’on les passe à un chômeur ou un smicard, bah ils vont bien davantage servir à l’économie. Puis si en plus on peut lui permettre d’acheter des produits moins nocifs pour sa santé, on aura fait progresser notre société non ?

Donc, pour résumer, les riches, en accumulant l’argent (en capitalisant quoi), ils ne font pas marcher l’économie, c’est l’inverse ! D’ailleurs les riches n’ont jamais autant consommé, au vu de la croissance du marché du luxe, et l’économie se casse la gueule. Si c’est pas une preuve…

« Taxer les riches ça repousse les talents »

Évidemment, celle là est la plus triste. Faut être un sacré enfoiré pour en venir à là. Déjà faut s’imaginer que ce qui anime le talent, au plus profond de l’humanité, c’est le fric. C’est vrai que des illuminés ont bâti tout un monde autour de ça. 

Bon, comme ils ont du mal à voir plus loin que leur nombril, pour eux, faire quelque chose sans vouloir casser la banque, ça les dépasse. Je me demande combien de grandes créations de l’humanité se sont basées sur leur genre de cupidité. Combien au contraire, ont été animées par la beauté de l’art, par la passion, par les convictions des personnes qui les ont portées. 

Oh, je ne nie pas qu’un travail mérite salaire, mais de là à dire que si une personne ne touche pas des millions avec ses idées, elle va cesser d’en avoir, il y a une certaine marge.

D’ailleurs, l’argent en arrive à ce point d’aliénation de notre société, que la recherche absolue du profit d’une poignée de demeurés tue dans l’œuf des milliers de magnifiques projets. Prenons un domaine qui fait unanimement progresser la société : 

la médecine. Pour qu’un médicament sorte, il doit passer plusieurs barrages d’actionnaires qui vérifient s’il y a moyen d’en faire un truc rentable, c’est ce que dénoncent les Sanofi par exemple. Dans le cas contraire, le projet s’arrête. Qui repousse le talent ? La sangsue avide de fric ou ceux qui veulent mieux répartir les richesses ?

Bref, si le talent c’est de créer un monde qui marche sur la tête. Qu’ils dégagent, j’en veux pas !

« Les riches … bah non je sais plus »

Là on arrive au point où ils n’ont plus grand chose à dire. Ou ont-ils peur qu’on leur coupe la langue peut-être. Mais qu’ils se rassurent, ce n’est pas fini. En plus de pourrir notre économie, d’atrophier nos capacités créatrices et de créer un monde qui ne marche que sur le fric, les riches détruisent la planète.

Sans blague ? Oui sans blague ! Et je ne parle pas que de ceux qui sont responsables de massacres comme les p’tits cons qui ont déclenché la première guerre mondiale. Je ne parle pas non plus des philanthropes / vendeurs d’arme aux sympathiques dictatures (On dit dictature sympathique pour une dictature qui ne s’oppose pas aux États-Unis).

 Je parle de la vie quotidienne des riches : de leur villa qui pourrissent des écosystèmes, de leur 4×4, de leur jet-privé… Vous voyez souvent un riche prendre le métro ?  L’emprunte carbone de ces connards elle est pas belle à voir et c’est pas pour m’dame Martin qui touche le SMIC qu’on veut foutre un aéroport à Notre-Dame-Des-Landes. -

AAAAAAaaaaaah ça m’a fait du bien ! Je m’excuse pour les enfants, tout ça, tout ça… Mais quand je vois comment une poignée de gens se croient tout permis, je me dis qu’il manque un détail dans notre rapport de force. C’en est au point qu’ils vont pleurnicher d’être riches, comme si c’était un calvaire !

J’ai bien une solution à leur proposer, mais ils en auraient des boutons. Cela dit, je leur conseille vivement d’y penser. Les riches fuient comme les nobles d’il y a un peu plus de 2 siècles. Je voudrais pas qu’un accident de parcours les raccourcisse…

http://resistanceinventerre.wordpress.com/2013/01/06/ce-que-lon-doit-a-ces-riches-exiles-fiscaux/

Publié dans Y'en a marre du CAC 40 | Pas de Commentaire »

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