Y’en a marre des inégalités des retraites et surtout de l’absence de réforme
Posté par ippolito le 26 juin 2013
Appel aux glandeurs 25 juin 2013
«Chômeur, c’était moi le malade. J’ai mis longtemps à comprendre les messages que la douleur de mon bras cherchait à faire passer. La maladie me révélait une sorte de kyste de servitude tapi depuis longtemps dans mon bras. Elle délivrait le message paradoxal de l’asservissement où ma profession m’avait tenu depuis tant d’années» (Jean-Louis Cianni, La Philosophie comme remède au chômage).
Je précise que la profession était celle d’un cadre sup de la com ou quelque chose d’approchant. On ne peut pas parler de la retraite sans parler du chômage.
D’abord parce que, sans chômage, les problèmes d’équilibre des régimes de retraite seraient résolus. Le chômage est le prix à payer du déficit des retraites (13 milliards en 2013, 20 milliards en 2017) pour que les plus favorisés des salariés (ceux qui ont eu un emploi à plein-temps) continuent à être favorisés. La retraite est un moment «nobiliaire»: on est payé sans travailler. C’est une très grande et très bonne chose.
En 1993, en plein mois d’août, Balladur a pris une décision inique: il a décidé de diminuer drastiquement les pensions versées aux salariés du privé. Désormais, elles seront calculées sur les vingt-cinq meilleures années et non plus sur les dix. Il a creusé l’écart entre le privé
et le public. Le rapport Moreau, remis [le 14 juin] au gouvernement, propose de calculer les pensions des fonctionnaires sur les dix dernières années. Si Balladur n’avait pas existé,
public et privé seraient logés à la même enseigne. Pour faire passer la pilule aux fonctionnaires, on propose d’ajouter les primes aux salaires pour le calcul.
C’est scandaleux. Absolument scandaleux. Ça veut dire que les bureaucrates de Bercy et d’ailleurs, d’autant plus surpayés en primes que leur salaire est élevé, vont toucher des retraites mirobolantes. Rien ou presque pour les fonctionnaires de l’Éducation nationale ou du secteur hospitalier.
Or précisément l’Éducation nationale et, surtout, la fonction hospitalière sont des régimes excédentaires qui payent pour les autres au titre de la compensation. Les agriculteurs, les artisans et commerçants sont déficitaires. Les salariés du privé non cadres sont excédentaires, les salariés du public cadres sont déficitaires.
Franchement, ce n’est pas gênant qu’on paye pour les salariés agricoles: ils ont l’espérance de vie et le taux de suicide les plus forts. Pour les diffuseurs de pesticides… Bref.
Il existe des régimes spéciaux (pompiers, policiers, agents EDF, SNCF, RATP) qui permettent de partir très tôt. Ces régimes sont hautement déficitaires. Le rapport Moreau propose des «comptes de pénibilité» pour chaque cas.
On capitaliserait un «capital pénibilité » qui serait soldé au moment de la retraite. CRS à la matraque, pénible. Commissaire de la mondaine, pas pénible. Tous ces régimes sont en cours d’alignement. Leur durée de cotisation devrait se rapprocher de celle du privé et du public hors statut, qui est désormais la même. La durée de cotisation générale elle-même devrait passer (toujours selon Moreau)
de 41 à 43 ans.
Autres pistes de rééquilibrage: augmenter les cotisations salariales et patronales, baisser les pensions des retraités (qui en ce moment gagnent en moyenne autant que les actifs) en les revalorisant moins souvent.
Amis des jeunes générations, tout ça se fera petit à petit, vous bosserez plus (si vous avez un emploi) et aurez moins de retraite. Vous resterez donc dans la servitude volontaire du travail, dont parlait Jean- Louis Cianni. «Mais mon travail est passionnant!»
Alors, tant mieux. Mais comment dire que son travail est passionnant ? Pour ça, il faut: soit ne pas travailler, soit changer de métier. Qui peut changer de métier aujourd’hui?
La vraie réforme des emplois serait la «papillonne», au sens de Fourier: permettre au flic de devenir prof, au prof de devenir commerçant, au commerçant de devenir femme au foyer, et à la femme au foyer de devenir flic. Papillonner, butiner… Ça vous sent la cigale, tout ça, pas vraiment la fourmi qui épargne pour sa retraite!
http://www.charliehebdo.fr/news/appel-aux-glandeurs-884.html
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