Y’en a marre des magouilles du PS
Posté par ippolito le 3 juin 2012
Sylvie Andrieux : une nouvelle casserole marseillaise pour le PS
Renvoyée en correctionnelle, la députée PS, en lice aux législatives à Marseille, aurait détourné des subventions destinées à des associations fictives à des fins électoralistes.
Le PS n’a pas fait le travail en amont ? La justice le fait à sa place, à dix jours des législatives. Alors que la députée socialiste Sylvie Andrieux (50 ans) se présente dans la 3e circonscription de Marseille, le juge d’instruction Franck Landou a signé mardi une ordonnance qui la renvoie devant le tribunal correctionnel pour détournement de fonds publics, dans une affaire qui remonte aux années 2000.
Alors vice-présidente chargée de la politique de la ville au conseil régional Paca (Provence-Alpes-Côte d’Azur) géré par le PS, Sylvie Andrieux aurait fait attribuer plus de 700 000 euros de subventions entre 2005 et 2007 à des associations fictives, dont les responsables étaient à son service (électoral) dans les quartiers où elle est élue.
Caïds. Le principe était simple : ils montaient des associations bidon, récupéraient des devis pour obtenir des subventions, justifiées a posteriori par de fausses factures, des chèques jamais débités. Le 24 janvier 2005, par exemple, un homme de paille dépose en préfecture les statuts de Sport image, association domiciliée dans le XIe arrondissement de Marseille.
Le trésorier, la secrétaire, les membres du bureau sont fictifs. Il n’y a pas de locaux. De toute façon, l’association fermera quelques mois plus tard, pour laisser la place à une autre. En attendant, le président aura ouvert un compte bancaire grâce à un salarié peu regardant d’une agence du Crédit lyonnais dans les quartiers Nord, l’association aura monté des dossiers bidons, et récupéré des subventions. Un des responsables associatifs de la combine a monté de nombreuses structures. «Aucune n’a jamais effectué la moindre action conforme à son objet», a-t-il reconnu lors de l’instruction.
Les gérants de ces associations avaient un interlocuteur privilégié au conseil régional : Roland Balalas (dont le père, militant socialiste, est passé par l’OAS et le Front national). Il était attaché parlementaire de Sylvie Andrieux et fonctionnaire territorial, détaché comme secrétaire général auprès du groupe socialiste.
Il supervisait les dossiers puis le service compétent au conseil régional, recevait du secrétariat de Sylvie Andrieux les instructions concernant «les associations retenues et les montants octroyés». Devant le juge, la chef du «service politique» de la ville a expliqué qu’elle n’avait «aucune latitude» pour les modifier. Selon un responsable associatif renvoyé devant le tribunal, «le taux de réussite dans les demandes de subventions était de 100% après le passage devant Balalas».
Les subventions finançaient le train de vie de quelques caïds des cités. L’un d’eux se dégageait 5 500 euros par mois, tout en louant des voitures au nom de ces associations fictives, qui payaient aussi l’essence. En échange, ces responsables associatifs étaient au service de la députée.
Ils servaient de «relais d’opinion» dans leurs quartiers, se chargeaient de ramener dans le droit chemin les «brebis égarées» qui se plaignaient de la députée. Boumédiene Benamar, l’un de ces responsables, a aussi expliqué qu’il devait, lorsqu’il y avait des débats ou des visites de journalistes, dire qu’il était «sorti du quartier de la Busserine», qu’il était «content de l’action socialiste».
L’élue savait-elle cela ? Elle assure que non. Des fonctionnaires témoignent pourtant qu’elle avait été alertée plusieurs fois du caractère fictif de certaines associations, de l’existence de fausses factures. Bien avant le signalement de flux anormaux sur les comptes d’associations par la cellule antiblanchiment Tracfin, en juin 2007. Des collaborateurs du groupe socialiste ajoutent qu’ils étaient «écœurés» de l’utilisation des fonds publics à des fins «essentiellement électorales».
Sylvie Andrieux conteste, répète qu’elle n’avait ni la signature, ni le contrôle des associations et des votes. Mais quand Libération lui pose des questions plus précises, elle élude : «Vous n’êtes pas procureur ? Ni juge ? Je m’exprimerai devant la justice. Ici, les gens connaissent ma famille depuis longtemps [son père était un fidèle de Gaston Defferre], ils ne sont pas dupes.»
Visite. Président de la fédération UMP des Bouches-du-Rhône, Renaud Muselier estime, lui, que «la justice est bien obligée de s’occuper des élections, puisque les responsables du PS ont donné l’investiture à Madame Andrieux alors qu’ils connaissaient le dossier, transmis dans le cadre de la demande de levée d’immunité parlementaire».
En visite hier à Marseille, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a esquivé le sujet. Il a évité, aussi, de citer Sylvie Andrieux parmi les candidats qu’il venait soutenir. De son côté, la députée ne décolère pas. «La date de l’annonce de mon renvoi ne trompe personne, répète-t-elle. Ils feraient mieux de s’occuper des trafics et des règlements de compte.» C’est vrai qu’ils prospèrent à Marseille. Sur la misère, l’argent facile. Et aussi le désert associatif laissé par des années de clientélisme électoral.
http://www.liberation.fr/societe/2012/05/30/sylvie-andrieux-une-nouvelle-casserole-marseillaise-pour-le-ps_822590
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