Y’en a marre du manque de transparence de nos élus
Posté par ippolito le 25 juin 2013
Transparence: ce que les députés, maires et présidents de collectivités vont devoir déclarer
TRANSPARENCE – La « démocratie paparazzi » conspuée par les parlementaires ne passera pas. C’est un projet de loi transparence sur la vie publique un brin timoré que les députés vont adopter ce mardi 25 juin, dans la foulée d’une affaire Cahuzac qui ne cesse de bousculer la classe politique.
A la veille de l’audition de l’ancien ministre du Budget par la commission d’enquête parlementaire et le jour même où son successeur UMP fait son entrée au Palais Bourbon, la majorité devrait adopter l’essentiel des mesures annoncées par François Hollande.
Souvenez-vous: l’objectif à l’époque était de couper court au soupçon en imposant des mesures de transparence drastiques censées prévenir les conflits d’intérêt et les risques de corruption. Dans le détail, certains avancées marquent un véritable progrès, d’autres sont bien plus timides qu’espérées par ceux qui dénoncent l’opacité des institutions françaises.
Déclaration d’intérêt poussée mais patrimoine caché, cadeaux déclarés, sanctions revues à la baisse… Une fois la loi votée par le Sénat et validée par le Conseil constitutionnel, que saurez-vous réellement sur vos élus? Et qu’est-ce qui restera dans l’ombre?
DÉCLARATIONS DE PATRIMOINES: une publicité hypocrite
C’était la mesure phare annoncée par le président de la République: imposer la publicité des déclarations de patrimoine à tous les grands élus de la République. Si les ministres du gouvernement Ayrault se sont pliés à la directive de l’Elysée, les parlementaires ont rué dans les brancards et réécrits le texte à leur sauce.
Au final, les déclarations de patrimoine ne seront pas publiées, mais simplement consultables en préfecture. Toute divulgation publique, y compris par la presse, entraînera des poursuites pénales en vertu de l’article 226-1 du code pénal, qui prévoit des peines allant jusqu’à un an de prison et de 45.000 euros d’amende.
Il sera donc impossible ou en tout cas très difficile pour les citoyens de se plonger dans le patrimoine immobilier ou de comparer les marques de voitures de leurs élus. Les députés ont également refusé la possibilité d’une publication des bilans d’évolution des patrimoines, censée démasquer d’éventuels enrichissements.
Mais même cette version allégée de la promesse présidentielle ne fait pas l’unanimité, ses détracteurs dénonçant (à raison) le fait que rien n’interdit à des journaux suisses ou belges de publier depuis l’étranger le compte-rendu de ces déclarations. Certains estiment même que le texte ouvre la voie à la délation en favorisant la diffusion de tracts anonymes.
DÉCLARATIONS D’INTÉRÊT: un net progrès mais aussi des risques
Bonne nouvelle, le principe des déclarations d’intérêts déposées par les élus va être étendu: si elles existent déjà, ces déclarations publiées en libre accès sur Internet devront désormais préciser l’intégralité des activités professionnelles, les fonctions bénévoles ainsi que les participations financières des élus.
La publication des rémunérations annexes des élus (ce qu’ils gagnent en dehors de leur mandat) constitue en soi un véritable bon en avant. En revanche, l’idée de plafonner ces revenus parallèles a été abandonnée.
Mais la rédaction risque de poser des problèmes. « Les déclarations publiées seront soumises à un contrôle fort de la CNIL, qui appliquera sa doctrine de ‘confidentialité’ en la matière, et demandera que les données liées aux intérêts des élus soient verrouillées par des mesures techniques », redoute le collectif Regards citoyens, qui s’inquiète également d’une censure par le Conseil constitutionnel.
Autre limite en matière de transparence: l’utilisation de l’indemnité représentative de frais de mandat (IRFM) de chaque député ne sera pas divulguée, sauf si l’élu en décide autrement.
COLLABORATEURS PARLEMENTAIRES: un petit pas en avant
Au terme d’un débat technique, les députés ont finalement trouvé un accord a minima. Dans leur déclaration d’intérêt, les députés devront mentionner le nom de leurs collaborateurs parlementaires.
Un petit pas en avant qui, tout en consacrant le rôle par près de 2400 personnes, permettra de faire la transparence sur ceux qui participent activement à l’élaboration de la loi.
Une mission sur la déontologie des collaborateurs parlementaires a été confiée à la déontologue de l’Assemblée. En revanche, les activités parallèles de ces collaborateurs ne seront pas divulguées.
CARRIÈRE PROFESSIONNELLE: rien de neuf ou presque
Dans un premier temps, l’exécutif avait envisagé de réglementer l’exercice de certaines professions pour les parlementaires (avocat d’affaire, journaliste, consultant), voire de plafonner les rémunérations.
Finalement, aucun métier ne sera a priori interdit aux élus, à part celui de conseil. Une fonction qui n’a pas de définition légale et qui ne devrait pas concerner le métier d’avocat-conseil. Les élus préciseront leur activité professionnelle dans leur déclaration d’intérêt qui elle est accessible à tous.
L’entrée en vigueur de ces mesures est programmée pour les prochaines élections. Afin d’éviter les risques de lobbying et de conflit d’intérêt, il sera néanmoins interdit aux élus de commencer une nouvelle activité professionnelle en cours de mandat. Par le biais d’un amendement dit « Sarkozy », les parlementaires ont également interdit aux membres du Conseil constitutionnel toute activité professionnelle parallèle.
CADEAUX: il va falloir tout déclarer
C’est une avancée symbolique, d’autant plus qu’elle émane de l’opposition. Les députés ont en effet adopté un amendement de l’ancien ministre UMP Laurent Wauquiez intégrant dans la déclaration d’intérêts des parlementaires « tout cadeau ou avantage reçu susceptible d’influencer le processus décisionnel ».
On ignore néanmoins jusqu’où les élus pousseront la transparence ni à quel rythme ils actualiseront leurs déclarations d’intérêt. Le texte pourrait être précisé ou remodelé lors de l’examen au Sénat. Jusqu’ici, les députés étaient tenus de déclarer les dons et avantages de plus de 150 euros auprès de la déontologue de l’Assemblée.
SANCTIONS: pas d’inéligibilité à vie
La version initiale du projet de loi sur la transparence prévoyait que le juge puisse prononcer, en complément d’autres peines de prison ou d’amende, une inéligibilité « à titre définitif » ou pour dix ans. La commission des Lois de l’Assemblée a finalement retiré du texte la mention « à titre définitif », contre l’avis du gouvernement.
« En droit français, des peines définitives ne sont pas à vie », a estimé le président PS de la Commission des lois, Jean-Jacques Urvoas. Un principe qui fait débat parmi les juristes.
http://www.huffingtonpost.fr/2013/06/25/transparence-deputes-maires-presidents-collectivites-declarer_n_3494777.html?utm_hp_ref=france#slide=2338030
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