Ces plans sociaux qui pourraient plomber le quinquennat
Un baptême du feu. Le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a lancé, mardi 29 mai, la première étape de ses consultations en vue des réformes sociales du quinquennat.
Le leader de la CGT, Bernard Thibault, lui a remis une liste de 46 entreprises en redressement ou en liquidation, soit près de 45 000 emplois menacés, un chiffre jugé réaliste, mercredi, par le nouveau locataire de Bercy, Michel Sapin.
TEXTILE
Dans le textile, le fabricant Meryl Fiber de Saint-Laurent-Blangy (Pas-de-Calais) a été placé mercredi matin en liquidation judiciaire avec cessation d’activité par le tribunal de commerce d’Arras. Le fabricant de fibres synthétiques polyamides, utilisées dans la fabrication de tapis et de vêtements de sport, employait 343 salariés.
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AUTOMOBILE
PSA est déjà engagé dans un plan de 1 900 suppressions de postes en 2012, et des inquiétudes pèsent sur les sites d’Aulnay-sous-Bois (3 100 salariés), SevelNord (2 800 salariés) et Rennes. Ce sont aussi 2 900 postes qui doivent également être supprimés chez des prestataires.
Chez les équipementiers, des menaces planent sur les sites de Honeywell (325 salariés), MBF Technologies (430 salariés), Prevent Glass (liquidé début mai, 220 salariés), la fonderie Manzoni-Bouchot (150 salariés), Sealynx (redressement, 550 salariés).
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Goodyear Amiens est en suspens (1 300 salariés). Et à Strasbourg, General Motors veut vendre son usine (1 000 salariés).
ENERGIE ET INDUSTRIE
Les raffineries de Petroplus (550 salariés) et de LyondellBasell (370 salariés) sont en sursis. De son côté, le fournisseur d’électricité E.On France veut fermer cinq sites de production (500 emplois).
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L’avenir des hauts fourneaux de Florange (500 salariés) est préoccupant, ArcelorMittal devant statuer sur un éventuel redémarrage cet été. La ministre de la culture, Aurélie Filippetti, a assuré aux salariés d’ArcelorMittal que le nouveau gouvernement tiendrait ses engagements pour sauvegarder l’emploi, vendredi dernier.
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Quant à Rio Tinto, le groupe minier s’interroge sur le site de Saint-Jean-de-Maurienne (600 salariés).
TRANSPORTS
Chez Air France, la direction a évoqué un « sureffectif » qu’elle devrait résorber via un plan de départs volontaires, susceptible d’atteindre 5 000 postes d’ici à 2015.
Concernant le maritime, des incertitudes pèsent sur la SNCM, son principal actionnaire, Veolia, voulant se désengager.
Sur le rail-route, Novatrans (250 salariés) est également en grande difficulté.
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COMMERCE, DISTRIBUTION, TOURISME ET AGROALIMENTAIRE
Côté tourisme, la direction de TUI France (2 700 salariés, dont 1 500 chez Nouvelles Frontières) prévoit de supprimer 484 postes.
Dans la distribution, des syndicats de Carrefour (115 000 salariés) évoquent au moins 3 000 suppressions de postes. Auchan (50 000 salariés) va supprimer 1 600 postes, mais prévoit d’en créer 3 200 d’ici à 2014 via l’ouverture de magasins.
Leader Price (Casino, 2 103 salariés) veut fermer dix magasins (87 emplois). Mais le tribunal de grande instance de Créteil a annulé la procédure de licenciement (édition Abonnés), au motif qu’elle ne reposait sur aucun « motif économique ». Leader Price a indiqué qu’il va faire appel de ce jugement.
HTM Group (ex-Boulanger) a engagé un plan social prévoyant près de 400 suppressions de postes chez Cap Boulanger (1 800 salariés). Enfin, 310 suppressions de postes sont prévues à la Fnac (17 000 salariés).
De son côté, Conforama (9 170 salariés) avait annoncé devoir réorganiser son service après-vente. Mercredi, les élus du comité central d’entreprise ont assigné en référé la direction du groupe afin de demander la suspension du plan de sauvegarde de l’emploi prévoyant la suppression de 288 postes. La décision sera rendue le 20 juin.
Dans l’agroalimentaire, le sort de la centaine de salariés de l’usine Fralib reste incertain. L’usine, qui produit le thé Lipton et les infusions Eléphant, est occupée depuis le 11 mai. Unilever en a annoncé la fermeture en septembre 2010. Sous la pression des pouvoirs publics, la multinationale a accepté de participer à une table ronde, qui devrait avoir lieu « probablement d’ici le 1er juin » (édition Abonnés).
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L’entreprise bretonne Doux (3 300 salariés) est en difficulté (édition Abonnés). Le volailler a déjà fermé ou cédé plusieurs de ses filiales ces dernières années, en Espagne, en Allemagne, en Suisse et au Royaume-Uni.
TELECOMS ET INFORMATIQUE
Dans les télécoms (300 000 emplois directs et indirects en France), des suppressions d’emplois sont redoutées. L’impact de Free joue à plein : SFR (10 000 salariés) étudierait un plan social, selon les syndicats, et Bouygues Telecom (10 000 salariés) veut « réaliser un plan d’économies de 300 millions d’euros ».
Technicolor (ex-Thomson) a déposé le bilan pour son usine d’assemblage de décodeurs TV d’Angers (340 salariés). Les syndicats ont rencontré mardi la ministre déléguée des PME, de l’innovation et du numérique, Fleur Pellerin. Le tribunal de Nanterre doit se prononcer sur l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire ce jeudi 31 mai.
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Hewlett-Packard envisage de supprimer 27 000 emplois dans le monde. L’impact du projet en France (5 000 salariés) est encore inconnu.
MEDIAS ET SERVICES
Dans la presse, plusieurs entreprises sont en difficulté, comme Presstalis (ex-NMPP), principal distributeur de journaux (800 salariés dans les messageries). Côté journalistes, des centaines de suppressions de postes sont redoutées au sein du Groupe Hersant Media (édition Abonnés). Le pôle Champagne-Ardenne Picardie devrait être le plus affecté : 270 suppressions de postes y sont prévues, sur un total de 630.
Par ailleurs, quatre journaux gratuits d’annonces du Haut-Rhin et du nord de la Franche-Comté édités par une filiale du quotidien régional mulhousien L’Alsace cesseront leur parution fin juin, entraînant la suppression de 116 emplois, a-t-on appris mercredi de source syndicale.
Dans la sécurité, Neo Securité (5 000 salariés) a vu le retrait de la cessation de paiement validé, début mai, par le tribunal de commerce de Paris. Mais le groupe de gardiennage cherche toujours un repreneur.
Interrogé sur Neo Sécurité, le candidat socialiste à la présidentielle, François Hollande, avait promis qu’il ne laisserait « pas faire » un « cortège de plans sociaux » qui serait en préparation et dont l’annonce serait « différée » à l’après-présidentielle.
La tâche qui attend le gouvernement Ayrault sera ardue. Une fois l’élection passée, les salariés ou déjà anciens salariés n’ont pas oublié les promesses des candidats. Et attendent des résultats.
http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/05/31/ces-plans-sociaux-qui-pourraient-plomber-le-quinquennat_1708827_3234.html