Ce que coûte l’UE, ce qu’elle rapporte
La France verse davantage à Bruxelles qu’elle ne reçoit. Un investissement qui masque les bénéfices non financiers de la construction communautaire.
Il n’y a pas que les agriculteurs français qui touchent des chèques de Bruxelles. Les visiteurs les plus attentifs du Louvre-Lens (1 million en un an) s’en seront rendu compte à la vue du rectangle bleu étoilé. L’antenne artoise du célèbre musée parisien a, elle aussi, été financée par les Vingt-Huit, à hauteur de 20%. Un exemple inattendu, parmi d’autres, des retombées concrètes de l’Union.
Que rapporte vraiment l’Europe, combien coûte-t-elle? Du seul point de vue comptable, la France est un « contributeur net », qui donne davantage qu’il ne reçoit. Notre pays verse environ 20 milliards d’euros par an au budget européen, pour 12 milliards d’aides diverses en retour. L’intégration suppose que les plus aisés financent le développement des plus pauvres.
« Cette contribution ne se fait pas à fonds perdus. Notre commerce extérieur est réalisé à 58% avec des pays de l’Union, nous avons intérêt à avoir des partenaires rapidement mis à niveau, ce seront autant de consommateurs intéressés par nos produits », plaide l’eurodéputé Brice Hortefeux, tête de liste UMP dans la circonscription Centre-Auvergne-Limousin. « Cet argent est un investissement. Et ce que nous apportons au pot commun permet à la France de peser au sein de l’Union, d’avoir une influence sur les autres », renchérit sa collègue Pervenche Berès, tête de liste PS en Île-de-France.
La PAC représente l’enveloppe la plus importante versée par l’Europe en France : 9,5 milliards d’euros, soit près des trois quarts des dépenses de l’Union sur le sol français. Les autres aides servent à financer des dossiers économiques, sociaux, culturels…
En 2012, 74.553 projets français ont reçu un appui de l’UE. Les exemples abondent : couverture en haut débit de l’Auvergne, rénovation thermique de HLM, TGV Est, production et distribution de films français, recherche médicale, etc. Une enveloppe est consacrée au soutien des territoires éloignés du continent (Guadeloupe, Guyane, Martinique, Réunion, Mayotte) et à la moitié la moins riche des régions françaises. Une autre est dévolue aux programmes de coopération en matière de police et de justice.
« Comptes d’apothicaire absurdes »
Mais le bilan ne peut s’arrêter au seul résultat comptable. Les avantages politiques, économiques et humains de l’Union échappent à l’équation, à commencer par la paix et la libre circulation. Par exemple, les retombées des programmes Galileo (satellites) ou Iter (réacteur expérimental thermonucléaire) ou celles, plus individuelles, des diplômes étrangers obtenus par les étudiants avec Erasmus n’entrent pas dans le tableur.
Et le processus, certes lent et imparfait, continue de produire ses effets. « Nous avons récemment créé le brevet européen, valable dans 25 États. Auparavant, les sociétés devaient déposer leurs innovations dans chaque pays. Cela ne coûte rien au contribuable mais divise par cinq le coût de gestion des brevets. Le reste, ce sont des comptes d’apothicaire absurdes », souligne l’eurodéputé Robert Rochefort, tête de liste UDI-MoDem dans le Sud-Ouest.
De même, la sécurité et la stabilité juridique des investissements, du commerce, des transports, des réseaux d’électricité et de gaz, des placements, etc., est incommensurable. Sans l’Union, la France devrait négocier 27 accords, dans chaque domaine, avec chacun des pays, générant une coûteuse complexité.
Qui paye? Qui gagne?
Cette carte représente le solde entre les contributions financières de chaque pays à l’UE et le montant des aides reçues. En négatif, les grands pays paient davantage qu’ils ne reçoivent. En positif, les plus pauvres sont bénéficiaires. La France affiche l’écart le plus élevé, derrière l’Allemagne. Notre pays est le deuxième financeur et le troisième bénéficiaire des retours. Sur 100 euros d’impôts payés par les contribuables français, 8 euros partent à Bruxelles et près de 5 reviennent en subventions. Ces sommes doivent être relativisées au regard de la richesse de chaque État. La contribution nette de la France à l’Union représente seulement 0,4% de son PIB.
Nicolas Prissette – Le Journal du Dimanche
http://www.lejdd.fr/International/UE/Ce-que-coute-l-UE-ce-qu-elle-rapporte-665648