Les automobilistes français roulent moins et ça leur coûte plus cher
Le budget de l’automobiliste augmente alors qu’il roule moins, indique l’Automobile Club Association qui dénonce, au passage, le projet d’alignement des taxes du diesel sur celles de l’essence.
Selon cet instantané dressé par l’ACA, l’automobiliste français moyen qui a opté pour l’essence roule dans une Renault Clio neuve, a parcouru 8.751 km en 2012 soit 271 km de moins que l’année précédente.
Cet usage plus modéré a néanmoins entraîné des dépenses plus importante qu’en 2011. La facture totale s’élève en moyenne à 6.049 euros, soit une progression de 1,2% par rapport à 2011.
L’ACA n’évalue pas par hasard le budget moyen de l’automobiliste moyen en se basant sur une véhicule équipé d’un moteur essence. Ce n’est en en effet qu’à partir de 9.433 km que le même modèle diesel devient intéressant financièrement. En 2012, le prix du litre de SP95 a augmenté de 4,40 % (de 1,50 € à 1,57 €) soit plus de 2 fois l’inflation.
Des différences régionales non négligeables
Autre particularité de cette étude. Elle prend en compte les particularismes locaux. On apprend ainsi que c’est en PACA que le budget est le plus élevé. Il atteint 6.332 euros. Il est par contre le plus faible en Lorraine, avec 5.598 euros.
Le budget de l’automobiliste diesel en hausse de 4,4%
L’automobiliste diesel roule par contre dans une Peugeot 308. Son budget est nettement plus élevé puisqu’il frôle les 8.000 euros (7.991 euros), en progression de 4,4% par rapport à l’année précédente.
Il parcourt en moyenne 15.368 km. Le litre de gazole a quant à lui augmenté de 4,5 % en passant, d’une année sur l’autre, de 1,34 € à 1,40 €, soit plus de deux fois l’inflation.
L’ACA dresse également d’autres profils types comme celui de l’automobiliste qui roule en voiture low cost ou en voiture d’occasion. Le premier est équipé d’une Dacia Logan et dépense en moyenne 5.449 euros, soit un budget équivalent à 88% de celui qui roule en voiture française comparable.
Il parcourt 8.751 km, la même distance que celui qui roule en Clio d’occasion de 4 ans, mais dont le budget annuel est très inférieur : 2.787 euros, soit 54% de moins que celui qui a acheté un véhicule neuf.
La voiture, un produit de luxe ?
Didier Bollecker a dénoncé le poids considérable de la taxation dans le budget de l’automobiliste moyen: « 24% au minimum pour un véhicule de 4 ans et jusqu’à 75% du budget si l’on prend en compte les coûts d’exploitation d’un véhicule d’occasion ».
Selon le président de l’ACA, il n’y a pas de produit autant taxé que l’automobile en France. « Et pourtant, ce n’est pas un produit de luxe, mais une nécessité » pour tous les Français qui privilégie leur auto comme moyen de locomotion quotidien pour 70%.
Si l’on prend les taxes que paient l’automobiliste qui roule à l’essence, sur 100 euros, 33 euros concernent l’amortissement de la voiture, 29 euros le carburant, 12 euros le péage, 8 euros l’assurance, 8 euros l’entretien, 6 euros le garage du véhicule et 4 euros les frais financiers.
Face à cette hausse du budget, l’automobiliste aura tendance à rogner tous les postes. Il va tout d’abord moins rouler, davantage bricoler sa voiture, acheter des pièces de rechange sur internet…
Cela a d’autre part une conséquence sur le vieillissement du parc automobile français : supérieur à 8,2 ans. Du coup on vend moins de voitures et les constructeurs, font la tête…
Ne pas surtaxer le diesel
L’ACA a profité de l’occasion pour livrer une charge en règle contre l’alignement de la taxation du diesel sur celle de l’essence, un projet dans les cartons du gouvernement. Cette « petite manipulation », pour reprendre la terminologie employée, rapporterait 8,5 milliards d’euros à l’Etat, explique Didier Bollecker, dont 4 milliards d’euros prélevés sur les particuliers.
« Comme s’il fallait augmenter de 20 centimes les taxes pour diminuer les particules fines du diesel », renchérit Roger Braun, le directeur général pas très convaincu par l’effet d’une telle mesure sur la pollution du gazole dans un pays où dorénavant 60% des automobilistes ont choisi la motorisation diesel.
Cette augmentation correspond à une hausse de 15,3% du prix du gazole en période de pouvoir d’achat stagnant. Un risque qu’il ne faut donc pas prendre.
Pour l’ACA, la solution passe par un alignement des taxations, mais dans le sens inverse. Il faut aligner les taxes qui pèsent sur l’essence sur celles qui pèsent sur le diesel. « L’Etat redistribuerait 2 milliards de pouvoir d’achat ».
Un gain à tous les étages: pour les fans du diesel qui ne seront pas surtaxés, pour ceux qui roulent à l’essence et qui gagneraient ainsi du pouvoir d’achat, pour les constructeurs qui verraient ainsi leurs gammes à essence relancées et pour les raffineurs, la France important du diesel et exportant du SP 95.
« Et ce n’est pas une provocation », s’est justifié Didier Bollecker. Pas sûr qu’il soit pour autant entendu par le gouvernement.
http://www.challenges.fr/automobile/20130604.CHA0271/l-automobile-club-association-estime-le-budget-des-automobilistes-a-cru-de-1-2.html